Chroniques > Histoire de Rimouski > La Rimouski, petite histoire d’une grande compagnie d’assurance
Histoire de Rimouski

La Rimouski, petite histoire d’une grande compagnie d’assurance

Peu de gens le savent, mais à la fin du 19e siècle, la ville de Rimouski abritait le siège social de la plus importante compagnie d'assurance incendie au Québec !
Le magnifique siège social de la compagnie d’assurance incendie La Rimouski qui était situé dans l’avenue de la Cathédrale. Photo collection du Musée régional de Rimouski

Nous sommes en 1876. Un groupe de personnes influentes de Rimouski fonde une entreprise qui a pour nom la Compagnie d’assurance mutuelle contre le feu des comtés de Rimouski, Témiscouata et Kamouraska mais que tout le monde appellera simplement LA RIMOUSKI. Parmi les fondateurs on retrouve deux marchands bien établis de la ville, Jean-Théophile Couillard et son fils Alphonse, les avocats Joseph-Norbert Pouliot et Ferdinand-Fortunat Rouleau, Georges Sylvain, premier maire du Bic et député de Rimouski, ainsi que Joseph Garon, notaire.

Au début, la charte provinciale qui lui a été délivrée permet à la compagnie de vendre des assurances uniquement dans les comtés de Rimouski, Témiscouata et Kamouraska. En 1890, son actif est de 30 000 $ et la valeur des primes d’assurance en vigueur est d’environ un million de dollars. Les affaires sont plutôt bonnes durant la décennie 1890 de sorte qu’en 1900, les dirigeants de La Rimouski font construire dans la rue des Avocats, la future avenue de la Cathédrale, un magnifique immeuble de granit et de brique, que l’on dit de style éclectique. Le bâtiment imposant se distingue par ses deux grands lanterneaux dominant la façade et surtout par son arc haut de deux étages au-dessus de l’entrée. L’édifice sera pour plusieurs décennies un véritable point de mire au centre-ville.

Publicité de La Rimouski parue dans le Progrès du Golfe de Rimouski en juin 1911

En 1907, La Rimouski obtient une charte fédérale et commence à vendre de l’assurance dans le reste du Canada et même aux États-Unis. La Rimouski devient alors la plus importante compagnie d’assurance incendie au Québec. Au fil des années, les actionnaires changent. Ainsi, en 1911, la moitié du capital action est détenu par des ontariens. Deux hommes d’affaires de Toronto, Clarence Wilgar et John Kerr Brodie accèdent au Conseil d’administration de la compagnie rimouskoise. Trois ans plus tard, en 1914, c’est une faillite retentissante. Des hommes d’affaires bien en vue de Rimouski perdent dans l’aventure de 5 000 $ à 10 000 $ chacun. Pour donner une idée plus juste de l’importance des sommes en cause à l’époque, soulignons que 10 000 $ en 1914 représente 219 500 $ aujourd’hui ! Parmi ces actionnaires malheureux on retrouve le juge Auguste Tessier, son fils, l’avocat Auguste-Maurice Tessier, un autre avocat, Napoléon Bernier, l’imprimeur et copropriétaire du Progrès du Golfe, Séraphin Vachon et deux marchands très connus de Rimouski, Herménégilde Lepage de la maison H.G. Lepage et Joseph-Adam Talbot, conseiller municipal et propriétaire de la société Talbot Limitée dont le magasin général, ironie du sort, est voisin du siège social de La Rimouski. Autre conséquence de la faillite, le bel édifice va être vendu. Par la suite, il abritera notamment la Banque Canadienne Nationale, l’étude légale Casgrain et Casgrain ainsi que trois logements dont celui du gérant de la succursale bancaire, Jean-Charles Lebel. 

L’ancien immeuble de La Rimouski est la proie des flammes le 12 décembre 1963. Photo UQAR-Archives régionales

Puis c’est la catastrophe. Par une froide matinée, le jeudi 12 décembre 1963, les flammes détruisent en quelques heures cet immeuble remarquable de trois étages. Le feu éclate peu après l’ouverture des bureaux vers 9 h 15. Rapidement, une épaisse fumée envahit tous les niveaux. Une quarantaine d’employés évacuent les lieux, mais l’un d’entre eux s’assure de refermer la lourde porte de la voûte. Le feu sera attribué plus tard à une défectuosité de la fournaise. Les pertes sont évaluées à plus de 100 000 $.

Le lendemain du sinistre. Photo Rita Chevron, collection du Musée régional de Rimouski

Après l’incendie, la Banque canadienne Nationale va construire sur le site un bâtiment dénué de style, carré et gris, que l’on peut toujours apercevoir au 184, avenue de la Cathédrale. Il appartient maintenant à la Ville de Rimouski. On y trouve le service urbanisme, permis et inspection ainsi que la galerie d’art Léonard-Parent. Pendant la durée des travaux de construction du nouvel immeuble, le personnel de la Banque canadienne Nationale déménage de l’autre côté de la rue St-Jean (aujourd’hui rue Jules-A.-Brillant) dans les anciens locaux du magasin de la Compagnie de pouvoir du Bas-Saint-Laurent. Mais le 12 décembre 1963 restera un jour sombre pour le patrimoine bâti de la ville de Rimouski.

Facebook Twitter Reddit