Choisir entre sports et culture
Les projets du secteur sportif trouvent-ils plus d’écoute que les projets culturels auprès des élus, à la Ville de Rimouski ?
C’est la question que se pose notamment le professeur d’architecture et passionné d’histoire, Michel Saint-Pierre, aussi bien connu pour son implication au sein de la Société rimouskoise du patrimoine.
Et la question se pose depuis longtemps. Dans ses mémoires, l’ancien maire Michel Tremblay se souvient d’un chapitre sur la première rencontre de discussions pour créer une équipe de hockey junior majeure entre la Ville et le groupe Tanguay. Il rappelle avoir été interpellé par une conseillère qui l’avait bien prévenu : alors qu’on travaillait sur le projet de la Salle de spectacle qui verra le jour 10 ans plus tard, « Pas question que le hockey prenne la place de la culture », avait-elle dit substantiellement. Rappelons que deux projets sportifs majeurs occupent l’avant-scène depuis cinq ans, le complexe glaces-piscines et le projet de stade intérieur.
Un patrimoine en décrépitude
Force est de constater que depuis cinq ans, alors que la cathédrale de Rimouski était fermée en raison de son état de délabrement, le sort des édifices à valeur patrimoniale ne s’est pas amélioré. Rien n’a été fait pour celle-ci, mais aussi pour le vieux manège militaire et l’ancienne école des Frères du Sacré-Cœur ( Ateliers Saint-Louis ), entre autres.
« Nous ne sommes pas dans une bonne passe, c’est sûr. Au moins, c’est encourageant de voir dans l’actualité un jeune homme s’intéresser au patrimoine bâti (NDLR : un sujet sur lequel nous reviendrons ). C’est encourageant, car c’est la relève. Si les jeunes s’impliquent, c’est bien parce que les plus vieux comme moi se découragent parfois un peu vite de tenter de faire quelque chose. Les Ateliers Saint-Louis n’ont pas été chauffés depuis une dizaine d’années mais il n’est pas trop tard », indique monsieur Saint-Pierre.
Collaborer
« Pour la Maison Gauvreau, entre 1984 et 1998, il ne s’est rien passé, mais cela a fini par se régler avec le concours d’une entreprise privée qui y a vu une occasion répondant à ses besoins. Donc, si on regarde les choses dans un autre contexte et avec un nouveau point de vue, tout est possible. Je ne sais pas si on devrait mettre plus de pression sur nos élus, mais je trouve que parfois, il vaut mieux travailler discrètement en collaboration pour avancer que de faire de grandes déclarations publiques ou actions d’éclat », renchérit l’ancien professeur du Cégep de Rimouski.
« Si on n’a rien à proposer, ça ne sert à rien d’aller voir la Ville. Dans le cas de la cathédrale, il y a un conflit qui occupe l’actualité, et ça vient saboter toute tentative de faire quelque chose. Il faut rappeler cependant à la Ville ses obligations, par exemple sur sa politique culturelle. Nous sommes probablement à un point tournant. On en est à un moment charnière où on dépense des sommes faramineuses pour des projets sportifs. On demande aux gens de choisir entre la cathédrale et les Ateliers Saint-Louis, mais est-ce qu’on leur a demandé de choisir entre le complexe glaces-piscines et le stade intérieur de soccer ? Il y a peut-être deux poids, deux mesures pour la culture alors que Rimouski se veut une capitale culturelle et une ville basée sur l’éducation et l’économie du savoir », conclut-il.
Le journal le soir prépare une série d’articles à ce sujet qui seront publiés dans les prochains jours.