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Chasse et pêche

La protection des «spikes» fait ses preuves en Estrie et aussi en Beauce

Clermont Larochelle, de Coatiicook, pose avec un magnifique cerf mâle mature de 10 pointes, pesant 203 livres, après éviscération, et prélevé dans la Zone 6 Sud. Ce cerf est considéré comme des « fruits » du programme de restriction de la taille des bois (RTLB), qui en est à sa troisième année d’application sur une base expérimental de cinq ans. (Photo Clermont Larochelle)

La Restriction de la Taille Légale des Bois (RTLB) des cerfs des Zones 6 Nord et 6 Sud en vigueur depuis 2017 sur une base expérimentale de cinq ans, continue de donner des résultats encourageants en Estrie depuis trois ans, une mesure qui est toute aussi prometteuse en Beauce. 

Ce projet pilote vise à évaluer les répercussions biologiques et socio économiques d’une RLTB du cerf de Virginie en protégeant les jeunes mâles d’un an et demi, les daguets ou « spikes », afin de leur donner la chance de croître et devenir des géniteurs plus robustes et des gibiers plus intéressants pour les chasseurs.

Les jeunes mâles d’un an et demi représentaient auparavant une large part de la récolte des chasseurs. Avec ces restrictions, ces derniers constatent une augmentation du ratio mâles/femelles dans la population de cerfs des Zones 6 Nord et 6 Sud.

La RLTB en vigueur en Estrie depuis l’automne 2017 limite la chasse aux cerfs mâles adultes possédant au moins trois pointes de 2,5 cm ou plus d’un côté du panache et s’applique à toutes les périodes de chasse des zones Nord et Sud, et tous les engins (arbalète, arc, arme à feu ou arme à chargement par la bouche).  La récolte de biches et de faons est permise aux détenteurs de permis de cerfs sans bois attribués par tirage au sort. 

Lac Portage va plus loin

La Pourvoirie du Lac Portage, dans la région de Chaudière-Appalaches, en Beauce, va plus loin. Sur ce territoire privé de 22 km carrés, seuls les mâles de 3 ans 1⁄2 et plus peuvent être prélevés, et selon les années, certaines femelles afin de maintenir l’équilibre du cheptel.


Marlène Couture, de Saint-Marc-sur-Richelieu, pose fièrement avec son cerf trophée de 17 pointes, une preuve concrète que la protection des jeunes mâles donne des résultats surprenants.  (Photo Lac Portage)

Tout récemment, un chevreuil trophée de 17 pointes, 205 livres éviscéré, a été récolté au Lac Portage. « Après plusieurs années à suivre ce chevreuil par caméra sur nos grands territoires naturels dont nous avons la gestion à la Pourvoirie du Lac Portage, c’est maintenant mission accomplie, un trophée », précise fièrement la directrice générale, Émilie St-Roch.

Selon cette dernière, l’aménagement de son territoire et la gestion rigoureuse de la faune par une pratique restrictive de la chasse portent fruits. À la pourvoirie, l’interdiction de chasser des jeunes mâles est appliquée depuis neuf ans.

Résultats surprenants

La gestion de la restriction de la taille légale des bois du cerf – ou QDM, (Quality Deer Management)- donne donc des résultats surprenants sur cette pourvoirie qui connaît des succès incroyables. Deux jours avant le prélèvement de ce « buck » trophée de 17 pointes, tous les chasseurs du territoire avaient récolté leur mâle mature après seulement une journée et demie de chasse. « C’est presque irréaliste, mais pourtant vrai. Une bonne gestion de la chasse, ça vaut le coup », renchérit Mme St-Roch.  Ce territoire, qui a une densité de huit cerfs au kilomètre carré, est protégé par Conservation de la Nature Canada et est géré par une firme de biologistes qui réalise des aménagements forestiers propices aux cervidés, Gestizone.

Cette mesure de prélèvement avec protection des jeunes mâles peut s’appliquer là où la densité de cerfs est importante. Ce n’est cependant pas le cas au Bas-Saint-Laurent, dans la Zone 2, où les hivers rigoureux, l’abandon du Plan de nourrissage d’urgence qui a pourtant sauvé le cheptel dans les années 1990 jusqu’en 2008, et la forte densité des populations d’orignaux qui occupent les ravages de cerfs, ne sont pas des conditions favorables à la protection des jeunes mâles.

Un lecteur trouve très dommage que le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec n’aide plus ni l’espèce, ni les chasseurs.  « Comment le ministère peut-il laisser aller une si belle espèce que celle du chevreuil sans même essayer de faire quelque chose pour l’aide? ».

Un autre est d’avis que même si la densité de cerfs est beaucoup, beaucoup moindre dans la Zone 2 que dans la Zone 6, rien n’empêche ledit ministère de l’essayer au point, dit-il où nous sommes rendus, soit au fond du baril, au Bas-Saint-Laurent.

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