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Maurice Tessier, maire de Rimouski de 1961 à 1970

Avocat, homme d'affaires, maire de Rimouski, député, ministre et juge, Maurice Tessier a été l'une des figures dominantes de Rimouski au milieu du 20e siècle.
Maurice Tessier photographié lors de l’nauguration du central de Québec-Téléphone à Rimouski le 31 octobre 1966. Photo Rita Chevron, collection du Musée régional de Rimouski.

Fils de l’Honorable juge Auguste-Maurice Tessier et d’Yvonne Lacoste, Maurice Tessier est né à Rimouski le 18 décembre 1913. Après des études au Collège Brébeuf à Montréal et à l’Université Laval, Maurice Tessier est admis au Barreau le 14 janvier 1939. Il exerce d’abord sa profession d’avocat à Rimouski avec Perreault Casgrain et Amédée Caron jusqu’en 1953, avant de pratiquer seul. Chez les Tessier, on a le droit dans le sang. Le père de Maurice, son grand-père et son arrière-grand-père ont tous été avocats et juges !

En plus de sa pratique du droit, Maurice Tessier s’intéresse rapidement au domaine des affaires. En 1946, il est l’un des cofondateurs de Rimouski Airlines qui, en 1953, adoptera le nom de Québecair. En 1954, Tessier investit dans une nouvelle usine de fabrication de panneaux de bois agglomérés appelée O.K. Chipcore Corporation qui ouvre ses portes dans l’avenue Léonidas. La même année, il devient président de la Chambre de commerce de Rimouski. Il a également été directeur de la compagnie de Poissons de Gaspé Limitée.

Parallèlement, Maurice Tessier se lance dans l’arène politique, mais ses premières expériences ne sont pas des plus heureuses. Candidat pour le Parti libéral dans Rimouski lors des élections provinciales de 1944, il subit la défaite face au représentant de l’Union nationale, Alfred Dubé. En 1950, Maurice Tessier se représente, cette fois au fédéral, lors d’une élection partielle dans le comté de Rimouski. Le scrutin prévu pour le 16 octobre 1950 a pour but de trouver un successeur au député libéral Gleason Belzile, mort subitement en cours de mandat à l’âge de 51 ans. Maurice Tessier va se retrouver bien malgré lui au centre d’une histoire rocambolesques.  

Le commandant Pierre-E. Arpin souhaite la bienvenue à Jules-A. Brillant avant qu’il monte à bord d’un DC-3 de Québecair en janvier 1958 à l’aéroport de Rimouski, sous les regards de l’avocat Rimouskois, Maurice Tessier, du premier officier Claude Laurin et de l’hôtesse Colette Richard. Messieurs Brillant et Tessier se rendaient à Ottawa. Photo Québecair, Archives Hydro-Québec 1503-02-87

Choisi comme candidat libéral, avec la bénédiction de Jules-A. Brillant, l’organisateur en chef pour l’Est du Québec du Parti libéral, Maurice Tessier lance sa campagne avec un bon espoir de l’emporter. Or l’avocat rimouskois est le fondateur et le président du Club Rotary de Rimouski, une organisation laïque fondée à Chicago en 1905. Au départ, les membres sont surtout des protestants et des juifs. Dans les années 1920, l’Église catholique interdit aux prêtres de s’impliquer dans le Rotary. À Rimouski, le très conservateur Mgr Georges Courchesne juge inconcevable que le comté soit représenté par le président de cette association. Mgr Courchesne suscite la candidature du notaire Hervé Rousseau de Trois-Pistoles, catholique pratiquant et excellent tribun, qui se présente comme libéral indépendant. La propagande de Mgr Courchesne est très efficace. L’évêque émet des directives pour que les prêtres et membres de communautés religieuses du diocèse votent en faveur du « bon » candidat. Le 16 octobre, le notaire Rousseau est élu par une courte majorité de 545 voix… Le soir même, Mgr Courchesne écrit dans le registre de l’archevêché : « Victoire sur le Rotary ».

Maurice Tessier inaugure le Colisée de Rimouski le 27 août 1966. Photo Rita Chevron, collection du Musée régional de Rimouski.

Mais la vie politique est loin d’être terminée pour Maurice Tessier. En 1961, il est élu maire de Rimouski, poste qu’il occupera jusqu’en 1969. Il est aussi élu président de l’Union des municipalités du Québec en 1967 et 1968. Au nombre des projets réalisés à titre de maire de Rimouski notons la création du Comité de toponymie de la ville, le parc Lepage, l’achat du Centre des loisirs St-Germain qui devient le Centre civique, la construction du Colisée de la 2e Rue en 1965-66, et la fondation de l’Office municipal d’habitation. Sous son administration on voit également le parachèvement du boulevard René-Lepage et la fusion avec Rimouski de la partie urbaine de Sainte-Odile (1962) et des localités de Sacré-Cœur et de Nazareth (1967). Notons que Maurice Tessier avait aussi conclu un accord pour fusionner Pointe-au-Père mais le projet ne s’est pas réalisé en raison du refus de Rimouski-Est. Une ombre dans ce bilan, le Conseil municipal présidé par Maurice Tessier autorise la construction d’un stationnement en face de la cathédrale en lieu et place du parc qui était projeté.

Le premier ministre Jean Lesage est venu à Rimouski en 1966 pour supporter son candidat Maurice Tessier. Photo Rita Chevron, collection du Musée régional de Rimouski.

Comme la loi le permet à l’époque, même s’il est maire de Rimouski, Maurice Tessier est élu en juin 1966 député de Rimouski à l’Assemblée nationale du Québec. Il est réélu en 1970 et nommé immédiatement par Robert Bourassa, ministre des Affaires municipales, poste qu’il occupera jusqu’au 21 février 1973. Du 12 mai au 1er octobre 1970 il cumule aussi le poste de ministre des Travaux publics. Il assume de plus la responsabilité de l’Office de Planification et de Développement de l’Est du Québec en 1971 et 1972. Il ne se représente pas aux élections de 1973 car cette année-là, il est nommé juge de la Cour provinciale à Québec.

Maurice Tessier est décédé à Québec à l’âge de 91 ans le 9 février 2005. Il a été inhumé au cimetière Notre-Dame-de-Belmont. Le fils de Maurice Tessier, Michel est lui aussi devenu avocat à Rimouski poursuivant ainsi la tradition familiale pour une cinquième génération. Il a pratiqué jusqu’à son décès tragique survenu à Montréal en 1988.

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