L’histoire des postes à Rimouski
Au début du 20e siècle, Rimouski devient une véritable plaque tournante pour la poste internationale au Canada. Voici comment le service postal a évolué dans notre ville.Au 17e siècle, ce sont les coureurs des bois et les missionnaires qui se chargent de livrer le rare courrier aux quelques dizaines d’habitants de la paroisse Saint-Germain de Rimouski. Plus tard, au 19e siècle, les postillons transportent lettres et journaux de village en village, en utilisant le chemin qui longe la rive à l’est de Lévis. En 1793, un fonctionnaire de l’État, portant le titre de grand voyer, confirme que l’on peut voyager, « sans trop de difficultés entre Kamouraska et Trois-Pistoles. » En 1815, la route entre Trois-Pistoles et Bic n’est utilisable que pour les voitures d’hiver, lorsque la neige recouvre les souches. Il faut attendre 1830 pour que la voie soit praticable l’été entre Trois-Pistoles et Rimouski.
Selon les archives nationales du Canada, le premier maître de poste à Rimouski a été nommé en 1832. Il s’agit de Pierre Gauvreau qui a démissionné de son poste en 1858. Il a été remplacé par Majorique Côté jusqu’en 1861, puis par le marchand Jean-Théophile Couillard qui assume la fonction jusqu’en 1870. Le bureau de poste est installé dans son magasin général situé rue St-Germain, là où se trouve aujourd’hui la pharmacie Jean Coutu. Au Bic, c’est le gérant de la compagnie Price, Georges Sylvain, qui est maître de poste de 1850 à 1862. Le bureau de poste du Bic est alors situé dans la maison qui sert également de magasin à la compagnie Price.
Dans son rapport pour l’année 1858. Le Maître général des postes du Canada, Sidney Smith, nous donne des informations fragmentaires sur le système postal dans la région. On y apprend que le salaire annuel du maître de poste de Rimouski est de 34 livres et 6 shillings (environ 140 $), et qu’il s’est vu allouer une livre pour les dépenses de papeterie durant l’année financière qui se termine le 30 septembre 1858. On sait également que Rimouski est l’un des 171 bureaux d’où l’on peut expédier des sommes d’argent par la poste. En 1858, le service du courrier se fait six jours par semaine entre Mitis et Rivière-du-Loup.
Un autre marchand général de Rimouski, Samuel Côté, est maître de poste de 1879 à 1897 et cette même année, c’est le marchand Herménégilde Lepage qui hérite de la charge. Le bureau de poste déménage une nouvelle fois dans l’immeuble H.G. Lepage situé à l’intersection Cathédrale-St-Germain.
Un « vrai » bureau de poste
Depuis 1884, les Rimouskois réclament la construction d’un véritable bureau de poste. La requête est finalement acceptée en 1894, mais non sans problèmes. La question divise la Chambre des communes. Plusieurs députés s’interrogent sur la nécessité de construire un tel immeuble dans une ville de 1 500 habitants. Le superbe immeuble situé rue des Avocats (aujourd’hui l’avenue de la Cathédrale), est terminé en 1895 et il abrite alors la poste et les douanes. Les plans de ce magnifique immeuble sont signés Thomas Fuller, alors architecte en chef du gouvernement canadien. On peut voir les initiales de la Reine Victoria en relief sur la façade. L’immeuble est maintenant bien intégré à l’hôtel de ville. C’est le frère du marchand Herménégilde Lepage, Josué, qui occupe la fonction de maître de poste de 1905 à 1930.
Un record !
Dans l’intervalle, Rimouski devient un important point de transit pour le courrier circulant entre l’Amérique du Nord et l’Europe. L’arrivée du chemin de fer Intercolonial à Rimouski en 1872 et la présence du poste de pilotage à Pointe-au-Père, permettent d’acheminer plus rapidement les sacs de courrier venant de Toronto et Montréal vers l’Europe. Entre 1896 et 1907, un navire postal, le Rhoda, fait la navette entre le quai de Rimouski-Est et les paquebots qui s’approchent de la rive pour faire monter les pilotes à bord. En 1907, le Rhoda est remplacé par le Lady Evelyn. En 1910, grâce aux efforts combinés des membres d’équipage de l’Empress of Ireland, du Lady Evelyn et des postiers rimouskois, un record de vitesse est battu pour la livraison du courrier en provenance de l’Angleterre. Tôt le matin du 7 juillet 1910, l’Empress of Ireland laisse le courrier à Rimouski qui prend aussitôt le train pour Montréal. Le convoi entre en gare à 21 h 15 le soir même. Il aura donc fallu un peu plus de six jours pour livrer une lettre entre Liverpool et Montréal. Le service est même jugé plus efficace que celui entre Liverpool et New York !
Bientôt, c’est par la voie des airs que l’expérience se poursuit. Un service aéropostal régulier est inauguré le 5 mai 1928 entre Rimouski et Montréal. Ce jour-là, peu après 15 h 00, un avion piloté par Roméo Vachon et transportant 26 sacs de courrier se pose près du quai de Rimouski-Est. Un peu plus tard, un autre avion parti d’Ottawa et piloté par J. Coldwell se pose à Rimouski avec 35 sacs postaux. L’année suivante, le ministre des Postes se dit enchanté du service, précisant que la liaison aérienne Rimouski-Montréal, faisait gagner de 24 à 96 heures en rapidité, ce qui place écrit-Il : « le service postal canadien par paquebot transatlantique au même rang que les services via New York ».
Voici le facteur !
Le 15 novembre 1948, le ministère des Postes inaugure le service de distribution du courrier à domicile par facteurs à Rimouski. Les sept premiers facteurs, Joseph Leblond, Adrien Vaillancourt, Émilien Hudon, Gérard Marois, René Berger, Gérard Raymond et Jacques Lepage, commencent leur tournée à 10 h 00 ce matin-là. La toute première lettre est livrée au maire de Rimouski Elzéar Côté. Elle lui était adressée par le ministre des Postes, Ernest Bertrand.
Finalement, un bureau de poste moderne est inauguré le 9 août 1952 par le maire de Rimouski, Victor Lepage et l’archevêque, Mgr Charles-Eugène Parent. Ce vaste établissement, situé en face du bureau de poste ouvert en 1895, sera fermé par Postes Canada le 3 août 1998, ouvrant ainsi l’ère des comptoirs postaux dans les commerces et pharmacies. Un retour au 19e siècle en quelque sorte…