Chroniques > L’hôtel St-Louis, une histoire de famille
Chroniques

L’hôtel St-Louis, une histoire de famille

Pendant des décennies, pour un grand nombre de familles rimouskoises, un repas à l'hôtel St-Louis était un incontournable à l'occasion des fêtes de fin d'année.
L’hôtel St-Louis au début de la décennie 1970. Photo Rita Chevron, Collection du Musée régional de Rimouski, don de Richard Saindon

Grâce à son excellente table cet établissement était parvenu à faire littérallement partie de la tradition. Voilà une réussite digne de mention pour un commerce.  

Les débuts

L’histoire de l’hôtel St-Louis commence il y a un peu plus d’un siècle. Nous sommes en 1918, la Première Guerre mondiale n’est pas encore terminée et une femme hors du commun, Lumina Lebel, ouvre une pension dans sa maison de la rue St-Edmond. Son époux, Ernest Martin, cocher de son état, se charge d’amener les clients. Mais c’est d’abord et avant tout grâce à ses talents exceptionnels de cuisinière que Lumina Lebel s’attire une clientèle fidèle et de plus en plus nombreuse.

L’hôtel St-Louis avant 1946. Photo: Groupe Facebook Souvenirs de Rimouski photos et autres, collection Jacques Therriault.

Suivant les conseils de l’homme d’affaires Jules-A. Brillant, madame Lebel construit un établissement beaucoup plus grand près de sa maison et le 25 avril 1938, elle fonde avec son fils Roland Martin et un partenaire du nom d’Hervé Dumont, la compagnie Hôtel St-Louis Limitée. Les affaires vont pour le mieux lorsque qu’une catastrophe survient le 16 janvier 1946. Vers la fin de l’avant-midi, la fournaise explose sous la pression du gaz accumulé, et un incendie se déclare. La brigade des pompiers de Rimouski, sous la direction du chef Antonio Rousseau, accourt sur les lieux. Cependant, le vaste édifice entièrement construit en bois, offre bien peu de résistance à l’élément destructeur et le travail des pompiers est compliqué par un froid mordant. Heureusement, tout le monde peut évacuer les lieux et on ne déplore aucune perte de vie. Le journal hebdomadaire, Le Progrès du Golfe rapporte que l’une des pensionnaires n’a pu sauver son portefeuille contenant une somme de 500 $. (On parlerait aujourd’hui d’un montant de 7 000 $). On évalue les pertes à 75 000 $. Mais ce montant n’est que partiellement couvert par les assurances. Le montant de la couverture avait été réduit l’année précédente à la suite de l’installation d’un système de gicleurs qui s’est avéré totalement inefficace…

Roland Martin propriétaire pendant plusieurs décennies de l’Hôtel St-Louis. Photo Rita Chevron 1966. Collection du Musée régional de Rimouski, don de Richard Saindon

Malgré tout, dès l’année suivante le fils de madame Lebel, Roland Martin, érige sur le même site un bâtiment de quatre étages comptant 100 chambres. Cette fois, l’immeuble est construit en béton et en brique, et la publicité de l’hôtel St-Louis prend bien soin de mentionner qu’il est « à l’épreuve du feu ». Toujours réputé pour sa table, l’hôtel est alors recommandé par les meilleurs guides touristiques.

Le menu du 1er janvier 1978. Collection Richard Saindon

L’hôtel fonctionne rondement pendant quatre décennies et en 1986, Roland Martin cède l’établissement à son fils Réjean qui l’exploite quelques mois seulement. L’hôtel St-Louis de Rimouski ferme définitivement ses portes le 29 octobre 1987. Du coup, le Bas-Saint-Laurent perd l’un des fleurons de son hôtellerie.

Peu de temps après sa fermeture, l’hommes d’affaires rimouskois, Victor Vignola achète le bâtiment et commence des travaux en vue d’en faire une résidence de 85 places pour personnes âgées. Il nomme le nouveau complexe Domaine La Marguerite en hommage à sa mère, Marguerite Bérubé. Quelques mois plus tard, monsieur Vignola cède toutes ses actions à son associé, Réginald Proulx. Finalement, en janvier 2018, les frères Pascal et François Jean, achètent l’édifice qui change de vocation et devient une hostellerie étudiante.

Facebook Twitter Reddit