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Ôtez-vous de mon soleil !

Une chronique philosophique
Photo par Bruno van der Kraan sur Unsplash

Généralement peu appréciée et la plupart du temps méconnue, la philosophie demeure un outil merveilleux pour toute personne qui cherche à penser par elle-même. Et elle est beaucoup plus accessible qu’elle n’y paraît. Cette chronique se donnera pour mandat de rendre la philosophie plus digeste. 

À travers le temps, les philosophes ont oeuvré à remettre en question différentes réalités. Ils ont bousculé l’ordre établi, ils ont aidé à construire un monde plus conséquent. Au fond, ils ont su poser des questions, soulever des incohérences et des paradoxes. 

Souvent, nous mettons trop d’emphase sur les propositions des philosophes, sur les théories ou les systèmes qu’ils ont mis de l’avant. Bien que toutes ces choses représentent un legs important pour l’histoire de la pensée, pour la moyenne des ours, ce n’est que babillage et pelletage de nuages. C’est la partie de la discipline qui ne plaît qu’aux initiés et encore…

“Une philosophie accessible et utile qui permet le développement d’une pensée libre et autonome.”

Pourtant, dès ses débuts, la philosophie a été portée par un certain personnage qui n’a rien écrit et qui n’a pas laissé de systèmes à proprement parler : Socrate (-470 – -399). Né d’un père tailleur de pierre et d’une mère sage-femme, il est issu d’une famille relativement pauvre et éloignée des cercles aristocratiques. Il a passé une partie importante de sa vie à déambuler dans Athènes pour examiner ses semblables. Or,  quoiqu’il soit très loin de l’image que nous pouvons avoir d’un philosophe, soit le nez dans ses livres et pris dans ses pensées, beaucoup le considèrent comme l’un des plus grands philosophes de tous les temps.

Pourquoi ? Parce qu’il incarnait la philosophie non pas comme une discipline pour les initiés, mais comme un mode de vie. Il s’était lancé dans une quête de vérité et de sagesse marquée par l’examen des autres et de lui-même, par le questionnement et la remise en question, par une recherche de cohérence, d’exactitude, de distinctions, de précisions dans la pensée. Il voulait développer chez les Athéniens une pensée autonome et libre. Il voulait “accoucher” des esprits, à l’image de sa mère qui “accouchait” des enfants.

C’est notamment de cette approche que s’inspirera cette chronique. Une philosophie accessible et utile qui permet le développement d’une pensée libre et autonome. Il ne faudra pas venir y puiser des réponses, mais plutôt des questions. Il ne faut pas y chercher des solutions, mais des problèmes. Bref, il ne faut pas la lire cette chronique pour y trouver du confort, mais pour y être bousculé, voire troublé.

L’origine du nom de la chronique

Une autre inspiration pour cette chronique est un autre personnage célèbre de l’Antiquité grecque, Diogène le cynique. Le cynisme est un mot que nous associons souvent à l’attitude des gens envers la politique de nos jours. Une forme de rire jaune, de sarcasme, parfois d’opportunisme malsain, de dégoût, voire de désintérêt envers les politiciens et le système politique.

Toutefois, dans l’Antiquité, ce terme possédait un sens plus noble et plus près de l’activité philosophique. Il s’agissait d’une forme d’anticonformisme, de sentiment de liberté, d’une recherche de bonheur dans la vérité, bousculant les moeurs et les règles établies pour guérir les humains de la superficialité ou de l’attrait des apparences.

Le titre de cette chronique est tiré d’une phrase que Diogène aurait dite à Alexandre le Grand, empereur de l’époque, lorsque ce dernier serait venu le visiter, bien au fait de sa réputation de grand penseur. 

«Alexandre le Grand — Demande-moi ce que tu veux, je te le donnerai.

Diogène — Ôte-toi de mon soleil. […]

A le G — N’as-tu pas peur de moi ?

D — Qu’es-tu donc ?… Un bien ou un mal ?

A le G — Un bien.

D — Qui donc pourrait craindre le bien ? »

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Diog%C3%A8ne_de_Sinope

Un libre penseur, un penseur autonome, vivant dans une société démocratique, ne devrait pas craindre de remettre en question l’ordre établi, les normes, certaines évidences, si son intention est louable. Cette chronique s’inspirera de cette vision du cynisme en recourant parfois à ce qui pourrait s’apparenter à une attitude polémique, mais toujours dans l’esprit de soulever des questions importantes et toujours dans le respect d’autrui.

Qui suis-je ?

J’enseigne la philosophie depuis un peu plus de 10 ans au Cégep de Rimouski. D’abord originaire du Lac-Saint-Jean, je vis à Rimouski depuis 2009. J’ai étudié la philosophie à l’Université Laval et j’ai complété une maîtrise dont le sujet était l’éducation à la citoyenneté dans le Programme de formation de l’école québécoise.

J’ai été très engagé dans le mouvement étudiant pendant toutes mes études postsecondaires et je demeure très sensible à différents enjeux, notamment les changements climatiques, l’iniquité de la répartition de la richesse, la “crise” de l’éducation, la réforme du système électoral, etc. 

Aussi, dans le cadre de mon travail, j’ai été intrigué par l’idée d’autodéfense intellectuelle mise de l’avant par Noam Chomsky (MIT) et, au Québec, par Normand Baillargeon. J’ai beaucoup cherché et lu sur cette question, ce qui m’a amené notamment à en apprendre sur les mécanismes du cerveau et plus généralement sur les neurosciences.

Je vous avertis : tout cela risque de transparaître dans les prochaines chroniques. Cela dit, ce sera toujours fait dans l’objectif de soulever des problèmes, des questions et de rendre accessibles à tous les bienfaits de la réflexion philosophique.

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