Bal des finissants : rituel nécessaire ou surévalué ?
Mercredi passé lors de la conférence de presse traditionnelle de 13h, la vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault, en remplacement du premier ministre Legault a réservé ses remerciements du jour à tous les adolescents du secondaire. Plusieurs finissants sont déçus de ne pas revoir leurs amis et leurs professeurs avant la fin de l’année ni d’avoir droit à leur bal pour se dire au revoir.
Le gouvernement du Québec a toutefois entendu leur message, a assuré Geneviève Guilbault. « Je veux remercier les finissants pour leur compréhension et leur discipline pendant cette crise. Je veux aussi leur dire qu’avec le ministère de l’Éducation, on travaille présentement à trouver une façon de souligner votre graduation et votre diplomation malgré le contexte actuel », a-t-elle conclu.
Quelle importance a le bal dans la vie des finissants ?
Le journal le soir a décidé d’aller un peu plus loin afin de mieux comprendre la signification du bal des finissants pour les jeunes en demandant l’avis d’un pédagogue de longue date, Réjean Pigeon. Celui-ci a été enseignant à partir de 1971 et directeur aux écoles Écho-des Montagnes de St-Fabien et Lavoie de Saint-Eugène entre 1997 et 2005. Monsieur Pigeon s’est donc prêté au jeu avec plaisir, voici ce qu’il avait à nous dire :
Rite de passage
« Je crois personnellement que l’événement est d’une importance capitale pour les jeunes de cet âge puisqu’il représente un véritable rite de passage, celui de l’entrée dans le monde des adultes. On passe d’un modèle marqué par la prise en charge de son éducation par l’école et les parents à celui où on se retrouve à effectuer des choix personnels qui influenceront le cours de notre vie (choix de carrière, de mode de vie, remises en question de toutes sortes, environnement social…).
Un point culminant
Le bal de fin de Secondaire V représente le point culminant d’un processus de socialisation de l’élève amorcé à l’âge de huit ans, environ, et qui s’accentue à partir de l’âge de 15 ans (troisième secondaire). Il s’avère donc primordial que les membres d’une même communauté d’élèves se réunissent pour célébrer.
Certains abus à surveiller
Au-delà des abus que l’activité elle-même peut générer (abus d’alcool, de drogue, inconduite sexuelle, conflits …), certains dangers se profilent :
- La récupération faite par les différents commerces qui y voient une manne inespérée. Certains parents n’hésitent pas à dépenser 1000 $ et plus encore pour cette seule soirée. Comme si on souhaitait la bienvenue à la jeunesse dans le monde du capitalisme éhonté et de la démesure.
- Un risque évident d’accentuer les inégalités sociales, certains jeunes issus de milieux sociaux défavorisés préférant ne pas se présenter plutôt que de faire l’objet de commentaires pernicieux.
- Danger, également, que l’être cède le pas au paraître.
Difficile d’égaler le vrai bal
Je vois difficilement, enfin, comment on peut remplacer le bal par une activité virtuelle dénuée de l’essence même de la communication, soit la disponibilité à l’autre, les interactions physiques et émotives, l’interprétation du langage verbal et non verbal, la circulation parmi différents collègues, les nécessaires imprévus… ».
Le journal le soir tient à remercier Réjean Pigeon pour sa gracieuse collaboration à cet article