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Nouvelle de 17 h

Omerta, difficile de voir clair à l’hôpital de Rimouski

Le chef parlementaire du PQ et député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé. (Photo: courtoisie)

Malgré les actions posées récemment par la ministre de la Santé, Danielle McCann, l’apparence de loi du silence dans les milieux de soins de santé continue de faire réagir. Ainsi, on a pu voir sur plusieurs tribunes, le chef intérimaire du Parti Québécois, Pascal Bérubé continuant de s’indigner sur le fait que le personnel de la santé s’expose à des représailles de la part de leur employeur lorsqu’il dénonce publiquement des situations où la sécurité, la santé et la vie des bénéficiaires sont en péril.

Pas d’omerta à Rimouski

À Rimouski pendant ce temps, Ariane Doucet-Michaud, conseillère-cadre aux communications stratégiques à la présidence-direction générale et relations avec les médias du CISSS du Bas-Saint-Laurent se veut rassurante : «  il n’y a pas d’omerta ici dans le Bas-Saint-Laurent, nos employés sont libres de parler, mais notre politique de communication stipule que les employés doivent passer par le département des communications du CISSS avant de faire une interview avec les médias. Il y a beaucoup d’enjeux dont certains principes de confidentialité qui s’appliquent ici », explique madame Doucet-Michaud.

1791 courriels les quatre premiers jours

On se rappellera que confronté aux témoignages de travailleurs du réseau de la santé de partout au Québec qui disaient craindre d’être pénalisés pour avoir signalé des situations inacceptables, le gouvernement Legault avait décidé d’agir. C’est ainsi que l’initiative « On vous écoute », une boîte de courriels ([email protected]) a été mise en fonction afin de permettre aux travailleurs de dénoncer des situations en toute confidentialité et de mettre fin à l’omerta dans le réseau de la santé. La Presse rapportait d’ailleurs le 22 mai dernier que dès sa mise en place le 16 mai, un nombre vertigineux de courriels (1791) en quatre jours seulement avait été recueilli dans la boîte courriel.

Fin de non-recevoir

Pour le conseiller syndical Yanick Proulx, du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) il ne fait pas de doute : « Ça fait longtemps que tous les employés ont la stricte consigne de ne pas s’adresser aux médias. Y a peut-être juste les médecins qui ont l’indépendance suffisante pour parler », s’exclame monsieur Proulx.

Mettant en lumière des circonstances qui peuvent rappeler une variation sur la loi du silence, le conseiller syndical a évoqué les deux cas positifs, (bloc opératoire et unité de médecine) du Centre hospitalier régional de Rimouski (CHRR) la semaine dernière : « Pour l’instant ce qu’on déplore c’est que le CISSS se limite aux consignes de l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) que nous jugeons minimales, mais quand on demande d’en faire un peu plus par prudence additionnelle c’est une fin de non-recevoir. »

Une employée dénonce

À titre d’exemple, une employée souhaitant garder l’anonymat a approché journal le soir afin de décrier une situation : « je garde mon anonymat, car je ne veux pas m’attirer d’ennuis. Je dénonce le fait que les employés de l’hôpital qui ont été en contact avec les deux cas de la covid-19 ont été placés en quarantaine préventive de 7 jours au lieu des 14 habituellement requis pour le grand public», a-t-elle plaidé. Cette revendication est aussi appuyée par Yanick Proulx de la SCFP qui parle de consignes minimales. Ariane Doucet-Michaud du CISSS nous assure cependant du respect de la procédure préconisée par l’INSPQ   : « Il y a effectivement une vingtaine d’employés qui étaient en quarantaine préventive, mais le protocole de l’INSPQ stipule qu’après avoir subi deux tests négatifs lors des sept premiers jours, qu’ils peuvent retourner au travail sans danger. C’est ce que nous leur avons demandé de faire ».

Voilà un dossier complexe qui revient de façon systématique dans l’actualité depuis très longtemps. Est-ce que la pandémie aura contribué à dénouer certains enjeux en forçant le gouvernement à mettre en place l’initiative « On vous écoute! » ? Restera toujours à protéger les sonneurs d’alerte dans ces courriels et on peut se poser la question : est-ce que la mécanique en place favorisera une transparence avec le grand public ? Les employés ne semblent pas confortable du tout à l’idée de parler de problèmes vécus au travail avec les membres des médias, surtout quand il s’agit des soins apportés aux bénéficiaires.

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