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L’accès à l’information mis à mal par la crise

Pour les personnes ayant des limitations visuelles
Les personnes ayant des problèmes de vision sont souvent isolées. (Photo: Unsplash photos)

La première semaine de juin est un moment privilégié pour les personnes ayant des limitations visuelles, car c’est à la fois la Semaine québécoise des personnes handicapées et la Semaine nationale de l’accessibilité.

Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) profite de ce moment pour souligner l’échec du Québec en matière d’accessibilité de l’information. « Il est clair que la pandémie met en exergue un problème déjà existant : le gouvernement du Québec n’est pas outillé pour respecter l’obligation qu’il s’est donné d’offrir du contenu accessible aux personnes en situation de handicap visuel », indique un communiqué à ce sujet.

Importance de l’enjeu

L’Association des personnes handicapées visuelles du Bas-Saint-Laurent (APHV-BSL) s’associe au Regroupement des aveugles et des amblyopes du Québec (RAAQ) pour rappeler l’importance de cet enjeu.

« Le RAAQ milite depuis plus de 42 ans pour le droit des personnes en situation de handicap visuel. Notre fédération représente 21 associations membres provenant de partout dans la province. Le RAAQ a pour mission de promouvoir et de défendre les droits des 450 000 personnes aveugles et amblyopes du Québec, afin de favoriser leur intégration à part entière dans tous les domaines de l’activité humaine. L’APHV-BSL est membre du RAAQ depuis trente ans et participe activement aux divers travaux de ce regroupement provincial pour les dossiers de défenses collectives des droits des personnes handicapées visuelles », rappelle sa directrice, Huguette Vigneau.

Retard et manque de qualité

« Depuis le début de la crise, nous sommes en fonction urgence. Les personnes aveugles et malvoyantes doivent avoir accès aux informations concernant la COVID-19 le plus rapidement possible. C’est pourquoi une grande part de notre travail est de contacter différents ministères pour leur souligner le manque d’accessibilité de leur communication. Dans certains cas, le RAAQ a dû rendre l’information accessible lui-même en attendant que l’appareil gouvernemental fasse leur travail » mentionne Antoine Perreault, directeur général du RAAQ.

En plus des retards, les personnes ayant des limitations visuelles se butent parfois à des versions accessibles de faible qualité. Prenons par exemple la vidéo « Comment confectionner un couvre-visage » avec vidéodescription du Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Elle ne décrit pas le texte présent à l’écran, ni les actions réalisées par la personne qui fabrique son masque. Le seul ajout audio est un numéro de téléphone à contacter en fin de vidéo.

Des actions doivent être prises

Ces regroupements croient qu’Il serait facile de se cacher derrière la crise qui frappe actuellement le Québec pour justifier les ratés que connaît le gouvernement en matière d’accessibilité de l’information. Ce serait oublier que la société québécoise a connu des problèmes similaires lors de la grippe pandémique A(H1N1) en 2009.

« Incapable de retenir la leçon, le gouvernement du Québec peine encore une fois à informer les personnes ayant des limitations visuelles rapidement et adéquatement. Le RAAQ profite donc de la semaine québécoise des personnes handicapées et de la semaine nationale de l’accessibilité pour rappeler au gouvernement ses obligations », poursuit-on.

« Pourquoi ne pas imiter l’Ontario, les États-Unis et plusieurs autres gouvernements en adoptant une loi sur l’accessibilité pour les personnes handicapées ? Le Québec doit prendre les grands moyens pour s’assurer que les personnes ayant des limitations visuelles aient accès à la même information que tout un chacun, particulièrement en ces temps incertains où les situations changent rapidement. Ajoutons que la pandémie a aussi permis de souligner les nombreux problèmes d’accessibilité que connaît le secteur privé. Un autre problème qui existe qui perdure et qui pourrait être réglé avec une loi sur l’accessibilité », concluent les organismes concernés.

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