Le miroir magique serait-il la solution?
Nous avons tous été témoin des dernières minutes de vie de George Floyd et dans quelle circonstance cela s’est produit.
Un silence s’est produit. Nous sommes bouche bée, mais immédiatement, nous avons envie de crier, de fermer le point avec les autres qui se battent depuis des siècles.
Nous ne pouvons pas allez plus loin! Il faut que cela change!
Le monde doit changer …la question est comment ?
Tout ce que j’entends dans les médias : – Il faut faire des enquêtes, des lois, des politiques, changer le système judiciaire… etc. Nous les avons les moyens politiques au Québec.
Dans le processus du changement, il me semble que la première étape, c’est de se l’avouer …
Tout le monde le sait, mais l’avouer, c’est la partie la plus difficile à travailler.
Demandez- vous la question d’abord à vous-même, à votre voisin ou à un membre de votre famille, si vous êtes raciste ou s’ils sont racistes?
Je suis certaine que vous allez répondre et qu’ils vont vous répondre « Non !» en ajoutant un «mais» … Voilà le signe avant-coureur d’un fond racisme… D’où vient-il se fond ?
Chacun à son histoire que tu sois blanc, noir ou autochtone.
Moi, mon histoire acadienne et mon histoire québécoise, j’en aurais long à dire… peu importe, ton passé. Il t’a été transmis par tes parents, par ton éducation… et j’ai 78 ans …
Les conséquences de notre laisser- aller sans réagir devant la discrimination systémique que j’appelle la «discrimination sociale ou l’injustice sociale qui a souvent des effets indélébiles (à vie) sur des personnes ou un groupe d’individus en raison d’une caractéristique comme le sexe, l’âge, la couleur de la peau, le handicap, la religion, etc.
Exemple, dans le système d’emploi, cette forme de discrimination se traduit souvent dans des perspectives d’embauche et d’avancement…
Qui n’a pas été témoin de ce phénomène? De cette injustice ?
Nous attendons après quoi pour appliquer la façon de faire devant tout être humain ?
Pour une première fois … Si on commençait par l’essentiel : à travailler sur soi !
Je répète ici ce que ma grand-mère disait «La pomme tombe toujours près du pommier» ce qui signifie pour moi qu’il y a toujours l’effet de mon comportement à tout âge sur les autres et surtout sur celui de mes enfants.
En 2006, j’ai décidé d’écrire des contes pour mes petits- enfants et les enfants des autres.
En prenant le conte édité comme moyen de transmettre mes valeurs, je m’assure que mes petits-enfants et même mes arrières petits-enfants connaîtront les valeurs de leur grand-mère et arrière grand- mère et qu’elle était prête à les défendre même publiquement.
Mon opinion juillet 2020 Georgette Renaud
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Voici le conte que j’ai choisi ISBN 2-922982-37 -8
«J’ai 5 ans – Le miroir magique»
Mathis est un petit garçon de 5 ans en visite aux Îles de la Madeleine.
Aujourd’hui, avec son papa et sa maman, il est invité à une excursion en mer sur le bateau Aly–Jade amarré (attaché) au quai, dans le havre de pêche à l’Étang-du-Nord.
Installés confortablement et en sécurité, tous les passagers écoutent attentivement les recommandations d’usage du capitaine Yvon.
Celui-ci à l’allure d’un vrai loup de mer avec sa casquette et sa barbe blanche, donne le gouvernail (la roue) à son homme de roue et se retourne vers les visiteurs en disant :
- Il faut que je vous raconte une petite histoire.
– Une fois, alors que nous étions sur le point de partir pour une excursion lorsqu’une dame d’un certain âge, très grande et maigrichonne s’approcha du quai, affolée.
Elle était vêtue d’un grand manteau rouge et d’un chapeau noir à large bord, décoré de fleurs bleues. Elle avait même un nez pointu.
Entre nous, je vous dirais qu’elle avait l’air d’une sorcière.
Elle criait : – Attendez-moi ! Attendez-moi ! En faisant des signes avec sa sacoche, une vraie « capotée ». Je lui ai dit : -Madame, vous arrivez juste à temps et j’ai ajouté : -Avec tout le respect que je vous dois, chère madame, vous ne portez pas le genre de vêtements idéal pour une excursion en mer.
– Faites attention avec vos talons aiguilles – Prenez place et grouillez plus. Mais la dame ne se calma pas aussi facilement. Arriva ce qui devait arriver…Lorsque j’ai fait une manœuvre pour reculer, elle a perdu pied. Les bras et les jambes en l’air, elle se retrouva sur le derrière.
Heureusement, elle n’a subi aucune blessure.
Comme de raison, sa sacoche avait pris le bord et tout son contenu tomba dans l’eau. Avec l’effet du soleil, on aurait dit des bulvettes (des étincelles d’un feu d’artifice).
Sa sacoche flottait toujours. En m’approchant avec le bateau, j’ai réussi à la récupérer avec une gaffe (une perche munie d’un crochet).
La dame étrange est devenue toute triste. Elle avait perdu un objet précieux. Son miroir qui avait appartenu à son arrière grand -mère.
Qu’était-il arrivé au miroir ?
Je vais vous le dire. Étant un ancien loup de mer, je connais le fond du havre comme le fond de ma poche ! Parole de capitaine !
Le miroir a continué de virevolter sur lui-même jusqu’au fond de la mer.
Sous l’effet du soleil, tous les poissons étaient éblouis et aveuglés par ce phénomène.
Quelques minutes plus tard, ils avaient perdu leur sens de l’orientation et flottaient sur le dos, ici et là, autour du bateau comme si on les avait assommés.
Un par un, les poissons revenaient à eux. Ils recommençaient à nager comme si rien ne c’était passé et disparaissaient sous l’eau.
J’ai dit tous les poissons, hein! Mais ce n’est pas vrai. Il y en avait un, un seul qui n’avait pas été frappé par l’effet du miroir. C’est le Plogueuil (crapaud de mer). Il était caché derrière une roche pas très loin du quai, tout près du miroir.
En se retournant, il s’est approché de l’objet et tout à coup, il a fui les lieux comme une éloize (un éclair). Il était tout effrayé, sa tête allait dans tous les sens. Même s’il ouvrait toute grande sa bouche, aucun son n’en sortait.
Qu’avait-il vu pour être aussi effrayé ? Un monstre ?
Depuis plusieurs jours, aucun poisson n’avait vu Plogueuil. Tous les poisons du havre étaient inquiets. C’est alors qu’ils commencèrent une battue.
Après quelques heures de recherche, c’est l’Anguille qui l’a retrouvé en sanglots, blotti contre une vieille cage à homards dans l’étang.
L’Anguille essayait de savoir ce qui c’était réellement passé. Elle a fini par comprendre qu’il s’agissait du fameux miroir.
Après toutes sortes d’arguments, l’Anguille a convaincu Plogueuil de revenir avec elle, derrière sa roche préférée, près du quai de la Coop.
Sur le chemin du retour, ils ont rencontré Éplan (éparlan). L’Anguille lui dit en la saluant : -va avertir les autres que Plogueuil est revenu.
Comme Plogueuil devait passer devant le miroir, l’Anguille a pris soin de l’entourer avec sa longue queue, car elle craignait qu’il prenne à nouveau la poudre d’escampette en se voyant dans le miroir.
Comme de fait, en se revoyant dans le miroir, ce fut la crise de larmes. Même, si tous ses compagnons lui répétaient : -Ce n’est pas un monstre que tu vois dans le miroir, c’est toi !
Le pire dans cette histoire, c’est qu’il avait compris assez vite que c’était lui, le monstre. Mais ça ne changeait rien pour lui, il ne pouvait pas accepter se voir comme ça, aussi laid.
Il n’était pas consolable. Il pleurait toujours à chaudes larmes.
L’Anguille a suggéré à tous les autres poissons de passer devant le miroir et que chacun décrive ce qu’il y voyait.
L’Anguille se trouvait trop longue
Le Crabe voyait qu’il marchait tout croche
L’Éplan disait qu’elle était trop petite
Mais rien à faire…Le Plogueil pleurait toujours
Tout à coup le Capitaine Yvon change de sujet. – Ça me fait penser… Mathis, quel âge as-tu ?
Celui-ci lui a répondu : – J’ai 5 ans.
Je me souviens ce que tu as dit l’an passé – J’ai 4 ans et 4 ans, c’est plus petit que 5 et quand j’aurai 6 ans, je serai plus grand que 5.
D’un air songeur…
Alors, tu dis que tu as 5 ans ! Cela veut dire que tu vas aller à la maternelle en septembre.
Tu es grand pour ton âge, hein? Tu vas être probablement plus grand que plusieurs enfants de ton groupe.
-Tu sais à la maternelle, c’est comme dans le havre de pêche de l’Étang -du -Nord, Dans le havre, il y a toutes sortes de poissons, à la maternelle, il y a toutes sortes d’enfants : des petits, des grands qui sont comme toi, des maigrichons, grassouillets et même des enfants de différentes couleurs.
Mais il faut que je vous raconte la fin de mon histoire.
Le Plogueil est encore déprimé …
Le roi Homard ne pouvait plus supporter cela ! Ça lui faisait trop de peine de voir un de ses sujets aussi malheureux.
Ah ! Vous ne saviez pas que chaque havre de pêche des îles de la Madeleine possède son royaume ? Ben, moi, parole de capitaine, je vous le dis!
Donc sa Majesté, le roi Homard a décidé de faire une grande fête dans son palais royal.
Cette fête coïnciderait avec le festival des pêcheurs de l’Étang-du-Nord.
Il se disait que toutes les couleurs des cerfs-volants et les feux d’artifice changeraient les idées de Plogueuil.
Il a demandé à l’Éplan de transmettre l’invitation à tous ses sujets en spécifiant bien de se présenter à la fête en changeant leur nom. Leur nouveau nom devrait décrire leur principale qualité.
Entre temps, il a demandé au Crabe de transporter le miroir par le crabe à son palais royal.
Avec toute sa prestance, le roi Homard était bien installé près du cap à Fernand à Fred sur la plus belle pierre royale pour admirer le spectacle.
Placé tout près de la pierre royale, le miroir était devenu un miroir « magique». Sous l’effet des feux d’artifice, il reflétait la beauté de chacun.
Après avoir fait la grande courbette devant le Roi, chacun des sujets se présentait.
L’Anguille – Avec tout le respect que je vous dois, je suis maintenant Habile, à votre service.
L’Éplan, -Je suis Serviable, Majesté.
La Morue, -Majesté, je suis Gentille.
Le Maquereau,-Votre Courageux, Majesté.
Le Hareng,- Je suis Attentif, Majesté.
Le Crabe,- Majesté, je suis Poli.
Et enfin, le Plogueil approcha, tout timide et il dit : Sa majesté, je suis Confident.
Le roi était heureux de le voir ainsi, il répondit : -Approchez, Confident. Je suis le roi, le plus choyé de tous les havres de pêche. Je vous nomme mon intendant Confident.
Plogueuil est retourné à sa place avec le sourire aux lèvres en passant devant le miroir « magique».
Le Roi et tous les autres sujets l’ont applaudi pendant au moins 10 minutes minimum. Parole de capitaine !
Voilà la fin de mon histoire. Croyez-moi ou croyez-moi pas, cette petite histoire est dans ma tête à moi et elle est vraie.
Essaye d’apprendre à lire
À rire et à courir
En fait, c’est en dedans
Que c’est p’tit ou que c’est grand
Si t’es dans les forts
Prends garde aux tout-petits
Si t’es dans les tout- p’tits
N’attends rien des plus forts
Extrait de la chanson Le péril Jaune
(L’autobus scolaire) de Georges Langford, écrivain et chanteur
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Note : Certains mots en ¨italique¨ sont des régionalismes- Ref : Chantal Naud- Dictionnaire des régionalismes du français parlé des îles de la Madeleine- Les Éditions Vignaud, Étang-du-Nord
1999, 318p.