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Une initiative pour les autres secteurs aurait été la bienvenue

Des restaurateurs et tenanciers d’accord avec la conseillère Michaud
Une partie de la rue Saint-Germain Ouest. (Photo: journallesoir.ca)

Des restaurateurs et tenanciers dont les entreprises sont situées ailleurs que sur la rue Saint-Germain Est sont d’accord avec la position de la conseillère Cécilia Michaud, à l’effet que la Ville de Rimouski aurait dû penser à appuyer les commerçants situés à l’extérieur des terrasses urbaines.

Madame Michaud a mis en lumière dans nos pages, hier soir, qu’elle déplorait qu’en autorisant la fermeture d’une partie de la rue Saint-Germain Est pour y permettre la tenue des terrasses urbaines pendant quatre semaines, la Ville favorise un groupe de commerçants, mais pas ceux des autres secteurs de la ville. Elle se demande notamment si on ne devrait pas réserver aussi des périodes piétonnes pour d’autres secteurs du centre-ville, pour appuyer tous les commerçants qui ont subi les contrecoups de la crise du coronavirus.

Quatre semaines

Les entrepreneurs contactés ont plusieurs points de vue en commun : ils trouvent que quatre semaines pour les terrasses de la rue Saint-Germain Est, c’est un peu long, compte tenu qu’il n’y aura pas de Grandes Fêtes TELUS cet été, un événement qui amenait de l’eau au moulin malgré le déplacement d’achalandage vers l’Est.

Ils estiment que ce pourrait être intéressant de songer à rendre certains secteurs du centre-ville réservés aux piétons pendant différentes périodes de l’été, mais que ce n’est pas le plus important, car ils croient que c’est cette année que la Ville aurait dû appuyer l’ensemble des restaurateurs et des tenanciers, en raison des effets de la crise. Ils sont tous d’accord pour ne pas en faire une guerre de clochers, car ils estiment tout autant leurs collègues de la rue Saint-Germain Est que les autres.

Un plan global

Steven Guimond Corriveau, du bar La P’tite Grenouille, considère que le dossier ne concerne pas seulement les gens du secteur Saint-Germain Ouest.

« Bien sûr que je serais très heureux si on rendait la rue Saint-Germain Ouest piétonnière pendant une certaine période, mais ce que j’en retiens le plus, c’est que ça demanderait une approche plus globale. On pourrait lancer une initiative depuis la Société de promotion économique (SOPER) ou en collaboration avec la Chambre de commerce. Pas besoin d’une nouvelle organisation, peut-être juste un comité. Je ne pense pas seulement à mon secteur. Il est vrai que dans un été normal, les terrasses de la rue Saint-Germain Est attirent beaucoup de gens d’à peu près tous les secteurs de la ville. La réalité est encore pire cette année parce qu’il n’y a pas de Grandes Fêtes TELUS, qui venaient stimuler tout ça. Même si on avait un peu moins de clients, il y avait tellement de gens qui venaient aux Grandes Fêtes que c’était avantageux. »

« Sauf que les semaines où il n’y avait pas de Grandes Fêtes TELUS, c’était plus difficile. Cette année, les terrasses de l’Est sont sur quatre semaines et il n’y a pas de Grandes Fêtes. Je me demande bien comment ça va aller. J’ai consulté des entrepreneurs d’autres secteurs et je considère qu’on vit tous la même situation. Je tiens à redire qu’on est tous d’accord pour souhaiter bonne chance aux commerçants qui ont lancé l’initiative des terrasses urbaines et qui travaillent très fort », déclare monsieur Guimond Corriveau.

Une ville = un ensemble

Le propriétaire du bar Le Campus de la rue de l’Évêché Ouest, Luc Pichette, croit qu’il y a moyen de créer de la solidarité entre les restaurateurs et tenanciers, mais que cette année, tous ont goûté aux impacts de la COVID-19.

« Il y aurait moyen que les terrasses urbaines soient un beau happening pour tous, mais en ces temps de pandémie, la tenue des terrasses urbaines sur quatre semaines est une mauvaise nouvelle pour les commerçants hors secteur, qui viennent à peine de rouvrir en raison de la crise du coronavirus. Les terrasses urbaines sont un très beau projet pour Rimouski, une grande opportunité pour un secteur privilégié, où les promoteurs ont travaillé fort. Bravo à la dizaine de commerçants impliqués. Cependant, un mois sans achalandage pour la cinquantaine d’autres commerçants hors secteur, c’est une période très difficile », explique-t-il.

« Je crois que tous les commerçants de la ville seraient fiers d’appuyer ce beau projet, s’il se déroulait sur une période de deux semaines. Une ville, c’est aussi un ensemble de petits commerces qui par leurs particularités et leur diversité rassemblent la population. Le centre-ville en est le nombril de part de ses activités et nous en sommes tous fiers. Oui pour un centre-ville vivant, au cœur des activités, mais pas au détriment des petits commerces de quartier », croit monsieur Pichette.

Une année pas ordinaire

Une femme d’affaires propriétaire de deux commerces très fréquentés donne son point de vue, mais tient à demeurer anonyme.

« Je pense que tout a été dit, ou presque. On a vu les commentaires sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas une affaire de guerre de clochers. C’est une année qui n’est pas ordinaire. C’est très compliqué. Tout le monde a été très touché par la pandémie et tout le monde traîne de la patte. La Ville nous avait promis de l’aide pour les entreprises et ce qu’on voit au bout du compte, c’est juste la relance des terrasses urbaines pour un mois. C’est ce qui est difficile à accepter. »

« Des commerces de l’avenue Saint-Louis, le Central Café sur Évêché, la Réserve sur Cathédrale, tout le monde va un peu être recoupé de cette petite manne qu’on aurait d’habitude. Cette année, il aurait été préférable que la Ville n’appuie pas les terrasses urbaines, mais laisse plutôt tout le monde sur le même pied, pour que tout le monde puisse tirer son épingle du jeu », estime la dame.

Autre son de cloche

Un commerçant qui n’est ni dans le milieu de la restauration, ni dans celui des bars, mais plutôt dans les articles de loisirs, André Lévesque, de Gendron Sport, ne croit pas aux vertus de la rue piétonnière pour Saint-Germain Ouest. Il estime que les autres types de commerce que les bars et restaurants n’ont rien à espérer d’une fermeture de sa rue à la circulation automobile.

« Je sais qu’on a déjà tenté l’expérience dans la période des Fêtes et cela avait été catastrophique. Je sais aussi que quand d’autres rues sont fermées à la circulation automobile, nos affaires n’augmentent pas, elles baissent », résume-t-il.

Le journal a aussi contacté la SOPER, mais son directeur général, Martin Beaulieu, précise qu’il ne peut pas s’impliquer dans les dossiers politiques. Par contre, toutes les initiatives sont encouragées.

Il a été impossible de rejoindre un représentant de la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette, ce matin, pour obtenir des commentaires à ce sujet.

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