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«Un crève-cœur pour tous les parents et grands parents»

Le drame vécu par la maman des deux filles affecte beaucoup de gens
Amélie Lemieux, entourée de proches et de son avocat, hier. (Photo: YouTube)

Le sujet du jour, la disparition brutale de deux jeunes filles et la traque de leur père, Martin Carpentier, émeut à peu près tous les parents et grands-parents du Québec, incluant ceux de Rimouski.

Le président de l’organisme Accueil Maternité de Rimouski, Alain Rioux, et sa conjointe, Lucette Proulx, coordonnatrice, sont impliqués depuis 30 ans dans cette œuvre humanitaire qui vise la formation et l’entraide des jeunes mamans. Ils sont très touchés par le drame qui affecte Amélie Lemieux, la mère de Norah et Romy Carpentier (cliquez ici pour prendre connaissance de la vidéo), trouvées mortes samedi à la suite de la cavale de leur père qui a provoqué le déclenchement une alerte AMBER (Alerte médiatique, but : enfant recherché).

Des dizaines de femmes, souvent monoparentales, avec autant de bébés et poupons  de moins de 3 ans, fréquentent habituellement, chaque semaine, la Maison Accueil Maternité de Rimouski, située au 340 avenue Rouleau.

L’endroit est cependant fermé temporairement en raison de la pandémie. Toutefois, un service est assuré par le biais d’un groupe Facebook et par télétravail.

Bien-être des enfants

Lorsqu’un drame comme l’affaire Carpentier survient, tous les administrateurs et toutes les usagères d’Accueil Maternité, pour qui le bien-être des enfants est une chose prioritaire, se sentent touchés personnellement.

« C’est dramatique. C’est un crève-cœur. Ça vient nous chercher dans ce qu’on a de plus maternel et de plus paternel au plus profond de nous, qu’on soit parent ou grand-parent. C’est un événement hors de l’ordinaire de subir une peine semblable. Tu passes ta vie avec ça. Les absents sont toujours très présents, tout au long de la vie », confie Alain Rioux.

Cérémonies

À titre de laïque impliqué dans la vie diocésaine, Alain Rioux préside aussi régulièrement des cérémonies souvenir pour des enfants disparus.

« Pour ces parents, c’est très, très important de tenir un hommage à cet enfant qu’ils ne verront pas grandir. Une liturgie, un rituel de commémoration, les amène à un deuil qui durera indéfiniment. Quand je rencontre des parents qui viennent de perdre un bébé, même à l’état de fœtus, ils tiennent à souligner l’événement. Ça bouleverse pour toute la vie. Ce sont des absences qui demeurent présentes pendant toute la vie », témoigne monsieur Rioux.

Certains n’abandonnent pas

« Je vois souvent des parents qui n’abandonnent pas. La vie est plus forte que la perte d’un enfant, soit prématuré, soit en très bas âge. Ils ont souvent le goût d’avoir d’autres enfants », remarque Alain Rioux.

Un drame sans nom

« C’est un drame sans nom! Je disais justement à mon conjoint, ce matin, à quel point je suis bouleversée, à quel point nous sommes tous bouleversés, même si nous ne connaissons pas la maman. C’est incroyable! Il faut se questionner comme société par rapport à de tels drames. On peut s’interroger sur le comportement de certains hommes. Parce que certains considèrent leurs enfants et leur conjointe comme leur possession. Ce sont souvent des personnalités très « contrôlantes » et possessives. Je suis une ancienne travailleuse sociale et depuis quelques années, j’ai côtoyé des femmes victimes de violence. J’ai travaillé aussi auprès des adolescents et notre message était que du contrôle, ce n’est pas de l’amour », poursuit la vice-présidente d’Accueil Maternité, Claudette Caron.

Du travail à faire

« Je suis toujours tellement triste d’apprendre ça. Ce que j’en retiens, c’est la détresse d’un père qui a tout déclenché ça. Je constate que les organismes qui s’occupent des hommes ne sont pas assez soutenus, subventionnés et présents. Pour avoir déjà connu le président de CTAC (Contre toute agression conjugale), je peux vous dire que s’il y avait plus de soutien pour les organismes voués aux hommes en détresse ou violents, on aurait moins besoin de soutien pour les femmes. On a du chemin à faire de côté. L’aide aux hommes est insuffisante et on devrait agir à ce sujet. En éducation, on pourrait et on devrait travailler plus en amont, pour sensibiliser les garçons. Si c’était le cas, ça ne finirait pas toujours en drame », ajoute Hélène Bourdages, animatrice à la Maison Accueil Maternité.

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