La gratitude
Nous avons souvent répété dans nos chroniques antérieures que le conte est utilisé à diffuser des messages sur la vie au quotidien.
Cette fois-ci : La gratitude est notre message recherché dans le conte choisi.
Dans la vie de chacun, il y a des moments très difficiles à passer qui arrivent souvent sans aucun signe annonciateur.
Lors d’une période de pandémie comme celle que nous vivons présentement, nous amène à réagir différemment jusqu’à la déprime et pour d’autres, ils l’expriment par la colère qui les conduit à faire des gestes irréparables.
Nous avons eu probablement, un sentiment d’injustice, d’être privés de notre liberté pour le bien commun.
Une chose est certaine : le soleil est toujours là, mais les nuages le cachent pour le moment.
Peu importe le problème, il y a toujours une fin, mais nous ne la connaissons pas à cet instant…
Ce qui se passera à ce moment -là, des larmes couleront sur nos joues et nous ajouterons sûrement des mots de gratitude à travers notre masque en serrant bien fort la personne près de nous.
Voici le conte choisi :
LA BOULANGÈRE ET LE MENDIANT
L’histoire que je vais vous raconter se passe dans les vieux pays durant le temps de la guerre. C’était dans un petit village dans les Vosges en Alsace.
Il y avait là une vieille dame, une boulangère. Elle faisait tous les jours du très bon pain. Mais il y avait de moins en moins d’habitants dans ce hameau, car les jeunes étaient appelés à défendre leur patrie contre l’ennemie toujours aussi menaçant. Elle en faisait de moins en moins.
Mais tous les matins, à 5 h 30, elle pétrissait sa pâte, formait des miches, des baguettes tout en pensant à son jeune garçon qui lui aussi était parti avec ses camarades. Elle versait toujours quelques larmes à la pensée de son fils.
Que ça sentait bon dans le village au grand plaisir des villageois. Ça sentait tellement bon que ce n’était pas les coqs qui réveillaient les gens, mais bien cette odeur de pains chauds émanant de la petite boulangerie. Les oiseaux de toutes les couleurs étaient aussi à ce rendez-vous matinal.
Un bon matin à 5 h 30, elle entendit la petite sonnette attachée dans le haut de sa porte : DRELIN DRELIN……Inquiète, elle se dirigea vers sa boutique et voit un homme rabougri, mal vêtu et sale.
- Madame, madame, auriez-vous quelque chose à donner à manger à un pauvre mendiant qui n’a pas mangé depuis 3 jours!
Généreuse comme pas deux, elle prit le seul pain qui lui restait de la veille et le lui donna. Elle lui dit :
- Écoutez mon ami, repassez demain en fin de journée et s’il m’en reste, je vous en donnerai d’autres.
- Merci madame, merci beaucoup, le Seigneur vous le rendra!
Il repartit, traversa le petit hameau, prit la route à la sortie du village et se trouva un endroit dans un petit éclairci pour construire un abri de fortune pour la nuit.
Le lendemain, 5 heures 30 du matin arriva et la bonne vieille boulangère était à son ouvrage. Elle pétrissait sa pâte pour en faire des pâtons, des miches de pain, des baguettes. Et comme tous les matins elle s’ennuyait de plus en plus de son fils. Elle n’avait pas de nouvelles de lui ce qui était normal…..Et des larmes coulaient le long de ses joues.
En fin d’après-midi, la porte de la boutique s’ouvrit « Drelin drelin » et le mendiant demanda à nouveau si elle pouvait lui donner un bon pain. Comme la boulangère avait le cœur sur la main, elle en avait préparé un de plus pour ce personnage. Et toujours le mendiant lui disait :
- Merci madame pour ce bon geste, merci. Le Seigneur vous le rendra.
Et il repartit vers le centre du village, le traversa, prit le petit chemin à la sortie du hameau et se retrouva dans son abri de fortune.
La soirée passa et la bonne vieille dame pensa de plus en plus à son fils. Elle le croyait blesser même mort, et elle s’endormit avec de terribles pensées. Elle en faisait des cauchemars. Elle pensait à ce mendiant qui lui n’a pas été à la guerre et pourquoi son fils à elle y allait. C’était injuste à ses yeux.
Le lendemain matin toujours à 5 h 30 elle pétrissait sa pâte, mais avec une certaine hargne. Tellement, qu’elle prit de la «mort-aux-rats» et en mis une grosse poignée dans sa dernière miche. Elle tourna cette miche et fit un gros X en dessous.
Quand le mendiant arriva en fin d’après-midi et lui demanda si elle avait un bon pain à lui donner, elle lui dit oui.
Il en restait 3. Elle prit la miche signée d’un X et la lui donna.
- Merci madame, merci beaucoup, le Seigneur vous le rendra…
Et le mendiant reprit le chemin de son abri de fortune.
Il traversa le centre du petit village, pris le chemin sortant du village quand tout à coup, la boulangère courue après lui et lui enleva cette miche et lui en donna un autre sans dire mot et retourna sur ses pas. Le mendiant lui, continua son chemin.
- Le lendemain matin il y avait toujours une bonne odeur de pain frais qui flottait sur le village et vers les 8h00 elle entendit la clochette de la porte de sa boutique et vit un grand jeune homme, la barbe longue, une canne à la main et un bandeau autour de sa tête.
- – Maman, enfin….
- – Mon fils…..Que je suis contente de te voir! Mais que fais-tu ici? La guerre n’est pas finie!
- – Comme tu vois, j’ai été blessé sérieusement au début et ils m’ont retiré des rangs, m’ont soigné et comme j’ai perdu la vue d’un œil, je ne servais plus à rien. J’ai décidé de quitter, mais chemin faisant, j’ai rencontré un mendiant et il m’a donné à manger. Il n’avait que du pain, mais nous étions rassasiés.
C’est alors que la boulangère tomba à genoux et se rappela la formule de gratitude que le mendiant lui disait :
- Merci madame, merci beaucoup, le Seigneur vous le rendra…
Note : Merci à la boulangère Diane de chez : Pâtisseries & Gourmandises d’Olivier