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Nouvelle de 17 h

Le maire de Rimouski débouté dans une plainte contre Radio-Canada

Marc Parent (Photo: capture d’écran)

L’ombudsman de Radio-Canada, chargé de régler les litiges entre auditeurs, personnages publics et organismes vs la Société d’État, vient de répondre négativement à une plainte du maire de Rimouski.

Et plutôt deux fois qu’une. Un avis à ce sujet a été émis par l’ombudsman, hier. Le dossier s’intitule « Le maire de Rimouski a-t-il « omis » de déclarer tous ses intérêts financiers? » Et fut diffusé sur ICI Bas-Saint-Laurent par le journaliste Denis Leduc. La plainte originale a été rejetée, de même qu’un appel.

Exactitude

Selon cet avis, le plaignant conteste l’exactitude d’une information à la base du reportage, soit qu’il aurait omis de déclarer, dans le formulaire « de déclaration des intérêts financiers des élus municipaux », qu’une de ses propriétés est une « résidence de tourisme ». Il soumet qu’il a bel et bien rapporté qu’il est propriétaire de cet immeuble, mais qu’il n’avait pas à en révéler l’usage. Il écrit :

« (…) La location à court terme d’une seule résidence de tourisme n’est pas en soi une entreprise, encore moins une société ou une corporation. J’ai donc répondu à la lettre aux questions posées dans ce formulaire. (…) »

Il précise que « nulle part dans ledit formulaire y a-t-il un endroit où ce type d’information était demandé ».

En conséquence, monsieur Parent estime que le reportage était « tendancieux » et qu’il a enfreint les Normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada.

Il ajoute qu’il a communiqué avec le journaliste Denis Leduc avant la publication de son article pour lui transmettre les renseignements suivants : 

« (…) ‒ Je suis bel et bien propriétaire d’une résidence de tourisme sur le territoire de la ville de Rimouski;

‒ Le zonage est conforme pour ce genre d’activité;

‒ La résidence est enregistrée auprès de la CITQ;

‒ Je verse la taxe d’hébergement à Revenu Québec;

‒ Que jamais je n’avais demandé à ce que les frontières du Bas-Saint-Laurent rouvrent, alléguant plutôt que je faisais confiance en la Direction de la Santé publique pour décider du meilleur moment pour lever les barrages;

‒ En janvier 2020, j’ai pris entente avec une jeune famille à la recherche d’une résidence pour quelques mois afin que je loue cette dernière pour du long terme (plus de 30 jours);

‒ Au moment de son questionnement, la famille habite toujours la résidence et ce malgré le fait que les frontières du Bas-Saint-Laurent sont à nouveau ouvertes, ce qui fait que ma résidence n’était pas sur le marché de la location à court terme au moment des « faits allégués »;

‒ Que j’avais déclaré dans le formulaire de déclaration des intérêts financiers des élus municipaux cette résidence;

‒ Et que, conséquemment, j’avais un comportement irréprochable. (…) »

Éléments confirmés

Le journaliste ayant ensuite manifesté son intention de publier un reportage sur le sujet malgré ses protestations, monsieur Parent lui a accordé une entrevue à la caméra dans laquelle il a « reconfirmé tous les éléments précédemment mentionnés » et a soutenu « qu’il s’agissait d’un acharnement de sa part parce qu’il fabriquait une nouvelle plutôt que de rapporter une nouvelle ».

Catherine St-Vincent Villeneuve, rédactrice en chef à ICI Radio-Canada Est-du-Québec, a répondu au plaignant, le 14 juillet 2020, en rejetant ses reproches à l’endroit du journaliste Denis Leduc et de son reportage.

Arguments

Son argumentaire était le suivant :

« (…) Dans un premier temps, les élus du Bas-Saint-Laurent avaient signifié leur accord au gouvernement quant au retrait des points de contrôle policier. Toutefois, un peu plus d’une semaine plus tard, la Table régionale des élus municipaux du Bas-Saint-Laurent estimait que les conditions n’étaient pas réunies pour retirer les contrôles policiers et demandait au gouvernement et à la Santé publique de réévaluer la situation et leur décision. Seul le maire de Rimouski, Marc Parent, se dissociait de cette prise de position commune, disant faire confiance à la Santé publique.
Le 18 mai, le retrait des points de contrôle entourant le Bas-Saint-Laurent avait eu lieu. Le 27 mai dernier, alors que nous vivions progressivement les étapes du déconfinement, le gouvernement du Québec annonçait l’autorisation de réouverture des hébergements touristiques pour le 1er juin à l’extérieur de la Communauté métropolitaine de Montréal et de la MRC de Joliette.
Le 1er juin, il était désormais permis aux propriétaires d’hébergement touristique d’accueillir des visiteurs dans leurs établissements. (…) »

Vérifications

Elle ajoute que « Le journaliste Denis Leduc a donc procédé aux vérifications d’usage, explique Radio-Canada. Il a fait une demande formelle d’accès à l’information pour obtenir la « déclaration des intérêts financiers » du maire Parent, dans laquelle il rapporte bien être propriétaire de la résidence en cause, mais sans mentionner sa vocation d’hébergement touristique. Le journaliste s’est ensuite tourné vers deux experts reconnus en matière d’éthique et de gestion municipale, soit l’éthicien René Villemure et Rémy Trudel, ancien ministre des Affaires municipales et professeur à l’École nationale d’administration publique (ENAP). »

« À la lumière des informations que nous leur avons présentées, incluant le document de votre déclaration d’intérêts, les deux experts ont tous deux conclu que le maire a bel et bien un intérêt que le public ne connaissait pas, qu’il peut y avoir une apparence de conflit d’intérêts et que la déclaration d’intérêts devrait être la plus transparente et précise possible. (…) »

Citoyen

C’est un citoyen a contacté Radio-Canada pour l’informer que monsieur Parent « possède et exploite un lieu d’hébergement touristique, ce qui, à ses yeux, pouvait le placer en situation de conflit d’intérêts entre ses activités entrepreneuriales et ses fonctions d’élu lorsqu’il doit se prononcer sur la relance des activités touristiques et la levée des points de contrôle policier aux abords de la région. »

Le jour de la réception de cette réponse, soit le 14 juillet 2020, monsieur Parent s’en est déclaré insatisfait et a demandé au Bureau de l’ombudsman « de faire enquête sur le comportement de monsieur Leduc et de ses supérieurs ».

Reproches

Il reproche en particulier à madame St-Vincent Villeneuve de ne pas avoir tenu compte du fait que « la résidence n’était pas disponible pour la location à court terme lors de la période en question », puisqu’elle était « louée à long terme à une jeune famille ». Il écrit :

« (…) Sur la base de cet élément, en plus du fait que le formulaire de déclaration des intérêts des élus fut complété de façon à répondre en tous points aux questions posées, je maintiens que ce reportage était tendancieux et ne respectait pas les standards d’éthique et de professionnalisme de Radio-Canada. (…) »

L‘ombudsman conclut dans l’avis diffusé hier que « l’article du journaliste Denis Leduc, intitulé Marc Parent a omis de déclarer qu’il possède une résidence pour touristes, publié le 10 juin 2020 sur la plateforme web d’ICI Bas-Saint-Laurent respecte les Normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada

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