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Nouvelle de 18 h

«Le marché immobilier connaît une activité absolument phénoménale»

L’inventaire a chuté de moitié à Rimouski en un an; hausse des ventes de 38% en février
«Les ménages font de nouveaux choix en fonction de la pandémie. Ils tentent de répondre à leurs nouvelles aspirations et à leurs nouveaux besoins. On veut plus de qualité de vie, plus d’espace, à des prix plus abordables.» (Photo: Unsplash photos)

La rareté des résidences unifamiliales disponibles à prix abordable s’ajoute au problème de manque de logements à Rimouski, en raison principalement du contexte de la pandémie.

La demande a pratiquement doublé au Bas-Saint-Laurent et à Rimouski, tandis que les prix ont augmenté de près de 15 %, selon ce qu’explique au journal le soir le directeurdu servicede l’analyse des marchés de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), Charles Brant, dans une entrevue exclusive.

Les chiffres en disent plus long que jamais sur cet autre effet inattendu de la crise sanitaire du coronavirus, qui explique encore une fois bien des choses.

« Ça devient très stressant d’acheter une maison de nos jours. C’est effectivement ce qu’on voit un peu partout au Québec, mais particulièrement dans des régions où c’est habituellement plus tranquille que dans les régions métropolitaines de recensement (RMR). On voit une activité absolument phénoménale qu’on n’avait pas vue depuis très longtemps, même que ce sont des records de vente qu’on enregistre, en fait. Le Bas-Saint-Laurent fait partie des régions excentriques touchées. On attribue ça à plusieurs facteurs », commente monsieur Brant.

Nouveaux besoins

« Il y a une redistribution des cartes avec la crise sanitaire, dont le télétravail qui amène pas mal de monde à acheter sa résidence à l’extérieur des grandes villes. Les plans ont complètement changé. Les ménages font de nouveaux choix en fonction de la pandémie. Ils tentent de répondre à leurs nouvelles aspirations et à leurs nouveaux besoins. On veut plus de qualité de vie, plus d’espace, à des prix plus abordables. Quand la résidence est située dans un contexte de villégiature, c’est d’autant plus recherché. Il y a des régions qui connaissent un regain de popularité et qui voient depuis quelques mois un solde migratoire positif qu’elles n’avaient pas vu depuis des années, comme le Bas-Saint-Laurent », affirme monsieur Brant.

Charles Brant (Photo: courtoisie)

Ventes

L’analyste de l’APCIQ présentera dans les prochaines lignes des statistiques très significatives, à commencer par l’impact du phénomène sur les ventes.

« On a enregistré une hausse des ventes de 80% en 2020, au Bas-Saint-Laurent, et on vient d’apprendre que ça se confirme avec un mois de février 2021 supérieur celui de 2020 par une hausse de 38%. De façon un peu plus précise, à Rimouski, ça nous donne une hausse relativement plus modeste de 6% pour février 2021, mais il faut préciser ici que le mois de février 2020 avait été particulièrement actif. On est quand même dans des records de ventes de février à Rimouski avec 68 transactions, dont 59 résidences unifamiliales. »

Logique défiée

Il existe d’habitude une logique voulant que si des résidences sont achetées, autant de logements sont libérés, ce qui permet d’obtenir un certain équilibre. Cette logique ne vaut plus.

« C’est parce que l’activité est trop forte! Il y a beaucoup d’acheteurs de l’extérieur de la région qui en profitent pour passer de locataire à propriétaire justement parce que la résidence est devenue un bien essentiel. Devenir propriétaire c’est devenu une priorité pour plusieurs ménages. Ça implique aussi qu’il y ait cet engouement. Dans un contexte de pandémie, on est plus ou moins confiné. Les dépenses discrétionnaires sont en baisse et favorisent l’épargne. Ça permet à des gens d’avoir la mise de fonds pour avoir accès à la propriété. Par exemple des sommes allouées à l’origine à des vacances, sont réallouées à l’immobilier », estime Charles Brant.

Chute d’inventaire

« C’est un peu comme ça que le marché fonctionne en ce moment! Ça crée une baisse importante des inscriptions en vigueur, des inventaires. Si on avait auparavant suffisamment de résidences pour occuper huit mois de vente à pareille date, l’an dernier, on en est aujourd’hui à quatre mois, soit une baisse de 50% par rapport à l’année dernière. C’est majeur. Il y a la très forte demande, mais il y a aussi le fait que le secteur de la construction a été ralenti par la crise. La construction résidentielle a pas mal été mise en berne, notamment dans l’unifamilial. Il y a là un autre impact direct », renchérit monsieur Brant.

Incertitude

« Il y a aussi des gens qui ont reporté leur projet de vente, dans un contexte où il y a pas mal d’incertitude et où on ne sait pas si on va être capable de trouver une autre propriété à un prix équivalent. Tout ça fait que les inventaires sont en train de chuter et c’est comme ça partout au Québec. On est passé de 1914 inscriptions en vigueur au Bas-Saint-Laurent, en février 2020, à 991, en 2021. Les prix ont augmenté de 13% par rapport à l’an dernier. On est passé d’un prix médian de 199 000 $ à un prix médian de 230 000 $, à Rimouski. Tout ça pourquoi? Parce que les conditions du marché sont devenues très à l’avantage des vendeurs. »

Incroyable!

« L’équilibre se situe généralement à huit à 10 mois d’inventaire. On est donc passé d’un marché un peu à l’avantage des acheteurs à un marché très à l’avantage des vendeurs, dans cette année qui continue d’être incroyable », conclut Charles Brant.

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