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La princesse et le prince à Rimouski

Le 5 novembre 1951, la princesse Élisabeth et son époux, Philip Mountbatten, duc d'Édimbourg, effectuaient une brève visite à Rimouski.
Au centre, la princesse Élisabeth et le prince Philip. À gauche, le maire de Rimouski, Victor Lepage, à l’extrême droite son épouse Mariette Doran. Photo Louis-Paul Lavoie, collection du Musée régional de Rimouski.

Le couple princier est arrivé à 18 h à bord d’un train spécial composé de six wagons arborant leurs armoiries. Élisabeth et Philip s’étaient mariés quatre ans auparavant, le 20 novembre 1947. La visite à Rimouski survient au 28e jour d’un long séjour au Canada.

Pour permettre au plus grand nombre possible de personnes de se rendre à la gare, le maire de Rimouski, Victor Lepage, avait décrété la fermeture des entreprises et des commerces à 16 h 30 ce jour-là. Près du quai de la gare, on a massé environ 4000 enfants. Plus loin, de part et d’autre de la voie ferrée, des milliers d’adultes tentaient, tant bien que mal, d’apercevoir les membres de la famille royale. Une formidable ovation retentit dès que la princesse apparaît.

L’accueil

Sur le quai, le ministre des Anciens combattants, Hugues Lapointe, accueille les visiteurs avant de les présenter au maire de Rimouski, le docteur Victor Lepage et son épouse Mariette Doran. Pendant les minutes qui suivent, la princesse Élisabeth et le duc d’Édimbourg serrent les mains d’une soixantaine d’invités parmi lesquels se trouvent l’archevêque de Rimouski, Mgr Charles-Eugène Parent, les députés de Rimouski à Ottawa et Québec, Hervé Rousseau et Alfred Dubé, l’homme d’affaires et conseiller législatif, Jules-A. Brillant et sa fille Madeleine, le supérieur du Séminaire, le chanoine Louis Martin, le président des Syndicats catholiques de Rimouski, Bertrand Lepage et le président de la Légion canadienne, Charles Desrosiers.

La princesse Élisabeth signe le livre d’or de la Ville de Rimouski sous le regard du prince Philip. À la doite de ce dernier, Gérard Legaré, futur député fédéral de Rimouski. BAnQ Centre d’archives de Rimouski, Fonds Gérard Lacombe.

Par la suite, le couple princier est invité à signer le livre d’or de la Ville de Rimouski, déposé sur une table richement décorée, installée sur le quai à une cinquantaine de mètres à l’ouest de la gare. Dans ce livre, toujours conservé aux archives de l’hôtel de ville, on peut lire l’inscription suivante : « Elisabeth, 5 novembre 1951 » tandis que son époux signe tout simplement « Philip ».

Voici la page du livre d’or avec les signatures de la Princesse Élisabeth et du prince Philip. Photo archives de la Ville de Rimouski

Après la signature, les visiteurs expriment le désir d’avancer encore plus loin sur le quai afin de rencontrer davantage de personnes. En revenant sur leurs pas, deux enfants, Gabriel Rioux, élève au collège des Frères du Sacré-Cœur et Denise Lepage, élève des Sœurs du Saint-Rosaire, présentent une gerbe de roses à la princesse Élisabeth. Après les avoir remerciés, la princesse a prié son aide de camp de faire approcher les autres enfants massés près du quai. Comme le rapporte le journal Le Progrès du Golfe, « L’espace d’un éclair, des centaines d’enfants entouraient la jeune princesse avec des cris de joie. »

Des cadeaux

Revenus près de leur wagon, la princesse Élisabeth et le prince Philip se voient remettre des cadeaux. On précise qu’il s’agit d’une marque d’appréciation des sinistrés de Rimouski en reconnaissance de l’aide apportée par le Royaume-Uni après la conflagration survenue un an et demi auparavant. C’est d’ailleurs l’un des sinistrés et professeur à l’École technique, Elzéar Gauvreau, qui présente le premier cadeau au couple, un vase en terre cuite, œuvre de l’artiste rimouskois Gaétan Beaudin. On explique alors que le vase de couleur brun doré, a été fait avec de l’argile de Rimouski. La princesse regarde alors son mari avec un large sourire et lui dit : « De la terre de Rimouski, Philip ! »

Le second cadeau était un album de cuir marocain dans lequel on avait inséré un livret de photographies du feu de Rimouski. La princesse Élisabeth s’est aussitôt informée des progrès de la reconstruction à Rimouski.

Voici le timbre émis à l’occasion de la visite de la princesse et du prince au Canada en 1951. Photo Richard Saindon

Le départ

Au moment de monter à bord de leur wagon, la princesse jette un coup d’œil aux alentours et constate que la foule nombreuse massée à l’est de la gare, ne les a pas vus. Elle demande alors au maire Victor Lepage de les conduire dans ce coin. La princesse serra longuement la main de Rita-Alice Buckell originaire d’Angleterre et épouse du Rimouskois Arthur-Jacques Lepage. Le duc d’Édimbourg intrigué par l’insigne que portait Madame Buckell lui en demanda la signification. Cette dernière raconta alors qu’elle avait été pendant cinq ans au cours de la Deuxième Guerre mondiale, membre du Corps forestier féminin avant d’ajouter : « J’ai même coupé des arbres sur la propriété de votre oncle le duc de Gloucester ». Par ailleurs, le duc d’Édimbourg a paru fort amusé d’entendre un vétéran de l’armée et policier de la Sûreté municipale rimouskoise, Maurice Brisson, raconter qu’il était boxeur à Londres durant la Deuxième Guerre mondiale et même « crooner » pour amuser les soldats durant les émissions radiophoniques spéciales sur les ondes britanniques.

En tout, la visite à Rimouski de la princesse Élisabeth et du prince Philip a duré exactement 16 minutes. Le train s’est ensuite dirigé vers Mont-Joli, dernière étape du voyage en terre québécoise, où le couple était attendu par 6000 personnes.

Pratiquement trois mois jour pour jour après son passage chez-nous, le 6 février 1952, la princesse Élisabeth accédait au trône du Royaume-Uni à l’âge de 25 ans.

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