Pénurie de pharmaciens dans les établissements de santé
La pénurie de main-d’oeuvre chez les pharmaciens des établissements de santé du Québec (A.P.E.S.) se poursuit et elle atteint un seuil critique au Bas-Saint-Laurent avec 23 % de poste non comblé comparativement à 18 % pour l’ensemble du Québec.
Selon la dernière enquête annuelle de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec, le taux de pénurie dans les établissements du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent s’élevait à 23 %, soit 10 postes de pharmaciens d’établissements non comblés au 1er avril 2021. Les jours de dépannage se sont quant à eux élevés à 300 jours.
« À une époque c’était une question de salaires. Les pharmaciens propriétaires avaient besoin de main d’oeuvre et ils étaient agressifs. Aujourd’hui, les salaires sont comparables. Le problème, c’est qu’il faut valoriser la profession de pharmaciens en établissements. Il faudrait aussi que le gouvernement fasse un peu comme avec les préposés aux bénéficiaires et qu’il mette tout en œuvre pour augmenter le nombre de diplômés qui est actuellement de 80 à 85 par année. À ce rythme, nous n’arriverons jamais à combler les postes. Il ne faudrait pas attendre d’être au pied du mur avec d’importantes ruptures de services avant de réagir », commente Linda Vaillant, pharmacienne et directrice générale de l’A.P.E.S.
Le manque de pharmaciens d’établissements continue de se faire sentir dans toutes les régions du Québec. Cette pénurie perdure maintenant depuis 20 ans.
Des répercussions sur la couverture de soins
L’insuffisance de pharmaciens est d’autant plus préoccupante du fait qu’elle affecte l’ensemble de la couverture de soins pharmaceutiques du réseau de la santé. En effet, selon des données internes de l’A.P.E.S., de nombreux CHSLD n’ont pas de pharmaciens pour prendre en charge la pharmacothérapie des patients et la situation est tout aussi problématique pour les soins de courte durée. Par exemple, au Québec, seulement 27 % des besoins de soins pharmaceutiques des patients sont couverts en santé mentale (clientèle hospitalisée), alors qu’ils sont couverts à 42 % dans les urgences et à 26 % pour les patients atteints de maladies rénales, dont ceux en dialyse (clientèle des cliniques ambulatoires).
« Et ça risque d’empirer avec le déploiement des maisons des aînés. Tout en visant à combler les besoins actuels, il faut aussi voir venir à moyen terme et considérer ceux que génèrent le vieillissement de la population, la multiplication des maladies chroniques et la construction de nouvelles infrastructures en santé, comme les maisons des aînés et alternatives ainsi que les nouveaux hôpitaux. Car on devra inévitablement créer des postes dans tous ces milieux pour répondre aux besoins croissants », fait valoir Linda Vaillant, en entrevue au Journal Le Soir.
L’A.P.E.S. évoque des solutions et offre sa collaboration
Pour parvenir à des solutions durables, l’A.P.E.S. souhaite travailler de concert avec le gouvernement du Québec. « La nouvelle entente de travail contribuera certainement à soutenir les efforts d’attraction et de rétention de pharmaciens en établissement. On doit cependant s’assurer en tout temps de demeurer compétitif avec les pharmacies privées sur le plan du salaire offert aux pharmaciens salariés. Autrement, le réseau de la santé et des services sociaux perdra des candidats », rappelle la directrice générale de l’A.P.E.S.
« Si l’on veut parvenir à des solutions complètes et durables, le gouvernement devra aussi poser des gestes concrets pour valoriser la profession et encourager la réalisation de la maîtrise en pharmacothérapie avancée. C’est primordial pour doter les établissements de santé de pharmaciens adéquatement formés dans tous les secteurs de soins où leur expertise est nécessaire. Il y a urgence d’agir », poursuit Mme Vaillant.