Legault promet 5 000 postes de fonctionnaires en région
Mais pas de directions régionales!Le gouvernement du Québec a annoncé cet après-midi un plan de régionalisation qui vise à transférer 5 000 emplois de l’administration publique dans des régions périphériques d’ici 2028.
Cette annonce dévoilée par le premier ministre François Legault recevait un accueil mitigé en fin de journée.
Des 5 000 emplois annoncés, au moins 2 000 seront transférés hors des grands centres d’ici le 30 septembre prochain, trois jours avant les élections générales.
« En plus des retombées économiques et sociales importantes engendrées par le transfert de 5 000 postes dans les régions du Québec, le plan de régionalisation constitue un levier pour offrir de meilleurs services publics à tous les Québécois, et ce, peu importe leur localisation, sur notre vaste territoire », indique un communiqué du cabinet du premier ministre.
Élargir le bassin
« Le transfert en région de ces emplois contribuera également à augmenter l’expertise de l’État sur les différents enjeux locaux. Il permettra également aux futurs candidats de viser une carrière dans l’administration publique sans avoir à quitter leur région natale. En plus d’élargir le bassin de main-d’œuvre, il permettra à l’État de bénéficier de talents provenant de partout au Québec », ajoute la communication officielle.
« Cette annonce vient concrétiser l’engagement de déconcentrer les services de l’État pris par monsieur Legault lors de notre Congrès de 2018. Ceci aura pour effet d’accroître la présence de fonctionnaires dans nos collectivités, contribuant ainsi à leur dynamisme et à leur vitalité. À titre de porte-parole des régions, la FQM est persuadée qu’une présence accrue sur le territoire redonnera aux ministères le goût d’adapter leurs politiques et programmes en fonction des besoins de nos régions, ce qui les rendra plus efficaces », a réagi Jacques Demers, président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM).
Pas plus que ça…
Le premier ministre est en campagne électorale. « C’est clair », dit le député de Rimouski, Harold LeBel. Il se dit content pour les MRC dévitalisées qui verront des emplois s’implanter chez elles, mais pas plus que ça… « C’est bien beau parler de 2 000 emplois transférés en région d’ici les élections et de 3 000 de plus d’ici 2028, mais de quel genre d’emploi on parle, là? On parle d’un ou une fonctionnaire qui effectue un travail courant qui va prendre sa retraite à Québec et dont le poste sera transféré à Gaspé, Matane ou Baie-Comeau, en télétravail. Ça va faire des gens qui s’installent dans ces MRC mais rien de plus, s’il n’y a pas de réel pouvoir décisionnel. On ne parle pas de nous redonner des bureaux de directions régionales qu’on a déjà eues, à ce que je sache », a souligné monsieur LeBel lorsque joint par le Journal Le Soir.
Trois moyens
La régionalisation de ces emplois se réalisera par trois différents moyens, a précisé le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) :
• l’embauche, en région, d’emplois devenus vacants dans les zones urbaines;
• la création de nouveaux emplois en région;
• le déplacement des emplois en zone urbaine vers les régions à la suite du déménagement volontaire des personnes qui les occupent.
Priorité aux municipalités dévitalisées
Le gouvernement s’engage à ce que ses ministères et organismes priorisent la régionalisation de leurs emplois dans les municipalités régionales de comté (MRC) dont l’indice de vitalité économique est le plus faible. Par conséquent, les municipalités qui ont le plus besoin d’emplois de qualité bénéficieront des postes créés et transférés, ce qui renforcera la croissance économique sur leur territoire.
La FQM appuie cet aspect de la démarche sans réserve : « La FQM appuie la démarche du gouvernement consistant à favoriser d’abord les MRC dévitalisées. »
« Le transfert d’emplois gouvernementaux signifie l’arrivée de travailleurs et de nouvelles familles qui viendront s’établir partout dans les communautés. Ceci aura pour effet de diversifier la démographie et de dynamiser les milieux. Il n’est pas seulement question de survie des territoires, mais bien de saisir une occasion unique de mettre en valeur toutes les ressources des régions et de préserver la diversité régionale qui a toujours fait la force du Québec », a insisté monsieur Demers.
Inventaire
« Les ministères et organismes ont déjà commencé à procéder à l’embauche pour leurs emplois et à dresser l’inventaire de leurs bureaux en région afin d’avoir un portrait clair quant à la disponibilité. Cela permettra une augmentation de la présence de personnel de l’administration publique dans les régions québécoises, qui bénéficieront d’un accroissement du nombre de leurs emplois pour des années à venir », assure Québec.
Quinze bureaux gouvernementaux partagés seront implantés sur l’ensemble du territoire québécois. Pour soutenir le déploiement de ce plan. Ils pourront accueillir les employées et employés de diverses organisations de l’administration publique.
De Matane à New Richmond
Ainsi, les premiers bureaux seront implantés à Matane, à Alma, à La Malbaie, à Shawinigan, à Lac-Mégantic, à Maniwaki, à La Sarre, à Baie-Comeau, à Gaspé, à New Richmond, à Thetford Mines, à Rawdon, à Rivière-Rouge, à Sorel-Tracy et à Victoriaville. D’autres pourront s’ajouter, au fil des ans, selon les besoins des organisations gouvernementales.
Faire rouler l’économie
« Je suis fier d’affirmer que nous remplissons une de nos grandes promesses pour les régions. En 2018, on s’était engagé à transférer, sur 10 ans, 5 000 emplois de la fonction publique de Québec et Montréal vers les régions. Aujourd’hui, je suis très fier de vous dire qu’on va livrer la marchandise. Au total, on va donc avoir transféré au moins 5000 postes d’ici le 30 septembre 2028, dont au moins 2 000 d’ici le 30 septembre 2022. Ça va nous donner un levier de plus pour créer des emplois de qualité dans les régions qui en ont le plus besoin. Ça va inciter nos jeunes à rester en région. Ça va permettre d’attirer des nouvelles familles dans des plus petites municipalités et de faire rouler l’économie de la place. C’est pour ça qu’on va prioriser les MRC qui ont un indice de vitalité économique moins élevé », a déclaré François Legault.
Présence plus importante
« Le développement économique régional a toujours été une priorité pour notre gouvernement. C’est pourquoi je suis fière d’annoncer ce plan, car il contribuera à revitaliser nos régions, partout au Québec. Grâce à ces emplois, les régions plus éloignées des grands centres pourront accueillir de nouveaux travailleurs, mais aussi des familles. Ainsi, avec la présence plus importante du personnel de l’État dans les régions, la fonction publique améliore de façon considérable la vitalité de celles qui en ont le plus besoin et, donc, contribue à l’essor économique de l’ensemble du Québec », a renchéri Sonia LeBel, ministre responsable de l’Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor.