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Nouvelle de 18 h

Rimouski-Neigette a plus besoin d’espace, que de fonctionnaires

(Photo: capture d’écran-MRC Rimouski-Neigette-Triango)

La MRC Rimouski-Neigette a bien davantage besoin d’espace pour construire des maisons et des édifices à logements afin d’accueillir de nouveaux travailleurs, que de fonctionnaires mutés par Québec.

C’est ce qui ressort d’une entrevue avec le maire de Saint-Anaclet, Francis Saint-Pierre, à propos de deux sujets qui ont marqué l’actualité cette semaine. Il s’agit de la crise du logement, alors que le taux d’inoccupation atteint un plancher record (0,2%), et le transfert de fonctionnaires en région, alors que le premier ministre Legault annonçait hier que 2 000 postes seraient transférés en région d’ici le 30 septembre.

Ce dernier a ajouté que 3 000 autres emplois de fonctionnaires seraient créés ou redirigés vers les régions d’ici 2028, pour un total de 5 000. Cela correspond à un engagement pris sur 10 ans par François Legault en 2018, devant un auditoire composé de membres de la Fédération québécoise des municipalités (FQM). Monsieur Saint-Pierre est l’un des représentants de la région au sein de cet organisme.

Liste

Les MRC visées par le programme gouvernemental sont celles qui sont réputées dévitalisées. Ainsi, les premiers bureaux seront implantés à Matane, à Alma, à La Malbaie, à Shawinigan, à Lac-Mégantic, à Maniwaki, à La Sarre, à Baie-Comeau, à Gaspé, à New Richmond, à Thetford Mines, à Rawdon, à Rivière-Rouge, à Sorel-Tracy et à Victoriaville.

« Puisque le programme s’adresse aux MRC dévitalisées, c’est en soi une bonne nouvelle si Rimouski-Neigette n’en fait pas partie. Par contre, je suis bien heureux pour les régions qui vont en bénéficier et qui en ont bien besoin », souligne monsieur Saint-Pierre.

Pas d’hier

« Monsieur Legault essaie de remplir une promesse électorale, mais on ne sera même pas capable d’en mesurer la portée, avec cette échéance de 2028. Il n’y aura pas 5 000 fonctionnaires en région, en date du 3 octobre. J’ai parfois l’impression que j’entends ça depuis mes premières années d’implication en politique, dans les années 1980. La décentralisation, ça a presque toujours été une demande et ça fait partie de nos revendications. De toute façon, Rimouski est déjà une ville de fonctionnaires, alors on ne peut pas se plaindre, mais parler pour la région. Mais on peut se permettre de demander une présence dans le maritime, dans la faune et dans la forêt, qui pourraient se situer en région sans problème », soutient monsieur Saint-Pierre.

De l’espace

« Mais encore faut-il pouvoir loger les personnes qui veulent venir travailler ici », rappelle monsieur Saint-Pierre.

« Bref, monsieur Saint-Pierre, Rimouski-Neigette a plus besoin d’espace que de fonctionnaires? », lui demande-t-on. Monsieur Saint-Pierre acquiesce à la formule : « Pour accueillir des gens, ça prend de la place pour les loger. »

Le Journal Le Soir lui signale que la campagne électorale provinciale semble amorcée. C’est le bon moment d’attirer l’attention du gouvernement sortant sur un enjeu local.

« La pandémie a entraîné une migration dans les régions qui dure depuis deux ans. La pénurie de logement reste un défi majeur. Et on voudrait attirer des travailleurs?!. Mettons que Costco ouvre à Rimouski demain matin et qu’il y a 300 emplois créés, on les installe où? Peu importe les personnes qui changeront d’emploi d’un endroit à l’autre, il y aura quand même un solde de 300 personnes à loger. On les mettrait où? En plus, il y a un marché pour locatif, car il y a des gens qui n’aiment pas ou ne veulent pas être propriétaires », se demande le préfet.

Recette miracle

« Je n’ai peut-être pas la recette miracle, mais à partir du temps où on a du terrain disponible et qu’on est ouvert au développement, on peut faire quelque chose. Un assouplissement des règles encadrant la gestion du territoire agricole serait le bienvenu. Dans les demandes que les municipalités déposeront en lien avec leurs schémas d’aménagement, c’est clair qu’il y aura cet aspect. Quand la loi a été mise en place, il y a des zones qui ont été teintées vertes qui sont complètement incultivables. À l’heure actuelle, la réponse, c’est toujours non! C’est toujours que c’est vert et que ça va rester vert! », fait remarquer Francis Saint-Pierre.

Des secteurs pourraient être construits

« Il y a une bonne partie des demandes d’agrandissement du périmètre urbain qui sont acceptées, mais celles qui sont acceptés sont en très grande majorité autour des grands centres. On peut lancer le message au gouvernement qu’il aurait intérêt à assouplir les règles encadrant la gestion du territoire agricole pour faciliter le développement résidentiel et ainsi l’emploi », croit-il.

Francis Saint-Pierre (Photo: courtoisie MRC Rimouski-Neigette)

Parfaitement!

« Je sais parfaitement, comme producteur agricole, qu’il y a des secteurs qui pourraient être construits, parce qu’ils ne servent ni à l’agriculture ni à la forêt. Ici, à Saint-Anaclet, ça fait je ne sais plus combien de temps qu’on discute de la route Neigette. On nous a dit : « oubliez ça! Ça ne se fera pas ». Ce sont des caps de pierre, mais il y a quand même des gens qui veulent aller là. Avec la technologie de nos jours, on peut construire là. On dirait qu’on ne réfléchit pas : il y a une tache verte sur la carte et tu as beau apporter les arguments que tu veux, c’est ça qui est ça », raconte le maire de Saint-Anaclet.

Application logique

« Les maires de Rimouski-Neigette ne revendiquent pas les plus belles terres agricoles, ils revendiquent une application logique (du cadre réglementaire). Il y a des endroits qui sont carrément incultivables, le long de nos chemins. On rentabiliserait nos infrastructures; on ne nuirait pas à l’agriculture et on attirerait des gens dans la région. La loi sur l’occupation du territoire, ce ne sont ni la Ville de Rimouski ni la MRC Rimouski-Neigette qui l’ont adoptée, c’est le gouvernement du Québec. C’est sa responsabilité. »

« Faisons un développement intelligent; prenons le temps de bien regarder et nous pourrons trouver, partout dans Rimouski-Neigette, des endroits où on n’enlèvera pas un pouce de terre cultivable et où on pourra apporter du développement résidentiel. Nos municipalités ne s’en retrouveraient qu’en meilleure santé financière parce qu’il y aurait un apport de revenu supplémentaire. En plus, l’agriculture ne serait pas perdante, car on n’aurait pas touché à de vraies terres agricoles », conclut monsieur Saint-Pierre.

Évaluation

Un autre problème sur lequel le préfet de Rimouski-Neigette aimerait travailler, c’est la disparité de l’évaluation foncière d’une municipalité de la MRC à l’autre, qui défavorise l’accès aux prêts hypothécaires et à la propriété.

Ci-dessous, une vidéo traitant justement de l’agriculture, préparée pour la MRC Rimouski-Neigette par la firme Triango.

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