Mettre fin à « l’école à trois vitesses »
École ensemble a dévoilé son « Plan pour un réseau scolaire commun », un vaste projet visant à assurer l’égalité des chances en éducation.
Fruit de deux ans de travail, ce projet démontre qu’il est possible de mettre fin à la concurrence en éducation par laquelle des écoles peuvent choisir leurs élèves tout en étant subventionnées en grande partie par tous les contribuables.
Il y a quelques jours, des personnalités québécoises provenant de plusieurs milieux, dont le sociologue Guy Rocher, avaient publié une lettre en faveur d’une telle refonte : « Il s’agit du projet le plus cohérent pour revenir à l’intention du rapport Parent et enfin régler le problème », estime monsieur Rocher.
Une réforme scolaire attendue par les Québécois
Selon un sondage CROP commandé par École ensemble, un Québécois sur deux pense que le système de l’éducation s’est détérioré depuis trois ans, alors que seulement 10 % de la population croit qu’il s’est amélioré. Selon le même sondage, 91 % des Québécois croient aussi que le gouvernement devrait faire de la refonte du système scolaire une priorité.
« Le Plan pour un réseau scolaire commun » met de l’avant cinq principes.
1. Un réseau commun.
Le Plan propose la création d’un réseau commun qui mettra à l’abri du marché́ scolaire les écoles publiques et les écoles privées conventionnées.
Parallèlement, un statut d’école privée non conventionnée sera aussi disponible pour les établissements privés actuels qui voudront être hors du réseau commun.
Les élèves seront admis dans leur école du réseau commun, peu importe la capacité de payer de leurs parents. La gratuité scolaire sera effective. À l’image du modèle finlandais, les écoles privées conventionnées seront donc financées à 100 % par l’État, c’est-à-dire autant que les écoles publiques. Les écoles privées non conventionnées, quant à elles, ne recevront aucun financement public.
La firme CROP a également mesuré l’intérêt du système d’éducation commun finlandais auprès des parents québécois. Les résultats sont stupéfiants : 85 % des parents affirment que ce système d’éducation commun est un modèle assez ou très intéressant et 95 % de ceux-ci se sont montrés favorables à mettre le système finlandais commun en place au Québec.
« Le réseau commun offre aux familles du Québec une école de proximité, la gratuité scolaire, des choix de parcours particuliers pour tous, ainsi que des écoles équilibrées et diversifiées », a déclaré le coordonnateur d’École ensemble, Stéphane Vigneault.
2. Aller à l’école du quartier.
Les élèves seront associés aux écoles en fonction de leur bassin scolaire de proximité. Aucune école primaire ou secondaire du Québec, publique ou privée conventionnée, ne disposera du droit de sélectionner ses élèves.
Autrement dit : une adresse, un bassin scolaire, une école. Les frontières des bassins scolaires seront établies de manière à optimiser la proximité, la capacité d’accueil des écoles et la mixité socio-économique.
Pour développer un modèle de carte scolaire équitable, École ensemble a été appuyé par des chercheurs de l’Université de Zurich regroupés au sein du Zentrum für Demokratie Aarau et de la firme suisse Ville juste.
3. Offrir un choix de parcours particuliers à tous.
Chaque école secondaire offrira à tous ses élèves un libre choix de parcours particuliers gratuits.
4. Une transition sur six ans.
Le Plan prévoit de faire bénéficier dès l’an 1 à tous les parents de la gratuité scolaire si leur école privée se conventionne. Si une école privée décide de ne pas se conventionner, la fin des subventions sera graduelle pour prévenir un choc tarifaire pour les parents dont les enfants fréquentent actuellement cette école.
5. Des économies substantielles et récurrentes.
Une étude commandée à l’économiste François Delorme de l’Université de Sherbrooke montre que l’implantation du réseau commun entraînera à terme des économies annuelles nettes d’environ 100 millions de dollars en fonds publics.
« Il s’agit d’une opportunité de taille pour le Québec, puisque la refonte proposée semble exempte du compromis entre promotion de l’équité et efficacité financière, auquel échappent pourtant peu de décisions à caractère économique », a fait remarquer François Delorme qui est économiste à l’Université de Sherbrooke.
À propos d’École ensemble
Fondé par des parents d’élèves en juin 2017, École ensemble anime un espace de réflexion et de mobilisation afin que le Québec se dote d’un système d’éducation équitable en mettant fin à la discrimination scolaire causée par les réseaux privés subventionnés et public sélectif.