40 % des travailleurs de la santé sont épuisés
50% d’entre eux ont l’intention de quitter leur emploiUne nouvelle étude nationale constate qu’il est primordial de permettre aux membres du personnel soignant de prendre eux-mêmes leur santé psychologique en charge et de se protéger de la détresse morale.
Le rapport met en évidence les obstacles importants que les travailleurs ont connus avant et pendant la pandémie de COVID-19.
Selon la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), le rapport, élaboré en collaboration avec le Centre d’études sur les soins primaires de l’Université Queen’s et le Pôle santé HEC (Hautes études commerciales) Montréal, révèle que 40 % des travailleurs de la santé sont épuisés, que 50 % ont l’intention de quitter la profession et que seulement 60 % sont satisfaits de la qualité des soins qu’ils prodiguent.
Professions
Dans le cadre de l’étude, les répondants interrogés étaient issus de diverses professions de la santé, notamment les infirmiers (31 %), les travailleurs sociaux (12 %) et les préposés aux bénéficiaires (11 %). La plupart des répondants travaillaient dans les hôpitaux (36 %), les soins à domicile et en communauté (13 %) et les soins de longue durée (13 %).
Au total, 982 travailleurs de la santé de l’ensemble du Canada ont été interrogés de décembre 2021 à février 2022. Des données qualitatives ont également été recueillies auprès de 30 participants à des entrevues.
Détresse morale
« Les résultats suggèrent qu’une plus grande détresse morale est liée à des niveaux plus élevés d’épuisement professionnel et d’intention de quitter sa profession, tandis qu’une meilleure gestion de sa propre santé est liée à des niveaux plus faibles d’épuisement professionnel et d’intention de départ », explique-t-on également.
Plus grave
Alors que presque tous les obstacles liés à la pandémie découlaient d’une pénurie de personnel, les personnes interrogées ont souligné qu’il s’agissait d’un problème existant qui s’est aggravé pendant la pandémie.
« Les travailleurs de la santé sont parmi les professionnels les plus résilients et les plus dévoués qui soient, et pourtant, la plupart sont à bout de souffle. Les milieux de travail et les travailleurs de la santé, qui sont poussés au-delà de leurs capacités après deux ans et demi de pandémie, méritent toute l’attention de ceux qui sont en mesure d’apporter des changements », en retient Colleen Grady, DBA, de l’Université Queen’s.
Plus facile d’en parler
Sur une note positive, les personnes interrogées estimaient que la stigmatisation relative aux enjeux de santé mentale avait diminuée et que leur capacité de discuter de leurs difficultés personnelles avec leurs pairs s’était améliorée.
Les professionnels de la santé ont également formulé des suggestions à court et à long terme pour favoriser l’autogestion de la santé psychologique et réduire la détresse morale.
Des suggestions pour se sentir mieux :
- prioriser la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail par la sensibilisation, la mise en place de stratégies ciblées et d’actions concrètes;
- déployer tous les efforts nécessaires pour offrir des congés adéquats aux travailleurs de la santé;
- préconiser des ressources durables (humaines et financières);
- intégrer des politiques et des procédures opérationnelles pertinentes et adéquates en vue de soutenir les travailleurs de la santé, notamment des protocoles de soutien bien définis (p. ex. faire un bilan à la suite d’événements marquants);
- instaurer un environnement de travail fondé sur des principes éthiques;
- améliorer les stratégies en matière de santé et bien-être au travail.