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Solange Charest n’a rien perdu de sa passion

Elle commente le résultat des élections et la situation politique
Madame Charest sur une photo récente. (Photo: courtoisie)

Une conversation avec Solange Charest, celle qui a précédé Maïté Blanchette Vézina comme députée féminine de Rimouski à l’Assemblée nationale il y a 28 ans, pour deux mandats comme représentante du PQ, s’avère toujours passionnante.

Premier constat: madame Charest n’a rien perdu du goût de la chose publique ni du sens de la répartie de la femme politique qu’elle était… et qu’elle est toujours si on en juge son implication. On l’a vue aux côtés du candidat du Parti Québécois Samuel Ouellet pendant la dernière campagne électorale. C’est madame Charest qui a initié le règne de 28 ans du Parti Québécois à Rimouski qui vient de s’éteindre.

Ce règne aurait pu être encore plus long, n’eut été des deux victoires du libéral Michel Tremblay, élu en 1985 et en 1989. C’est lui que madame Charest a battu, entre autres, lors de sa première élection en 1994.

Notons au passage qu’Alain Marcoux, un homme à la feuille de route pour le moins impressionnante, est le dernier ministre de Rimouski au niveau provincial. Il a notamment occupé le poste de ministre des Affaires municipales. Il a été élu la première fois lors du grand soir péquiste du 15 novembre 1976, puis réélu en 1981. Irvin Pelletier a précédé Harold LeBel, le député sortant.

Au conseil des ministres

On peut considérer que madame Charest a été « presque ministre », puisqu’elle a occupé un poste de secrétaire d’État. « Je travaillais sous la gouverne de Pauline Marois qui, elle, était notamment ministre des Finances, mais aussi ministre de la Recherche, de la Science et de la Technologie (NDLR : qui était le champ d’action de madame Charest). Je participais à certaines réunions du conseil ministériel et j’avais un chauffeur/garde du corps avec un véhicule de fonction. J’étais liée par le serment du conseil des ministres. »

Madame Charest à l’époque où elle siégeait au parlement. (Photo: Assemblée nationale)

Absolument nécessaire

« Le véhicule de fonction était absolument nécessaire, puisqu’en plus de mes déplacements entre Rimouski et Québec, avec ma fonction de secrétaire d’État, j’ai voyagé beaucoup dans pratiquement toutes les régions québécoises. J’ai fait une tournée dans laquelle j’ai vu 27 centres de recherche technologiques en 2003. J’ai rencontré bien des équipes de chercheurs. On allait les rencontrer entre autres pour évaluer leurs demandes de subventions. On voulait arrimer tous ces projets pour s’assurer qu’ils se complètent au lieu de se dédoubler », se souvient madame Charest.

Comparable

Elle ajoute à ce sujet que ce poste n’existe plus : « Oui, d’une certaine façon, on peut considérer que c’était une fonction ministérielle. Toutefois, nous n’avions pas le budget qui était géré par la ministre envers laquelle j’étais imputable, madame Marois. Secrétaire d’État, c’est une fonction qui avait été créée par le premier ministre Bernard Landry, pour donner du soutien à ses ministres les plus occupés, un peu comme monsieur (Lionel) Carmant (Services sociaux) est venu en renfort à Christian Dubé (Santé), deux fonctions qui viennent d’être modifiées par le premier ministre Legault. La différence étant que nous, on ne portait pas le titre de ministre, mais de secrétaire d’État », précise-t-elle.

Vague caquiste

Le Journal Le Soir lui a fait remarquer qu’elle devait être déçue du résultat du dernier scrutin.

« On ne pourra jamais oublier, en toute honnêteté, le travail qui a été fait par le Parti Québécois, non seulement au Québec, mais aussi dans la région du Bas-Saint-Laurent et dans la Gaspésie. Le PQ a été présent pendant 28 ans successivement, à Rimouski, entre autres. C’est une vague caquiste qui a passé. On verra bien comment la machine caquiste réagira face à l’adversité. »

Un vrai chef

Un commentaire sur les dernières élections en général?

« Je ne suis pas inquiète pour l’avenir du PQ. Non, au contraire, je crois qu’il y a de l’espoir avec Paul Saint-Pierre Plamondon. Cet homme se tient debout. C’est un vrai chef! Un chef avec du leadership, qui est jeune et qui n’a pas encore acquis toutes ses lettres de noblesse. Il est cependant en train de les acquérir très sérieusement. Il gagne énormément à être connu. Nos adversaires le traitait comme une quantité négligeable et il a suffi qu’il puisse participe au premier débat pour qu’on se dise : un instant! Ce gars-là a quelque chose à dire! Ce gars-là a des idées intéressantes. »

Paul Saint-Pierre Plamondon, lors de son dernier passage à Rimouski (Photo: journallesoir.ca, Véronique Bossé)

Signes coloniaux

« Je crois qu’il y a de l’avenir. Le chef est cohérent et sa bataille contre le serment au roi Charles par rapport aux élus du Québec était de plein droit. Nous devons nous départir de tous ces signes coloniaux. Ça ne coûterait rien et ça rendrait les choses plus franches. Les gens qui sont élus à l’Assemblée nationale sont là pour servir la population québécoise et ce n’est pas une phrase creuse. Ça ne fonctionne pas quand le premier geste qu’on demande aux députés québécois de tous les partis politiques, c’est de mentir en prêtant serment au roi, tandis que 99% des Québécois ne croient pas à ce serment », déplore madame Charest.

Même Jean Charest!

« Il y a peut-être des fédéralistes qui vont bondir, mais les sondages au Québec font la preuve que la population du Québec est prête à ce que ce serment n’existe plus pour le parlement québécois. On aura beau brandir la constitution, le Québec ne l’a pas encore signée, la constitution canadienne! Quelque soit les gouvernements, même le fédéraliste Jean Charest, le Québec n’a jamais signé. On peut toujours discuter de constitution. Certains diront que la santé et l’éducation sont plus importants, mais ne peut-on pas mâcher de la gomme et marcher en même temps? Je pense que ce n’est pas un débat inutile, c’est un encouragement à l’autonomie. On est capable, on est des grands, on est des adultes! Pas des enfants! », tranche Solange Charest.

Et même les enfants!

« Et j’ajouterais que mêmes les enfants sont très autonomes de nos jours », s’amuse-t-elle, « il ne faut pas faire perdurer nos craintes du passé. Les enfants d’aujourd’hui sont autonomes et notre bataille n’est pas une bataille inutile. Ça n’empêchera pas de régler d’autres enjeux. Nos années avec des députés du Parti Québécois représentant le comté de Rimouski ont permis d’accomplir des progrès extraordinaires, même s’il reste beaucoup à accomplir. »

L’environnement

Elle émet un voeu : « J’aimerais, peu importe les partis, qu’on s’entende pour se donner un vrai plan, un plan d’ensemble pour notre développement des cinq ou 10 prochaines années. J’aimerais qu’on se préoccupe de tous les changements climatiques qui sont un incontournable, peu importe où on habite sur la planète. Il y a 10 ou 15 ans, on en parlait du bout des lèvres. Il n’y avait que des écologistes avertis qui sonnaient l’alarme, mais ils n’étaient pas assez nombreux pour que ça mobilise la majorité. Aujourd’hui, c’est bien en cours et c’est apeurant pour tout le monde. »

« Ce qui me rassure, c’est le fait que François Legault, avec qui j’ai déjà travaillé de très près, va présider le comité de la transition énergétique. Je craignais qu’il laisse ça à monsieur Fitzgibbon. Il est très compétent en économie, mais je ne veux pas qu’il soit seul à décider de la transition vers une économie qui tient compte de tout ce qu’on doit protéger pour contrer les gaz à effets de serre et compagnie. Plusieurs ministres qui siègent sur ce comité sont très pertinents en termes de vocation. C’est aussi un plus d’avoir la présidente d’Hydro Québec sur ce comité. C’est une innovation et c’est de bon augure », prévoit-elle.

Une déception

Invitée à commenter la nomination de madame Blanchette Vézina, madame Charest mentionne : « Je vais attendre de voir les résultats. Ce qui me déçoit, c’est qu’on n’ait pas nommé de ministre pour la Gaspésie et les Iles. Les Gaspésiens et les Madelinots ont travaillé très fort pour avoir leur autonomie régionale et c’est justifié car leurs problématiques ne sont pas les mêmes. »

« Nous avons tous des atomes crochus dans l’Est du Québec, c’est vrai, mais nous avons aussi des atomes disparates. Les problématiques ne se posent pas de la même façon. J’aurais monsieur Legault nomme quelqu’un pour la Gaspésie, tout n’enlevant rien à madame Blanchette Vézina. J’attends de la connaître davantage. »

Maïté Blanchette Vézina accède au conseil des ministres du gouvernement Legault. (Photo: Facebook-Maïté Blanchette Vézina députée)

Monique Vézina

Par ailleurs, des lecteurs nous ont fait remarquer que le nom de Vézina est aussi synonyme de députée-ministre représentant le comté de Rimouski (Neigette-Témiscouata-Les Basques), mais cette fois au niveau fédéral et avec le prénom de Monique. Madame Vézina, qui est toujours en vie et en bonne santé, a servi deux mandats sous Brian Mulroney.

Monique Vézina. (Photo: Ordre du Québec)
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