Changement de garde au PQ
Alain Dion quittera la présidenceLa défaite du Parti Québécois dans Rimouski après un règne de 28 ans, il y a un mois, témoigne d’un besoin de renouveau au sein de son organisation, ce que le président de l’Association de comté, Alain Dion, confirme en annonçant son départ.
Monsieur Dion est dans une période de sa vie où il a besoin de recul, témoigne-t-il dans une entrevue exclusive au Journal Le Soir. Il a été président de l’organisation rimouskoise de 2010 à 2014, puis de 2018 à 2022. C’est Mathieu Bernier qui a occupé le poste entre 2014 et 2018.
Alain Dion est aussi un militant syndical et un enseignant qui prendra sa retraite en janvier prochain. On l’a peu vu sur le terrain pendant la campagne électorale. Cela ne l’a pas empêché de donner tout l’appui possible au candidat Samuel Ouellet. Alain Dion aura donc côtoyé les députés Irvin Pelletier et Harold LeBel comme président de l’Association de comté.
Reprendre son souffle
« J’ai annoncé aux membres du comité exécutif, au printemps, alors que nous effectuions la transition avec le comité électoral en vue des élections, que j’avais décidé de me retirer. J’étais « brûlé » et j’avais beaucoup de travail en enseignement. Il y avait aussi mon implication syndicale qui demandait beaucoup, ainsi que mon implication dans le Mouvement Patriote du BSL. Tout ça m’a incité à prendre du recul. C’est un peu pour ça qu’on ne m’a pas beaucoup vu pendant la campagne électorale », confie monsieur Dion.
« J’ai travaillé un peu dans la campagne, mais comme militant. Je me suis exposé. J’ai tenu une « maison d’appel » pour qu’on fasse sortir le vote, mais je n’ai pas fait campagne à titre de président. J’avais vraiment besoin de reprendre mon souffle. Ça n’a rien à voir avec la candidature de Samuel et il le sait. J’étais vraiment au bout du rouleau le printemps dernier », poursuit-il.
Ressourcement
En effectuant un périple sur les traces de l’une de ses idoles, Jack Kerouac, l’été dernier, Alain Dion s’est fait du bien, tout comme en assistant à quelques spectacles musicaux.
« La joie de prendre la route, le pèlerinage, c’est quelque chose d’important pour moi. Je me suis rebranché sur mes principales passions et j’en ai profité pour me reposer l’esprit, vraiment. Ça a fait un bien énorme. J’ai rechargé mes batteries, tellement que même si je ne fais plus partie du comité exécutif dorénavant, je demeure un militant syndical engagé. Je prévois toutefois prendre ma retraite d’enseignant en janvier 2023. Il me reste une dernière session, mon dernier tour de piste! »
Analyse de la défaite
Alain Dion a fait son analyse de la défaite électorale de son parti. Il constate qu’effectivement, le moment est propice à une relève de la garde.
« Il y a d’abord la vague caquiste à considérer en premier, c’est indéniable. Ça a été une vague encore plus forte que je ne le croyais, parce qu’on n’a pas vu sur le terrain, dans les semaines précédant la campagne électorale, de militants de la CAQ s’activer. Ce sont plutôt des professionnels, la « gang » de Jonathan Valois, la grosse équipe, qui sont venus appuyer la candidate de la CAQ pendant la campagne. On a vu que la CAQ a mis les moyens, en débarquant avec sa grosse machine. Ça explique un peu pourquoi on n’a pas vu venir les choses. »
Poussière et monarchie
« Il y a peut-être aussi un essoufflement, au parti. On laisse retomber la poussière et c’est parfait ainsi. Il faut prendre le temps de bien analyser la défaite, mais il y a de belles bases pour relancer tout ça : la belle campagne qu’a fait le chef, Paul Saint-Pierre Plamondon, le renouveau dans la base, l’importance de la question nationale, qui demeure bien d’actualité. Si je pense à la question de la monarchie, aussi, je crois qu’il fallait brasser cette soupe, même si on n’y passera pas toute l’année. La question de la langue française demeure d’actualité. Le Parti Québécois a encore été le seul à aller au bâton là-dessus », déclare monsieur Dion.
Comité de réflexion
« Il y a des bases pour repartir le mouvement et je crois que de prendre un temps d’arrêt, c’est ce qu’on doit faire à Rimouski, aussi. Avec la retraite, je trouverai peut-être de l’énergie pour participer à la suite de cette relance. Je ne dis pas comme président, mais au moins, je serais prêt à faire partie du comité de réflexion parce que je crois toujours, tellement, en notre cause. »
Rimouski toujours indépendantiste
« C’est (la question nationale) plus urgent que jamais et le seul qui porte l’idéal, c’est le Parti Québécois. Pour en revenir à l’élection, peut-être aussi que les gens ont eu envie de se rapprocher du pouvoir. On l’a déjà vécu. Le retour des Libéraux avec Michel Tremblay (député de 1985 à 1994), à l’époque, ça avait été un peu ça. Le mouvement est encore fort. Je n’ai pas senti qu’il y avait une baisse de souverainistes. D’ailleurs, Québec solidaire compte aussi des souverainistes, alors je pense que, clairement, Rimouski demeure un comté indépendantiste », rappelle finalement Alain Dion.
Hommage
« Oui, on analyse le résultat et on aura l’occasion de reparler de tout ça, mais je souhaite avant tout rendre hommage à Alain. Il y a ses huit années d’implication comme président, mais avec Alain, c’est beaucoup plus que ça. C’est un citoyen émérite impliqué dans sa communauté. Il continuera certainement de le faire. Mais son implication au sein du Parti Québécois est exemplaire. »
« Pendant toutes ces années, il a su mettre en lumière les valeurs sociales démocrates et indépendantistes qu’on défend de manière brillante. On comprend cependant qu’avec ses projets de retraite et certains engagements personnels, Alain veut passer à une autre étape de sa vie. On le remercie pour tout ce qu’il a fait dans les dernières années et bon succès pour la suite », commente Samuel Ouellet.
L’assemblée générale de l’Association de comté aura lieu en novembre et c’est là qu’il y aura la passation des pouvoirs.
Il y a un mois, le Parti Québécois s’inclinait devant la CAQ et cédait le comté de Rimouski pour la première fois en 28 ans. (Images: Journallesoir.ca, Véronique Bossé)