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La plaignante s’est décidée après avoir essayé d’oublier

Procès de l'ex-député de Rimouski, Harold LeBel
L’ex-député de Rimouski, Harold Lebel (Photo courtoisie)

Le témoignage de la plaignante au procès de l’ex-député de Rimouski Harold LeBel, accusé d’agression sexuelle, s’est poursuivi ce mercredi au 3e jour du procès qui se tient devant un juge et un jury au palais de justice de Rimouski.

En avant-midi, la procureure de la Couronne, maître Manon Gaudreault, est revenue sur les détails entourant la fameuse soirée et nuit d’octobre 2017 où les gestes reprochés à Harold LeBel auraient été commis.

La plaignante, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, a raconté qu’elle se trouvait à Rimouski avec une amie dans le cadre d’une activité professionnelle. Les deux femmes devaient passer deux nuits au condo de l’accusé situé au centre-ville de Rimouski.

Lit escamotable

« La première soirée, tout s’est bien passé. Mon amie et moi avons dormi dans le lit escamotable dans le salon. Lors de la deuxième soirée, mon amie est allée se coucher vers minuit. Nous avions pris quelques verres. Après le départ de mon amie, la discussion est devenue plus personnelle. Monsieur LeBel disait trouver difficile sa récente séparation et se sentir seul. Il semblait très déprimé. Il s’est approché de moi. Il a mis sa main sur ma cuisse et il m’a embrassé. J’ai été surprise. Je ne m’attendais pas à ça. Nous n’étions pas du tout en « mode » séduction », raconte-t-elle.

Un comportement agressif

La victime présumée a alors émis le souhait d’aller se coucher. Monsieur LeBel se serait alors fait insistant. « Il m’a dit pourquoi pas? Reste. Il a défait mon soutien-gorge dans le corridor menant à la salle de bain. Je lui ai dit que j’allais prendre ma douche et j’ai barré la porte. Il a rouspété et il s’est fait très insistant. Il avait un comportement agressif. Je ne le reconnaissais plus. Je ne savais pas quoi faire. »

Une nuit d’attouchements

La plaignante va se coucher dans le lit escamotable du salon. Quelques minutes plus tard, l’accusé revient et lui demande s’il peut se coucher près d’elle. « J’ai dit ok. Je pensais que ça le calmerait. Après 10 minutes, il a commencé à me flatter les fesses, puis à les serrer, puis il passé ses doigts dans ma craque de fesse et il a tenté d’insérer un doigt dans mon anus. Ça été un enchaînement. Ça a duré des heures. Je me disais que ça allait arrêter. Ça n’a jamais arrêté. Il n’y a eu aucune parole. J’ai gardé les yeux fermés pour qu’il pense que je dormais, mais je n’ai pas dormi de la nuit. »

Elle voulait oublier

La plaignante a dit qu’elle ne voulait pas porter plainte. Elle a dit vouloir oublier les événements, mais qu’elle n’y est pas parvenue. C’est lorsqu’elle entend parler de l’existence d’une ordonnance de non-publication pour protéger les plaignants qu’elle commence à se questionner. C’est aussi l’époque du mouvement « Moi aussi/Me too » qui incitait les victimes à dénoncer leurs agresseurs.

« Je ne voulais pas que mon nom sorte publiquement. Je ne voulais pas faire vivre ça à mes parents. En février 2020, je me suis décidée à aller faire une déposition à la police », précise-t-elle.

Un échange de courriels

En février 2021, la plaignante a envoyé un courriel à l’accusé pour lui expliquer pourquoi elle l’évitait. « Tu étais mon mentor, comme une figure paternelle. Je te faisais confiance, mais il y a eu une grande brisure. Je ne sais pas si tu te rappelles de cette nuit, mais moi je me souviens de chaque minute. Tu n’as pas voulu comprendre », a lu la plaignante d’une voix tremblante en salle d’audience.

Elle a aussi lu la réponse de l’accusé. « C’était une soirée d’alcool. Je n’ai aucun souvenir. Ce n’est pas moi, ça. Je m’en veux tellement. »

L’accusé a écouté la plaignante sans démontrer d’émotion. Cette dernière témoignait en direction du jury et elle avait l’accusé et son avocat derrière elle.

Contre-interrogatoire en après-midi

Cet après-midi, c’était au tour de l’avocat de l’accusé, maître Maxime Roy, de poser ses questions à la plaignante, dans ce qu’on appelle le contre-interrogatoire.

Maître Roy a posé des questions sur la nature de la relation entre la plaignante et l’accusé. Il lui a demandé pourquoi elle n’avait pas dormi à l’hôtel? La plaignante a répondu qu’elle pensait faire économiser de l’argent à son employeur.

Noovo Info rapporte que Maître Roy a suggéré à la plaignante que son souvenir était inexact, que M. LeBel ne l’aurait jamais touché cette soirée-là et qu’ils se seraient endormis collés, ce que la présumée victime a réfuté.

Harold LeBel (Photo courtoisie)

Le ministère public poursuivra la présentation de sa preuve jeudi matin avec le témoignage de l’ami de la plaignante, dont l’identité est également protégée par une ordonnance de non-publication.

Identité protégée

Rappelons qu’on prévoit une durée de deux à trois semaines pour le procès. À noter que les 14 jurés retournent chez eux chaque soir et qu’ils seront séquestrés uniquement au moment des délibérations, à la fin du procès. Il leur est interdit de parler de ce qui se dit au tribunal et leur identité est protégée.

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