Actualités > Économie > Les fuites atteindraient de 7 à 10 M$
Économie

Les fuites atteindraient de 7 à 10 M$

Appel à l’achat local
Le « Black Friday », un concept qui origine de la fête de l’Action de Grâce aux États-Unis, a atteint le pays ces dernières années. Des voix s’unissent pour encourager l’achat local en région. Les pertes commerciales sont énormes. (Photo: Unsplash photos)

Plusieurs intervenants lancent un appel à l’achat local, alors que la période du magasinage des Fêtes s’amorce en fin de semaine, mais que des commerces ferment, à Rimouski.

La boutique le Vide-Grenier et Boutique DesNeiges ont fermé récemment leurs portes. Deux ou trois autres commerçants du centre-ville s’apprêtent à faire de même, selon nos informations. La tendance est assez lourde pour qu’on s’inquiète.

C’est aussi, après-demain, la tradition commerciale américaine du « Black Friday ». Mais certains gens d’affaires, comme Simon Saint-Pierre, trouvent toujours un intérêt à investir au centre-ville. Il s’apprête à ouvrir la brasserie La Baraque sur la rue Saint-Germain Est. Il faut être optimiste pour ce faire, mais il est quand même préoccupé.

Fuites par M$

« En tant qu’entrepreneur, je suis inquiet. Inquiet pour les commerces locaux et de proximité de notre région. Avec un simple calcul rapide, on constate l’ampleur de la situation. Il y a cinq ou six ans, il se vendait pour environ 400 000 $ de produits « en ligne », ici, dans Rimouski-Neigette. Maintenant, si on songe à 500 $ d’achats par année chez plus ou moins 15 000 personnes de Rimouski-Neigette, soit le quart de la population (NDLR : alors que d’autres études parlent d’un consommateur sur deux), on peut imaginer de manière conservatrice que les pertes sont d’une valeur allant de 7 M$ à 10 M$. C’est énorme », constate Simon Saint-Pierre.

Simon Saint-Pierre (Photo: archives)

Impacts directs

« Je suis conscient que c’est en bonne partie dû à l’évolution du comportement des consommateurs. Mais ceux-ci doivent quand même être conscients que cela a des impacts directs sur les commerces locaux et sur leur communauté. Cela a et cela aura encore des impacts sur d’autres commerçants. Ce qui entraînera moins d’achats de publicités dans les médias régionaux, moins d’achats de produits locaux. Cela voudra dire aussi moins d’argent injecté dans des campagnes pour différentes œuvres humanitaires », témoigne encore monsieur Saint-Pierre.

Amazon

Disons-le franchement, la plateforme Amazon attire sa large part de consommateurs qui achètent sur le Web.

« Amazon, ne paye pas de taxes ici, n’engage pas de personnel ici, ne contribue pas à des fondations régionales; n’achète pas de publicité ici. Elle ne participe surtout pas au développement économique et social. Je trouve désolant de voir autant de commerces au détail fermés au centre-ville. Il s’agissait d’institutions du centre-ville qui étaient en affaires depuis plus de 25 ou 30 ans. Le manque de personnel et le manque de relève ont le dos large. Un commerce qui est rentable se vend généralement sans problème. Je n’ai aucun doute que les résultats de ventes de beaucoup de commerces ont chuté drastiquement, depuis deux ou trois ans », fait remarquer l’homme d’affaires.

En cause

« Les achats en ligne sont forcément en cause. Pour mon magasin Innovsports, je n’ai jamais eu autant d’employés, mais j’ai dû couper les heures d’ouverture en raison de la baisse des ventes. Pourtant, le concept du magasin est d’actualité : donner une seconde vie à des articles de sports pratiquement neufs et à petit prix. »

Le péril des achats compulsifs

L’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de la Péninsule craint tellement les effets de la consommation effrénée du « Black Friday » qu’elle a joint le Journal Le Soir pour effectuer des mises en garde au public.

Selon le Conseil québécois du commerce de détail, près d’un Québécois sur deux réalisera des achats dans le cadre du « Vendredi fou » et du « Cyber Lundi ». Il y en a d’autres, par contre, qui décideront de boycotter la surconsommation et qui participeront à la Journée sans achats, qui a lieu le lendemain du « Vendredi fou ».

« L’ACEF de la Péninsule invite les consommateurs, durant la période du 24 au 28 novembre, à porter une attention particulière à leurs achats. L’an passé l’ACEF de la Péninsule avait initié les journées « En as-tu vraiment le besoin? ».

Risques

Il existe plusieurs risques à s’adonner à la surconsommation :

  • Perte du sens critique, risque de dépendance à la consommation (achats compulsifs);
  • stress et anxiété liés aux dettes et au travail (travailler plus pour gagner plus);
  • endettement record des ménages;
  • iniquité et injustices sociales (20% de la population mondiale détient 80% des richesses, délocalisation);
  • surexploitation des ressources naturelles;
  • surproduction de déchets; 

Certificats

Dans un autre ordre d’idées, encore cette année, la Chambre de commerce et de l’Industrie Rimouski-Neigette propose des certificats-cadeaux permettant de faire des économies chez des marchands locaux.

« Nous sommes fiers d’offrir à nos membres et à la population un service de certificats-cadeaux sans frais d’activation et qui permet à son détenteur de découvrir une multitude de services et de produits locaux sans tracas. Le rôle de la Chambre est de mettre en lumière les entreprises et les commerces d’ici et avec cette campagne tous peuvent offrir et recevoir local », indique une publication de la Chambre.

Entreprises encouragées à acheter québécois

Par ailleurs Investissement Québec, une société d’État dont le mandat est de stimuler le développement économique au Québec, travaille désormais à encourager l’approvisionnement québécois par les grandes entreprises québécoises, et à rendre les chaînes d’approvisionnement des entreprises du Québec plus solides et plus résilientes. 

Investissement Québec a bonifié son offre d’accompagnement afin d’aider les PME régionales à répondre aux appels d’offres publics et à participer aux grands projets publics ou privés régionaux.​ Dans la foulée, un poste de conseiller en maximisation et marchés publics québécois a été créé pour desservir le Bas-Saint-Laurent. 

Facebook Twitter Reddit