Une institution menacée à Trois-Pistoles
Cri d’alarme pour l’École d’immersionUn front commun lance un véritable cri d’alarme pour assurer la survie de l’École d’immersion française de Trois-Pistoles, la plus vieille du genre en Amérique, et l’une des plus réputées avec à son actif l’accueil de plus de 30 000 étudiants depuis 90 ans.
Le problème est le manque de financement, notamment l’allocation versée aux familles d’accueil qui n’a pas augmenté depuis 2018 alors que chacun sait que le panier d’épicerie a grimpé en flèche depuis ce temps. Le recrutement de familles devient donc beaucoup plus ardu.
« Nous avons des familles qui se font une fierté et qui trouvent très enrichissant de recevoir ces étudiants en immersion. Certaines familles le font depuis 10, 20 et même 30 ans, mais là ils nous disent que l’allocation n’est pas suffisante pour couvrir leurs frais et qu’elles doivent payer de leurs poches », lance le maire de Trois-Pistoles, Philippe Guilbert.
Celui-ci a rencontré la presse ce mardi après-midi avec le député bloquiste de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Maxime Blanchette-Joncas et la directrice de l’École d’immersion française de Trois-Pistoles, Kathy Asari.
Bonifier le financement fédéral
Dès qu’il a été mis au courant de la situation, le maire Guilbert a contacté le député Blanchette-Joncas. Ce dernier s’est rapidement tourné vers la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas-Taylor, pour réclamer une bonification du financement fédéral Explore qui permet notamment de rétribuer les familles d’accueil.
« Je lui ai demandé de profiter du renouvellement du Plan d’action pour les langues officielles, qui arrive à échéance le 31 mars prochain pour augmenter substantiellement le programme Explore. Elle m’a répondu qu’elle considérerait nos demandes, mais elle n’a pas pris d’engagement alors qu’il y a urgence d’agir. J’invite la ministre à agir et à venir constater l’importance de l’École dans la MRC des Basques et au Bas-Saint-Laurent », déclare le député.
Besoin d’une hausse de 70 %
La directrice de l’École, Kathy Asari, précise que le programme devrait être bonifié de 70% pour répondre aux besoins.
« Le financement actuel est de 2 800 $ par étudiant. Il devrait être de 4 500 $. Nos familles d’accueil recevaient 1 200$ pour une session de cinq semaines pour l’hébergement et les repas. Nous nous sommes engagés à monter à 1 500 $ cet été, sans avoir l’assurance d’un appui financier supplémentaire. On pense qu’une compensation juste serait de 2 000 $ pour cinq semaines. Je demeure optimiste. L’engagement de l’Université Western (à London, en Ontario) est indéfectible, mais on doit avoir assez de familles d’accueil pour accueillir assez d’étudiants pour être rentable. »
L’an passé, l’École a accueilli seulement 100 étudiants alors qu’elle a l’habitude d’en recevoir 500 pour ses deux sessions de cinq semaines.
Une importance capitale
Pour le maire de Trois-Pistoles, l’importance de l’école est capitale.
« La ville s’énergise à l’arrivée des étudiants. On sent un bouillonnement. Des liens se créent. Les retombées économiques se comptent en millions de dollars, sans compter la dizaine d’emplois directs. Notre résolution pour la hausse du financement a été appuyée par la MRC des Basques, quelques municipalités, ainsi que la Table régionale des élus municipaux du Bas-Saint-Laurent. Mes collègues maires sont conscients de l’importance de l’École pour la région. »
Cette sortie publique survient une semaine après que l’école de français de Rivière-du-Loup eut annoncé la fin de ses activités malgré une existence de 45 ans.
L’École d’immersion française tient présentement (19 h) une séance d’information pour les gens intéressés à devenir famille d’accueil, à l’école secondaire de Trois-Pistoles.