Plaidoyer pour une jeunesse affirmée
Les grands décideurs de la planète se sont réunis en Égypte en marge de la COP27, puis à Montréal pour la COP15 sur la biodiversité.
Deux grandes conférences internationales pour parler des changements climatiques, qui altèrent déjà notre quotidien, et des solutions pour freiner leurs conséquences. Un constat émerge : au-delà des belles paroles, rien de bien concret n’en découle.
Et pour en ajouter une couche, voilà que l’on confie la présidence de la COP28 au PDG d’une compagnie pétrolière! Déjà que le pays hôte, les Émirats arabes unis, s’est construit grâce à l’argent du pétrole, l’ironie est à son comble.
Malgré des objectifs ambitieux et une volonté à moitié sincère, rien ne nous indique de quelles façons les pays vont parvenir à atteindre leurs différentes cibles, que ce soit de réduction des gaz à effet de serre ou de protection de la biodiversité.
Pourquoi exploiter davantage?
Au Canada, il est plutôt difficile de croire à la volonté du gouvernement fédéral lorsqu’il dit vouloir protéger 30 % de nos terres et de nos eaux d’ici 2030 alors que ce même gouvernement autorise des entreprises à forer le fond marin au large de Terre-Neuve, dans une aire marine protégée, afin de trouver plus de pétrole.
En pleine crise climatique, la nouvelle doctrine de politique étrangère du Canada est : « produisons plus et exportons plus! ». Comment serons-nous en mesure d’atteindre nos objectifs si nous nous entêtons à toujours exploiter davantage?
Quel monde laissons-nous et laisserons-nous aux futures générations, si notre ambition mal placée et notre indifférence l’emportent sur un virage réel vers un monde plus vert, plus propre, plus en santé? S’il n’y avait que les changements climatiques qui se dressent devant la jeunesse comme un rempart difficile à percer, on pourrait être davantage optimiste.
Or, économiquement, les prochaines décennies ne s’annoncent pas très roses pour la génération montante. Selon un rapport portant sur l’endettement des Québécois publié récemment par le Mouvement Desjardins, les 18-35 ans n’ont jamais été aussi dans le rouge.
L’accès à la propriété est de plus en plus restreint par la flambée des prix de l’immobilier et par des taux d’intérêt qui grimpent sans cesse. Le coût de la vie est devenu tellement élevé dans l’ensemble des villes canadiennes qu’il n’est plus financièrement viable pour les jeunes d’y habiter.
Toutes ces réalités soulèvent de nombreuses questions et trop peu de réponses. Comment faire pour épauler la jeunesse québécoise dans ce contexte?
Un bond spectaculaire
D’autant plus qu’à ce moment-ci, un bond spectaculaire des problèmes de santé mentale est signalé, chez les jeunes, par de nombreux experts. Ces données, plutôt préoccupantes, surviennent alors que les soins en santé mentale ne sont pas toujours aisément accessibles.
Si l’on peut saluer les récents investissements fédéraux en ce sens, il n’en demeure pas moins que, selon Statistique Canada, un peu plus de 40 % des jeunes Canadiens et Canadiennes âgés de 15 à 24 ans ont déclaré être en excellente ou en très bonne santé mentale à la fin de mars et au début d’avril 2020, alors qu’ils étaient 62 % à le dire en 2018, à peine deux ans plus tôt, ce qui représente la plus forte baisse parmi tous les groupes d’âge.
C’est un enjeu majeur, car quelque chose s’est brisé. Il faudra s’y atteler rapidement, sans quoi, on risque de se heurter à un grave problème de santé publique.
Si le portrait actuel peut être sombre, je me réjouis tout de même de constater qu’il existe un espoir bien réel et tangible. Et cet espoir, c’est la jeunesse elle-même. Les exemples sont nombreux, partout autour de nous.
On ne pourrait être plus fier des personnalités qui émergent aux quatre coins du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie et qui rayonnent jusqu’à l’international.
Quand je regarde autour de moi, je me dis que notre jeunesse ambitieuse a le sens des affaires, elle est ouverte sur le monde, elle fait vibrer la culture et l’art d’ici, elle s’implique, se rassemble, s’insurge, mais surtout, elle se fait entendre. Plus que jamais, elle s’affirme.
Fonceurs et ambitieux
Lorsque je rencontre les jeunes dans les écoles, dans les établissements postsecondaires, lors d’événements politiques, dans de grands colloques ou simplement en les croisant dans la rue, je réalise à quel point ils sont intelligents, fonceurs et ambitieux.
Je ne peux qu’être fière de faire partie de cette belle génération et je me permets d’être optimiste puisque j’y vois des gens qui, avec tout le bagage de connaissances de leurs aïeux, seront de fiers porte‑étendards des combats sociaux qui seront les leurs.
Alors aujourd’hui, pendant qu’on parle beaucoup – et à juste titre – d’adapter nos milieux pour les personnes âgées et pour ceux qui ont bâti notre chez-nous, je nous demande collectivement de ne pas oublier ceux et celles pour qui on le fait : les nouvelles générations.
Kristina Michaud, députée d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia