Eau potable : chacun tient son bout
Le citoyen rimouskois Jean-Claude Roy, qui lance une pétition contre le futur règlement interdisant le nettoyage des entrées avec de l’eau potable, et le conseiller du district Saint-Robert, Jocelyn Pelletier, qui s’en fait le promoteur, sont plus que jamais campés sur leurs positions.
Monsieur Pelletier a déposé la semaine dernière un avis de motion qui prévoit l’adoption d’un règlement qui interdira désormais l’utilisation de l’eau potable pour le nettoyage des entrées, notamment celles en asphalte, lors d’une prochaine assemblée du conseil municipal. Le règlement présent permet de le faire au moins une fois par année.
Monsieur Roy estime que le règlement actuel fait très bien l’affaire et lance, comme annoncé, une pétition contre cette initiative qu’il dénonce notamment comme infantilisante et abusive. « Les règles actuelles font l’affaire, mais elles ne sont pas appliquées », fait-il remarquer.
Un millier de réactions
La publication de notre texte de vendredi dernier a suscité un énorme débat sur la page Facebook du Journal Le Soir. On a enregistré plus de 17 000 interactions, plus de 1 000 réactions et plus de 800 commentaires. Autant monsieur Roy que monsieur Pelletier, chacun interprète les centaines de « pouces » et de « cœurs » comme étant un appui à sa position.
Convaincu
« Je suis plus que jamais convaincu du bien fondé de ma démarche. Je suis bien fier et assez content de voir que la population en général, même des gens de l’extérieur, réagit positivement au projet de règlement. J’ai même des citoyens d’autres villes qui m’ont demandé conseil parce qu’ils souhaitent que leur Ville nous imite. J’ai reçu des félicitations », affirme Jocelyn Pelletier.
« Je dois ajouter que mes collègues et les responsables des services techniques sont solidaires de ma démarche. Je ne suis pas le seul à avoir eu le courage d’aller de l’avant avec cette résolution et je les en félicite eux aussi », ajoute-t-il.
Nuance entre « arroser » et « nettoyer »
Jean-Claude Roy tient sensiblement les mêmes propos. Il a un reçu appel de La Presse un peu plus tôt aujourd’hui, dont un journaliste a pris connaissance du dossier en consultant Le Soir. Le grand quotidien s’intéresse à notre dossier.
Le citoyen Roy signale qu’on aurait dû faire la nuance entre « arroser » et « nettoyer » dans le titre. « Certains sont rapidement montés aux barricades. Cela a permis à certains bouffons de se moquer, mais je n’arrose pas l’asphalte. Quand j’arrose, c’est pour faire pousser quelque chose », fait-il valoir.
Ceci étant dit, le titre aura eu son effet, car plus de 100 000 personnes ont consulté la manchette et la photo principale (« personnes jointes »). Le sens a été respecté, puisque selon Larousse, arroser signifie « Mouiller quelque chose, quelqu’un en répandant ou en projetant de l’eau à l’aide d’un instrument : Arroser un trottoir au jet. »
« J’ai façonné une pétition que j’ai mis en ligne hier soir. Je vais envoyer un message à mon conseiller municipal (Sébastien Bolduc, Sacré-Cœur), car je veux le rencontrer. Je ne veux pas que ce règlement-là puisse passer au conseil municipal, sous cette forme, tant et aussi longtemps que je n’aurai pas eu l’occasion de m’exprimer et de faire mes représentations auprès du conseil municipal. J’aurais bien pu garder mes pantoufles, mais je me bats contre ce règlement qui n’est pas applicable », soutient Jean-Claude Roy.
Vie privée
« Laver son entrée de stationnement, c’est une tâche domestique qui relève de la vie privée. C’est comme faire son lavage ou prendre sa douche. Personne ne vient contrôler le nombre de litres d’eau que l’on consomme. »
« Le projet de règlement est mal rédigé. Il ouvre la porte à toutes sortes de contestations et de libertés. On va laisser les entrepreneurs spécialisés utiliser un après et un scellant. Disons que je décide de le faire moi-même. Je nettoie cette semaine pour passer le rouleau la semaine prochaine. Comment vais-je pouvoir prouver ça? En me tenant debout à côté de ma « cannisse » noire avec ma « hose »? Si le fonctionnaire n’a pas vu ma « cannisse », je vais recevoir un constat d’infraction? », dénonce monsieur Roy.
« Responsable de sa propre négligence »
« Dans le fond, je me demande encore pourquoi on modifie le règlement à cause de trois ou quatre récalcitrants qui sont incapables de faire la part des choses? La Ville est responsable de sa propre négligence, parce qu’elle ne fait pas appliquer le règlement actuel, qui prévoit déjà des sanctions. Monsieur Pelletier n’a qu’à parler à ses fonctionnaires et on va arrêter d’écoeurer les citoyens », tranche Jean-Claude Roy.