Actualités > Drame d’Amqui : François Legault se sent coupable
Actualités

Drame d’Amqui : François Legault se sent coupable

Le premier ministre se rend à Amqui à la suite de l'attaque au véhicule-bélier
Le premier ministre François Legault a réconforté des citoyens à Amqui. (Photo journallesoir.ca- Johanne Fournier)

Trois jours après le funeste événement survenu au centre-ville d’Amqui, le premier ministre François Legault est venu assurer les Matapédiens de son soutien. Les trois chefs de l’opposition ont répondu à l’invitation de se joindre à lui.

Au-delà de leur soutien et des condoléances exprimées à la centaine de personnes réunies à l’endroit où l’attaque a eu lieu, les quatre politiciens se sont tous entendus pour dire qu’il fallait améliorer les services en santé mentale.

Pendant plus d’une heure, M. Legault a serré des mains, fait des accolades et exprimé ses condoléances.

Il a aussi écouter des histoires de personnes qui ont perdu un être cher et de gens qui ont fait preuve de bravoure et d’autres encore qui ont passé à un cheveu de faire partie des victimes du présumé auteur de l’attaque au camion-bélier, Steeve Gagnon.

Jean-Eudes Fournier s’en est tiré avec une bonne frousse. Encore ébranlé, il doit la vie à sa femme qui l’a écarté du trajet du Ford F-150 pendant qu’il parlait avec Gérald Charest, qui a été mortellement fauché devant ses yeux.

« Gérald a revolé, se souvient Mme Fournier. On va le voir longtemps encore! » M. Legault leur a conseillé d’aller chercher de l’aide. « Allez à l’hôpital ou au CLSC parce que cette image va malheureusement vous rester dans la tête. » Le couple sortait pour la première fois de sa résidence depuis lundi.

François Legault a rendu hommage aux victimes en compagnie de la mairesse d’Amqui, Sylvie Blanchette et de la ministre régionale Maïté Blanchette-Vézina. (Photo journallesoir.ca- Johanne Fournier)

Le premier ministre du Québec a parcouru le trajet où s’est joué le drame, sur une distance de près d’un kilomètre. Avec la mairesse d’Amqui, Sylvie Blanchette et la ministre responsable du Bas-Saint-Laurent, Maïté Blanchette Vézina, il a déposé une gerbe de fleurs et s’est recueilli devant un banc de parc.

L’anxiété des jeunes

Dans sa tristesse, la préfète de La Matapédia était visiblement heureuse d’être entourée de tous ces élus.

«On va tirer des leçons et faire un bilan, n’a pas manqué de faire savoir Chantale Lavoie. Peut-être qu’après, on pourra vous interpeler plus précisément. Notre député, M. [Pascal] Bérubé, va pouvoir vous transmettre nos messages.»

La députée fédérale d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia a indiqué que la population d’Amqui était impatiente de regagner son centre-ville.

«Notre job, nous les élus, c’est de faire en sorte que les gens n’aient plus peur de marcher sur la rue principale, a fait valoir Kristina Michaud, originaire d’Amqui. On me dit que les jeunes de l’école secondaire vivent beaucoup d’anxiété. Donc, il faut investir dans la prévention.»

Le directeur général du Cégep de Matane avait sensiblement le même discours.

«Dans les statistiques, on voit qu’il y a à peu près 50% de nos jeunes qui vivent de très grandes situations d’anxiété, a soulevé Pierre Bédard. J’ai peur que cette anxiété se transforme éventuellement en gestes irréparables. Le réseau de l’enseignement supérieur est la meilleure première ligne pour prévenir ça. Mais, on n’est pas outillé, on n’a pas assez de financement. On manque de ressources.»

« Tout le Québec est Amqui »

François Legault a souligné la force de la mairesse Blanchette depuis le tragique événement qui afflige sa ville. «Mardi, elle est allée prendre sa marche toute seule pour donner l’exemple.»

François Legault a assuré la mairesse d’Amqui, Sylvie Blanchette, de son soutien. (Photo journallesoir.ca- Johanne Fournier)

«Tout le Québec est Amqui», a-t-il illustré. «On a de la difficulté à trouver les mots. On se sent coupable et moi le premier, en me demandant ce qu’on peut faire de plus. On doit en faire plus pour la santé mentale. Ce n’est pas toujours facile parce qu’il faut que les gens acceptent d’aller chercher de l’aide. Des fois, il faut peut-être les forcer à aller chercher de l’aide.»

En outre, il a insisté sur l’importance de prendre soin des victimes, de leurs proches et de tous les citoyens éprouvés. Il a ajouté que personne ne devrait rester seul au cours des prochains jours.

«La beauté de la place, c’est que c’est tissé serré. Les gens se connaissent.» Ensuite, comme la mairesse, il a appelé les gens à retrouver leurs habitudes de vie et à se réapproprier leur centre-ville. «Il ne faut pas que la folie triomphe sur l’espoir.»

Il a dit espérer que les gens puissent retrouver le bonheur. Il les a invités à voir la beauté de la vie et de la municipalité d’Amqui. «Il y a une période de deuil à passer. Mais après, il faut être courageux.» Le politicien a également saluer le travail des intervenants de première ligne et le courage des gens qui ont secouru des victimes.

Faire plus pour la santé mentale

Les trois chefs de l’opposition ont uni leur voix avec le premier ministre pour améliorer les services en santé mentale.

La priorité en santé mentale doit être transpartisane, de l’avis du chef du Parti libéral du Québec .

«C’est important de démontrer notre soutien aux gens, a indiqué Marc Tanguay. Les gens ont besoin de parler. Pour nous, c’était important de venir entendre leurs témoignages et leur dire qu’on est là aujourd’hui et dans les semaines à venir.» Le chef de l’opposition officielle s’est dit tout à fait favorable à faire mieux en santé mentale.

Le coporte-parole de Québec solidaire était, quant à lui, très sensible au chagrin des citoyens, mais percevait aussi beaucoup de résilience.

Le premier ministre François Legault était accompagné des trois chefs d’opposition, soit Marc Tanguay (PLQ), Gabriel Nadeau-Dubois (QS) et Paul Saint-Pierre-Plamondon (PQ). (Photo journallesoir.ca- Johanne Fournier)

«Il y a un désarroi, mais aussi une volonté de continuer, a analysé Gabriel Nadeau-Dubois. Je sentais aussi, dans le regard des gens, qu’ils nous disaient être contents qu’on soit là, mais qu’on a une responsabilité comme élus de trouver des solutions. Je veux qu’on soit à la hauteur de cette attente.»

Pour le chef du Parti québécois, l’heure était davantage au questionnement.

«Pourquoi des enjeux de haine sentimentale peuvent être aussi aigus?, se demandait Paul St-Pierre-Plamondon. Quelles sont les solutions? Je sens que c’est ma responsabilité, au-delà de la symbolique de venir quelques jours après l’événement. Quand j’écoute la population, c’est ce qu’elle me pose comme questions.»

Du même auteur

Facebook Twitter Reddit