20 : Bérubé passe le ballon à une caquiste
Projet de prolongement de l'autoroute 20Le député péquiste de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, se dit tellement convaincu que la démarche du comité pour le prolongement de l’autoroute 20 vers Rimouski est légitime, qu’il est prêt à céder sa place à une caquiste.
Monsieur Bérubé a accepté récemment la demande du comité piloté par le citoyen Pierre-Paul D’Anjou d’agir comme parrain d’une pétition qui serait déposée à l’Assemblée nationale, dans les prochaines semaines, afin de démontrer que le projet est réclamé par la population. On estime qu’elle fait également l’unanimité ou presque chez les élus -principalement municipaux- de l’Est du Québec.
Des réserves
Interrogé à ce sujet par Le Soir, la semaine dernière, le préfet de la MRC Rimouski-Neigette, Francis Saint-Pierre, a montré des réserves quant à son éventuel appui. Il se demande notamment si le comité est partisan et s’il utilise la bonne stratégie tentant de mettre de la pression sur le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ).
Réaction
« Je ne dis pas oui tout de suite, car je souhaite tirer des choses au clair lors de la rencontre de 19 h, ce soir. Je veux éviter à tout prix une démarche qui serait partisane. Monsieur D’Anjou a été agent officiel du candidat Samuel Ouellet (PQ) lors des dernières élections provinciales. Il compte aussi sur un député péquiste, Pascal Bérubé, pour déposer la pétition. On aperçoit d’anciens élus parmi les membres de son comité qui ne sont peut-être plus connectés aux réalités et aux façons de faire d’aujourd’hui », déclarait notamment monsieur Saint-Pierre.
Le député Bérubé a souhaité réagir à ces propos. L’auteur de ces lignes l’a joint un peu plus tôt aujourd’hui.
« J’ai pris connaissance des propos de monsieur Saint-Pierre, que j’ai trouvés étonnants. Je crois qu’il faut d’abord souligner l’engagement de Pierre-Paul D’Anjou, qui est une personnalité respectée à Rimouski. Et qui monte une mobilisation pour l’obtention du prolongement de l’autoroute 20. Ce mouvement populaire est important. C’est un mouvement citoyen du même genre, qui a permis d’obtenir une autoroute à quatre voies, au Saguenay/Lac-Saint-Jean. Celle-ci est maintenant une réalité. Ce n’est pas une démarche partisane, c’est un citoyen qui s’est engagé. Je voulais d’abord corriger ça », soutient monsieur Bérubé.
La pétition passée à Amélie Dionne
Pascal Bérubé joint le geste à la parole à propos de son avis sur la légitimité et l’objectivité de la démarche. Il propose que ce soit une caquiste, Amélie Dionne, qui dépose la pétition à l’Assemblée nationale à sa place.
« Quant à la pétition, je n’ai aucune objection à ce que la députée de Rivière-du-Loup/Témiscouata dépose celle-ci, si elle accepte de le faire. Car il me semble, entre autres, que de Notre-Dame-des-Neiges (NDLR : où est arrêtée l’autoroute) jusqu’à Saint-Simon, une portion du prolongement dont on parle est située sur le territoire de sa circonscription. Si madame veut déposer cette pétition, je n’ai aucun problème. »
Les élus municipaux
« Je veux rappeler par ailleurs à monsieur le préfet que la majorité des citoyens qu’il représente et la majorité des citoyens que je représente sont massivement en faveur du prolongement de l’autoroute 20 pour des raisons de sécurité et de développement économique, notamment. Et que le fait d’avoir un gouvernement au pouvoir ne devrait pas être un frein à l’expression des critiques par les élus municipaux », exprime le député de Matane-Matapédia.
Le dernier budget
« Par exemple, le maire de Rimouski, Guy Caron, n’a pas hésité à critiquer durement le dernier budget. Ça ne remet aucunement en question sa collaboration avec le gouvernement. J’ai été étonné de lire les propos de monsieur Saint-Pierre. C’est comme s’il ne fallait rien dire contre le gouvernement. Le dernier budget démontre que pour l’autoroute 20 on n’a pas avancé, on est toujours dans les études. Donc, on n’a pas franchi de nouvelle étape », déplore monsieur Bérubé.
Maintenir la pression
« Le gouvernement Couillard (Libéral) n’a pas fait avancer le dossier pendant quatre ans. Le gouvernement Legault, lui, à la dernière minute de la dernière année l’a fait inscrire au programme québécois des infrastructures. Ça fait donc deux ans qu’on est dans les études. Je ne vois pas pourquoi on s’en remettrait seulement à une position d’attentisme face au gouvernement de la CAQ, quand il faut plutôt maintenir la pression », remarque-t-il.
« Les ministres ne peuvent pas participer à un dépôt de pétition? Très bien! Alors, qu’est-ce qui empêche la députée de Rivière-du-Loup/Témiscouata de le faire? Surtout qu’une partie du tronçon est dans son comté. Il faudrait qu’elle accepte et ce serait un test pour madame Dionne. Je l’offre formellement », renchérit monsieur Bérubé.
Poser des gestes
« Il ne faut pas seulement être en faveur du projet, il faut poser des gestes. Il faut que la mobilisation soit forte. Avec une mobilisation populaire, importante, on peut inciter des élus à suivre le mouvement. Ce ne serait pas suffisant de faire confiance au rythme du gouvernement. »
« Il faut maintenir la pression. C’est comme si parfois, des élus se disaient : « Je ne dois pas critiquer pour ne pas gâcher mes relations. » Ça ne fonctionne pas comme ça. Je suis convaincu que ça plutôt partie du travail des élus de formuler des critiques. Dans la région, nous avons un très fort consensus. La seule exception serait le maire de Trois-Pistoles. Pourtant, j’ai beaucoup de signaux de gens de ce secteur qui se disent en faveur du projet. On devrait se réjouir que les citoyens se mobilisent pour celui-ci », conclut Pascal Bérubé.