Le studio-école en jeu vidéo renaît

Le Cégep de Matane, en collaboration avec de nombreux partenaires, lance Squid Squad, le premier studio-école en jeu vidéo du Québec.

La cheffe Squid chez Squid Squad, Lucie Dumas, explique l’historique et les raisons derrière ce projet d’envergure qui a été annoncé ce matin.

« En 2018, nous avons lancé un studio, ici à Matane, de rotoscopie, pour permettre aux étudiants en animation 3D de travailler dans leur domaine pendant qu’ils sont aux études. Ç’a été de courte durée. Ça roulait à pleine capacité vers la fin de 2019. Nos premiers contrats payants sont arrivés dans la semaine du 9 mars 2020. »

Les impacts de la pandémie

Tout le monde s’en souvient, il est question de la semaine où le Québec a fermé, au début de la pandémie.

« On travaillait sur un projet qui provenait d’un studio de Montréal, qui filmait en 360 degrés dans la station spatiale avec l’astronaute canadien, David Saint-Jacques. Donc, nos jeunes travaillaient sur ce projet. On devait aussi travailler pour d’autres studios montréalais sur du VFX qui provenaient de clients hollywoodiens. Avec ce qui s’est produit le 13 mars 2020, on a dû fermer le studio temporairement, on croyait que c’était pour deux semaines ». note madame Dumas.

« Comme tout le monde, on a appris à vivre avec. Puisque tout était fermé pendant des mois, nous avons déménagé chez eux pour qu’ils travaillent à distance, mais rendu en juillet 2020, nous n’étions plus en mesure de fonctionner, parce que nos clients étaient des fournisseurs de postproduction de studios hollywoodiens. »

L’occasion de se réinventer

« Tranquillement, les plateaux de tournage des films américains ont arrêté. Donc nos clients à Montréal n’avaient plus de travail et nous n’avions plus de clients. Nous avons temporairement mis la clé sous la porte, en nous disant qu’on pourrait bientôt reprendre, mais ça n’a pas repris avant longtemps, parce que la pandémie s’est étirée. »

« On avait un peu mis une croix là-dessus, mais ça nous a permis de prendre un pas de recul et de nous demander : qu’est-ce qu’on pourrait faire, pour que peu importe ce qui se produit, on est dans une industrie qui nous permet de continuer à former les jeunes. C’est un projet pilote : c’est le premier studio-école au Québec dans l’industrie du jeu vidéo », ajoute-t-elle.

« En changeant d’industrie, pour se tourner vers les jeux vidéo, on a la possibilité de travailler de la maison : même s’il y a une pandémie, le travail n’arrête pas. Les développeurs peuvent facilement travailler en équipe à distance. »

Trois studios majeurs

Le tout se fait en partenariat avec des studios de jeux vidéo majeurs tels que Behaviour Interactif, Ubisoft et Warner Bros. Games Montréal.

« On va ouvrir le programme pour les jeunes étudiants du Cégep de Matane, en animation 3D, en Multimédias et en informatique. Donc, les jeunes qui s’inscrivent au Cégep de Matane dans l’un de ces trois programmes pourront être en alternance travail-études, pour un maximum de 15 h par semaine. Le reste du temps sera consacré aux études à temps plein. »

Combiner travail et études

Ainsi, pendant leurs trois années de formation, ils apprennent leur métier en parallèle de leurs études, sur des projets d’actualité partagés par les grands studios partenaires.

« À la fin de leurs trois années de DEC, ils ont déjà un savoir-être comme personne ayant travaillé dans un studio. Ils savent ce que c’est des horaires, des collègues, des patrons, en plus d’un savoir-faire après avoir travaillé sur de vrais boulots, de vrais studios de grandes villes. »

Une industrie en constant changement

Si le projet a été monté et soutenu de la sorte, c’est justement pour permettre aux étudiants d’être à jour lorsqu’ils quitteront les bancs d’écoles.

« Un rapport de l’organisme SYNTHÈSE-Pôle déclarait que tout va tellement vite dans cette industrie qu’au moment où les jeunes finissent leur DEC, ils ne sont déjà plus à jour quant aux besoins de l’industrie. Le fait d’avoir un studio-école, au sein duquel ils vont travailler pendant leurs trois années d’études, avec de vrais studios comme Ubisoft, ils pourront travailler sur de vrais projets, avec de vraies technologies, qui évoluent à une vitesse assez importante. »

Un projet qui pourrait grandir

S’il s’agit pour l’instant du projet du Cégep de Matane, madame Dumas indique que Squid Squad pourrait bien dépasser les frontières de la Matanie, assez rapidement.

« Après un an, on va faire une étude de faisabilité pour ensuite le transporter à la grandeur du Québec, partout où il y a des institutions d’enseignements qui offrent des cours en créativité numérique de jeux vidéo. »