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Une grève « payante » pour les étudiants

Un seul jour n’aurait pas eu autant d’impact
Un débrayage d’étudiants de l’UQAR (Photo courtoisie-AGECR)

La grève coordonnée qui aura duré toute une semaine de travail, dans deux établissements de Rimouski, la semaine dernière, s’avère rentable pour les étudiants, sur le plan de leurs revendications.

Des images de la grève de la semaine dernière. (Vidéo: Journallesoir)

Ces cinq jours de grève au Cégep et à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) visaient particulièrement à dénoncer les iniquités qui règnent dans les stages pour étudiants, autant au niveau collégial qu’au niveau universitaire. Ainsi, il y a des stages non rémunérés n’offrant que très peu d’avantages, tandis qu’à l’autre bout du spectre, selon les disciplines, on est payé dès la première minute et pratiquement assuré d’être embauché.

Les lignes de piquetage étant passablement hermétiques, ces cinq jours de grève ont assurément contrarié une partie du personnel des deux établissements. Pas tant par la cause défendue et par le geste des étudiants que par les effets collatéraux.

Personnel irrité

« Je crois que le personnel n’a pas été irrité par la grève des étudiants, mais plutôt par les consignes tardives de l’établissement, concernant le télétravail. Bref, la gestion de la crise n’a pas semblé adéquate. On doit cependant se réjouir pour l’avenir que les dernières discussions entre les étudiants et la direction de l’UQAR sur les protocoles de levée des cours par l’administration ont porté fruit », commente une employée de l’UQAR, sous le couvert de l’anonymat, quant au bilan de la semaine dernière.

Certains se sont exprimé plus fort que d’autres. (Photo: courtoisie AGECR)

Gains concrets

Le président de l’Association générale des étudiants et étudiantes du Cégep de Rimouski (AGECR), Xavier Gravel, annonce que son organisation et sans doute celle aussi de l’UQAR sont très heureuses des gains concrets qu’elles ont enregistré avec leur action spectaculaire de la semaine dernière.

Rappelons d’ailleurs qu’une reprise de cette semaine qui a impliqué d’autres activités que la manifestation de grève est envisagée pour la même période l’an prochain. Ce que ne souhaitent pas les deux associations car cela signifierait que leur cause n’est toujours pas réglée.

On se préoccupe également de l’iniquité des salaires versés lors des stages. (Photo: courtoisie-AGECR)

Motion

« Je vois deux gains importants à la suite de la semaine de grève : un au niveau national et un au niveau du Cégep de Rimouski, desquels vont découler trois actions. Au niveau national, une motion du Parti Québécois adoptée par  l’Assemblée qui entraîne la reconnaissance du statut de salarié pour les stagiaires, dans les services publics, est un gain important. C’est reçu d’une manière extrêmement positive chez les étudiants. Ça permet d’ouvrir le dialogue avec les différents ministres et avec nos députés. C’est une porte politique qui s’ouvre », entrevoit monsieur Gravel.

Manifestation chez la députée

On se souviendra d’ailleurs que des manifestants ont rendu visite aux employés du bureau de comté de la députée de Rimouski, ministre des Ressources naturelles et des Forêts et ministre responsable du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, Maïté Blanchette Vézina, dans le cadre de leur semaine de mobilisation. Une rencontre entre une délégation étudiante et la ministre de la CAQ doit avoir lieur bientôt.

Une marche a mené les étudiants au bureau de la députée-ministre. (Photo: courtoisie-AGECR)

Nouveau comité de travail

« Et de l’autre côté, nous avons eu une rencontre très constructive avec la direction du Collège. On sait que le Cégep ne peut pas prendre position publiquement pour les étudiants à l’encontre de son Ministère et de l’État et on le comprend. Mais on peut intervenir sur ce qui relève de la juridiction du Collège, comme ses politiques internes. On pourrait, dans celles-ci, modifier les conditions des stages. »

« On peut penser à des étudiants en échographie médicale qui vont participer à un stage à l’extérieur de la région pour un an. Est-ce que le Cégep ou sa fondation ne pourraient pas lui procurer un fonds d’urgence pour payer son loyer? Ou contribuer à ses besoins de base? Il y a cette avenue et il y a celle d’ajouter quelques lignes dans les politiques du Collège qui inciteraient les milieux de stages à rémunérer leurs stagiaires. Un groupe de travail va être formé au niveau local et va inclure des membres de l’AGECAR et de la direction. On a trouvé un chemin que l’on pourra suivre pour travailler ensemble », annonce Xavier Gravel.

Direction optimiste

Des commentaires confirmés du côté par la direction du Cégep, interpellée par l’auteur de ces lignes cet après-midi.

« Nous sommes d’avis que les manifestations se sont bien déroulées. D’ailleurs, au courant de la semaine des manifestations, des échanges porteurs entre l’Association étudiante et la direction du Cégep concernant des actions pouvant être prises localement pour accompagner les étudiantes et étudiants, ont eu lieu. Le dialogue se poursuivra au cours des prochaines semaines par le biais d’un comité de travail », indique le Bureau d’information, de promotion et de communication du Cégep de Rimouski.

Pour une rare fois, les deux associations étudiantes du Cégep et de l’UQAR étaient coordonnées. (Photo: courtoisie-AGECR)

Visite de la ministre

Le président de l’AGECAR signale que la ministre de l’Éducation supérieure, Pascal Déry, devrait être à Rimouski mardi.

« Elle vient rencontrer notre directeur général (François Dornier), des gens de l’Institut maritime et de l’UQAR pour toutes sortes de dossiers. Nous avons communiqué avec les attachés de presse pour pouvoir rencontrer Pascal Déry. On a eu des retours. La ministre est débordée du matin au soir, mais mardi prochain, on va pouvoir dialoguer avec des gens de l’entourage de la ministre. On va pouvoir faire valoir nos demandes. »

« Même chose pour l’Association générale des étudiant.e.s de l’UQAR. On est aussi en train de confirmer ça avec le bureau de madame Blanchette Vézina. Mardi, nous allons donc faire de nouveaux pas vers l’avant. On pourra ouvrir le dialogue politique officiellement et on va pouvoir déjà en tirer certaines conclusions : ce que seront la dynamique et le degré d’ouverture. Ça va nous permettre de se positionner ensuite sur nos prochaines actions. On s’attend à des choses plus concrètes d’ici la saison d’automne. S’il ne se passe rien là, à l’hiver, on entamera un nouveau cycle de moyens de pression », prévoit monsieur Gravel.

Plusieurs jours

Il reconnaît enfin que la grève n’aurait probablement pas eu autant d’impact si elle n’avait duré qu’une journée.

« Ça conduit nécessairement à une adaptation du travail scolaire, à une adaptation de la fin de session prévue, mais en fin de compte, les gains ont été acquis grâce aux moyens de pression qui ont été appliqués pendant la semaine. C’est allé à jeudi avant qu’on enregistre nos gains. Cela a servi à quelque chose. C’est du concret et on en est très heureux. Initialement, on n’avait que deux jours de grève qui ont ensuite été reconduits jusqu’à vendredi dernier. »

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