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Conclusions de l’étude RTLB prévisibles

Cofondateur d’Unis Pour la Faune, Luc Brodeur réclame l’appui urgent de tous les chasseurs. (Photo courtoisie Luc Brodeur)

Les résultats finaux de l’étude de la Restriction de la taille légale des bois (RTLB) devaient être révélés à la population l’automne dernier.

Mais la tenue de l’élection provinciale et le remaniement de divers ministères de la CAQ ont eu comme effet de repousser la publication au 23 mars dernier.

Métal du Golfe_VF

Nul va sans dire que les conclusions du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) ne connait pas l’unanimité parmi les chasseurs sportifs ainsi que le groupe Unis pour la Faune.

Une étude sur 5 ans

Un rappel que l’étude de la RTLB avait comme but de limiter la chasse des cerfs mâles, possédant au moins trois pointes de plus de 2,5 centimètres d’un côté du panache.

La tenue de l’élection provinciale et le remaniement de divers ministères de la CAQ ont eu comme effet de repousser la publication des résultats de l’étude de la RTLB au 23 mars dernier. (Photo courtoisie Unis Pour la Faune)

L’étude s’est déroulée pendant 5 ans, soit de 2017 à 2021, dans les territoires de chasse 6 nord et 6 sud, un territoire de plus de 4 000 km2 situé majoritairement en Estrie. Le secteur Sud de la zone de chasse 7 adjacente a servi de secteur témoin pour l’étude. Voici donc en résumé les constats du MELCCFP publiés tout récemment.

« Comme on s’y attendait, le fait d’exclure de la chasse la majorité des cerfs de 1,5 an et près de la moitié de ceux de 2,5 ans a rendu plus difficile la récolte d’un mâle. Le succès global a cependant pu être maintenu grâce à une augmentation de la récolte de femelles et de faons, les fortes densités de cerfs dans les zones RTLB ayant permis l’allocation d’une plus grande quantité de permis de chasse au cerf sans bois au tirage au sort », peut-on lire dans le rapport.

Aucun impact biologique

Le MELCCFP poursuit qu’aucun impact biologique de la RTLB n’a été démontré et cette modalité a principalement eu un impact social.

« Même si le nombre de cerfs mâles vus par les chasseurs dans les zones RTLB n’a pas varié significativement durant l’expérimentation, un plus grand nombre d’entre eux se sont dits satisfaits à ce sujet dans les dernières années. Plus de la moitié des chasseurs demeurent toutefois insatisfaits. Même si la RTLB ne semble pas avoir répondu entièrement aux attentes de la majorité des chasseurs qui l’ont expérimentée en ce qui a trait au nombre de cerfs mâles vus, l’appui à la modalité n’a pas varié significativement dans le temps et est demeuré élevé, même dans la zone témoin (comparative) » poursuit le ministère.

Les chasseurs avaient une opinion sur la RTLB avant le début de l’expérience et elle n’a pas changé en expérimentant la modalité, selon le MELCCFP.

« Les conclusions de l’expérimentation concordent avec ce qui a été observé par les États du nord-est américain qui ont expérimenté une RTLB ».

Pas les résultats attendus

Selon les co-fondateurs de l’UPF, l’étude du ministère ne présente pas nécessairement les résultats tant attendus par la plupart des chasseurs.

Ces derniers demeurent sur leur faim en raison de la grande variabilité observée au cours de cette étude.

« De 2017 à 2019, l’amélioration de la ressource était tangible et l’effervescence des chasseurs à son maximum. Ensuite la dégradation s’est amorcée. À titre d’exemple, nous avons mené une étude qui a permis de faire de superbes observations. De 2011 à 2013 nous avons procédé à une caractérisation de la population de cerfs (densité) dans la zone de chasse 6 en Estrie sur environ 2,000 acres (parcelle échantillon de 10% d’environ 18 000 acres d’habitat forestier).  Avant l’instauration du RTLB il nous a été possible d’évaluer la population de cerfs mâles, femelle et faons de ce secteur et au cours de ce processus nous avons évalué qu’il s’y trouvait entre 3 à 8 mâles de 2,5 ans et plus. Suite à l’instauration du RTLB en 2017, nous avons procédé à la même étude sur ce territoire trois ans plus tard. Cela nous a permis de constater la présence moyenne de 24 cerfs mâles de 2,5 ans et plus, ce qui représente une augmentation notoire de cerfs matures dans ce secteur », explique Unis pour la faune.

Le tout a été confirmé par la très grande popularité de cette zone d’étude par des chasseurs qui provenaient de tous les coins de la province. Il n’y avait aucun doute qu’il s’agissait d’une méthode de gestion efficace et que la majorité des chasseurs jouissais de leur expérience de chasse.

(Photo courtoisie MFFP archives)

« Déjà en 2019, le projet avait dépassé nos attentes en présentant un ratio mâle/femelle de 1:2 et une structure d’âge grandement améliorée (41 % de mâle de 2.5 ans et plus). Par contre, il existe certains facteurs d’importance qui ont possiblement modifié le résultat final annoncé par les biologistes. L’hiver 2019-2020 a été très difficile pour les cerfs dans cette zone avec un taux élevé de mortalité particulièrement élevé chez les faons. Cela a été suivi par le COVID et les restrictions sanitaires qui ont créé une augmentation considérable de la vente des permis de chasse. Le nouveau « Plan de gestion 2020-2027 du cerf » du ministère est un autre facteur qui pourrait avoir modifié les résultats finaux de l’étude surtout avec la possibilité de récolter un 2ème cerf mâle dans la zone ou le projet d’étude était en cours depuis 3 ans déjà. L’instauration de l’enregistrement en ligne aurait aussi permise à certains chasseurs malveillants d’enfreindre la loi avec l’enregistrement d’un gibier dans une zone différente que celle il a été récolté. Somme tout, il demeure difficile malgré l’étude de définir exactement lequel de ces facteurs fût le plus nocif ou si cela serait une combinaison des trois », soutient Unis pour la faune.

Un franc succès

Quoiqu’il en soit, en 2019, le projet démontrait déjà un franc succès auprès des chasseurs et les chiffres n’étaient que le reflet de cet engouement.

« Outre le négatif que laisse prétendre la conclusion de cette étude, elle nous dévoile beaucoup de positif qui demeure dans l’ombre. La gestion sous la RTLB aura permis le contrôle de la densité, ce qui représente un exploit en soit surtout dans nos zones du sud du Québec et vient certainement éliminer cette crainte auprès des gestionnaires. L’âge des mâles récoltés est définitivement déplacé vers la strate de 2, 5 ans et plus, ce qui répond aux attentes des chasseurs. Ces bêtes mâles plus âgées sont plus volumineuses en poids, ce qui représente de la belle mise en valeur de la faune. Finalement, les chasseurs voulaient ce type de gestion et le désire encore autant, sinon plus, après l’expérimentation. Comme il apparait aucun élément négatif à cette étude, il ne devrait finalement plus avoir aucune crainte d’appliquer cette méthode ailleurs au Québec », estime Unis pour la Faune

Certaines réserves

Pour ma part, j’avoue ne pas être biologiste, mais j’éprouve certaines réserves surtout du fait que la RTLB aurait eu « aucun impact biologique sur le cerf » au cours des cinq années d’étude.

Un dossier certes à suivre!

Et cela, surtout que les statistiques de 2020 à 2022 démontrent clairement que la Zone 6 – Estrie s’avère toujours le « chef de fil » au niveau du succès de chasse sur le continent québécois et figure au deuxième rang pour la vente de permis de chasse au cerf.

Selon les dernières informations, le MELCCFP effectuera un sondage parmi les chasseurs de cerfs pour déterminer combien d’entre eux seraient pour ou contre l’instauration de la RTLB dans leur zone de chasse.

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