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Une journaliste intimidée par des élus

Marguerite Morin était affectée à Saint-Jean-de-Cherbourg, près de Matane
Marguerite Morin est journaliste pour Radio-Canada à la station Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. (Photo Facebook)

(Par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec- Section Est-du-Québec) Une journaliste de Radio-Canada a subi les foudres d’élus municipaux et de citoyens lors de la séance publique du conseil municipal de Saint-Jean-de-Cherbourg, près de Matane, le 3 avril dernier.

Marguerite Morin de la station Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine était affectée à couvrir une bisbille dans cette municipalité qui a été le théâtre de quelques démissions depuis le début de l’année, dont celle de la mairesse et de la directrice générale. 

Alors que la séance était bien entamée, des citoyens ont remarqué que la journaliste prenait des notes et enregistrait les discussions. Madame Morin s’est alors fait crier des injures, y compris par un conseiller municipal, prétextant qu’elle n’avait pas le droit d’enregistrer la séance publique. Des citoyens l’ont également prise à partie, la menaçant même de lui faire perdre son travail si elle persistait… à faire son travail !

Malgré les explications fournies par la journaliste selon lesquelles la loi permet aux professionnels de l’information d’enregistrer et de diffuser le contenu des échanges lors d’une séance publique d’un conseil municipal, les élus et certains citoyens lui ont demandé d’effacer l’enregistrement, soumettant même la théorie qu’elle ait été dépêchée sur place à la demande de l’ancienne directrice générale. 

Filmées, enregistrées et diffusées

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), section Est-du-Québec, tient à rappeler aux élus et aux citoyens de Saint-Jean-de-Cherbourg que les séances des conseils municipaux sont publiques et que, par conséquent, elles peuvent être filmées, enregistrées et diffusées.

Ainsi, toute tentative d’empêcher leur enregistrement et leur diffusion est un accroc à la liberté de la presse et un acte illégal. De plus, contrairement à ce qui a été mentionné par certains élus, un journaliste n’a pas à s’annoncer d’avance et n’a besoin d’aucune invitation pour se présenter à une séance publique.

La municipalité de Saint-Jean-de-Cherbourg. (Photo courtoisie Saint-Jean-de-Cherbourg)

La FPJQ somme donc le conseil municipal de Saint-Jean-de-Cherbourg de ne plus intimider les représentants de la presse et de les laisser faire leur travail.

« L’interdiction d’enregistrer une séance publique d’un conseil municipal va à l’encontre du droit du public à l’information, indique la présidente de la section Est-du-Québec de la FPJQ, Johanne Fournier. Les journalistes effectuent un travail essentiel en filmant les assemblées publiques. Leur rôle consiste à fournir aux citoyens tous les éléments d’information pertinents afin qu’ils puissent forger leur propre opinion. Les extraits vidéo et d’enregistrement des débats ainsi que de la période de questions font partie de ces éléments d’information. Les élus doivent se rappeler qu’ils ont un devoir de transparence à l’égard des contribuables et que les journalistes agissent comme les témoins de l’intérêt public. »

Déplorable en 2023

La FPJQ rappelle que, pour exercer leur rôle, les journalistes ont besoin non seulement de filmer et d’enregistrer les assemblées du conseil, mais aussi d’interviewer les élus et les citoyens de Saint-Jean-de-Cherbourg ainsi que d’avoir un libre accès aux employés municipaux et aux documents.

« S’en prendre à une journaliste dans une séance municipale publique est inacceptable et contraire aux principes démocratiques les plus élémentaires, s’est indigné Michaël Nguyen, le président de la FPJQ. Il est déplorable qu’en 2023, il soit encore nécessaire de rappeler le rôle des professionnels et professionnelles des médias qui sont les yeux et les oreilles du public. La majorité des citoyens n’ont pas le temps d’assister aux séances des conseils municipaux, la présence des journalistes est donc essentielle afin d’informer la population adéquatement sur les décisions qui les concernent. Les menaces et l’intimidation n’ont pas leur place en société, et pour le bien de la démocratie, les élus ont le devoir de donner l’exemple. »

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