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Lettre ouverte

Une radio pirate à Causapscal

L'histoire racontée par le journaliste Harold Michaud
L’équipement avait déjà servi à faire de la radio AM à Causapscal, dans les années 50. (Photo courtoisie Ville de Causapscal)

Nous sommes en 1972, à Causapscal. J’ai 14 ans et je me cherche une passion dans la vie. Je suis chez mon ami Pierre Paré, qui habite de l’autre côté de la rivière. Il me montre, dans un coin de sa maison, tout un système de communication pour faire de la radio.

C’est alors que mon ami me raconte l’histoire qui se cache derrière tout cet équipement qui a déjà servi à faire de la radio AM à Causapscal, dans les années 50. En fait, il s’agit d’une partie de l’équipement, l’autre ayant été saisie par la Gendarmerie royale du Canada, la GRC.

C’est que, voyez-vous, il s’agit d’une radio pirate que son père, Jean-Marc, avait mis sur pied avec l’aide d’autres complices spécialistes de l’électronique. Une radio qui diffusait sans permis du CRTC, tout juste après la messe du dimanche. Les gens montaient dans leur voiture et synchronisaient « Radio-Causapscal » sur la fréquence de la radio de Matane.

Les auditeurs pouvaient y entendre de la musique, la météo et quelques nouvelles brèves sur la vie des gens de Causapscal. Un petit local de la salle paroissiale servait de studio de fortune. Mais le plus impressionnant était le système de diffusion des ondes qu’avaient créé de toutes pièces ces pirates radiophoniques.

Être ingénieux

Pour ne pas être repérés, pas question d’ériger une antenne; il fallait alors être ingénieux. Des fils qui servaient de conducteurs avaient été enfouis devant la salle paroissiale et des « arrosoirs » balayaient les ondes AM sur tout le village au grand complet. Le son était d’une clarté sans pareil.

Mais l’expérience n’a pas duré très longtemps. Un vendeur de publicité de la station de radio de Matane, en concurrence directe, avait vite fait de découvrir l’audacieuse nouveauté lors d’une visite chez un commerçant de la place.

La Ville de Causapscal (Photo courtoisie Louis-Philippe Cusson Facebook)

Ne reculant devant rien pour assurer la survie de leur radio, nos pirates des ondes avaient commencé à vendre du temps d’antenne publicitaire, évidemment à moindre prix que celui offert par la radio privée matanaise.

Saisie des équipements

C’est alors que le stratagème a été mis au grand jour et que la GRC débarqua peu de temps après pour saisir une partie des équipements. C’était la fin d’une station de radio à Causapscal, une aventure qui n’aura duré que quelques semaines.

Voilà pour la petite histoire sur un média qui en a vu d’autres et qui refuse toujours de rendre l’antenne.

Quant à moi, grâce à mon ami, Pierre Paré, j’avais enfin trouvé ma passion… radiophonique.

Harold Michaud

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