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Geneviève Jeanson livre un message inspirant à la Place des Jeux

L'ancienne cycliste de haut niveau est aujourd'hui porte-parole de Sport'Aide
L’ex-cycliste olympique Geneviève Jeanson à la Place des Jeux mercredi à Rimouski (Photo journallesoir.ca – Pierre-Olivier Lefrançois)

La cycliste Geneviève Jeanson, aujourd’hui porte-parole de l’organisme Sport’Aide, était présente mercredi à la Place des Jeux au centre-ville de Rimouski pour une rencontre intime avec les citoyens portant sur l’importance d’une expérience sportive saine et harmonieuse dans la vie des jeunes athlètes.

L’ancienne athlète olympique souhaitait, par l’entremise de cette discussion informelle, promouvoir l’importance de l’entourage dans la vie sportive des jeunes et sensibiliser la population aux abus dans le monde du sport.

Un message d’espoir et de sensibilisation

Geneviève Jeanson a été victime de plusieurs abus de diverses natures commis par son ex-entraineur André Aubut. De la violence physique aux agressions sexuelles, la cycliste québécoise lutte depuis son adolescence contre les traumatismes de son passé, mais se tient aujourd’hui fièrement debout.

En plus de livrer un message d’espoir aux gens présents lors de la rencontre mercredi, Geneviève Jeanson a généreusement partagé son vécu afin d’aider à empêcher que des histoires comme la sienne se reproduisent.

Geneviève Jeanson lors du Grand Prix cycliste de Montréal, en 2003. (Photo La Presse Canadienne- achetée par Média Myroli Inc.)

« Le message que je veux passer, c’est surtout de s’écouter. Si les athlètes sentent que quelque chose cloche, c’est sûrement vrai. S’ils ne sont pas biens dans une situation et que leurs valeurs sont bafouées, ils devraient écouter leur cœur et aborder le problème avant que les choses ne s’empirent. Il ne faut pas minimiser ce que l’on ressent et surtout, il ne faut pas avoir peur de chercher de l’aide » mentionne-t-elle.

« Pendant longtemps, je me sentais salie et je n’osais pas sortir de l’ombre avec mes problèmes. Je m’isolais et j’avais peur de ce qui allait m’arriver si je perdais. Je m’achetais du temps: une victoire m’achetais une couple d’heures avant qu’il n’y ait des conséquences physiques. Je savais que ce que mon entraineur me demandait était mal, mais je gardais ça pour moi parce que je n’avais pas d’exemple, pas de référent sur lequel me comparer. Beaucoup de victimes souffrent en silence par peur du jugement et c’est ce que je souhaite voir disparaître », ajoute-t-elle.

Sport’Aide, une ressource en or pour les athlètes

Bien qu’il reste encore beaucoup de travail d’éducation à faire au sein de la société, Geneviève Jeanson explique que les ressources sont nettement plus abondantes et appropriées aujourd’hui qu’elles ne l’étaient durant sa carrière sportive. Elle invite d’ailleurs les parents ou toutes les personnes de l’entourage des jeunes sportifs à rester à l’affût des incidents déplacés et à demeurer attentifs aux moindres changements de comportement chez les athlètes de leur famille.

« Des ressources comme Sport’Aide, il n’y en avait pas quand j’ai subi les abus de mon entraineur. À un certain degré, ce que j’ai vécu, c’était considéré normal dans le milieu, c’était pour me rendre plus tough. Comme les ressources existent maintenant, c’est important de faire de l’éducation et de la prévention. Il faut arrêter de regarder ailleurs quand on est témoins de choses déplacées », commente-t-elle.

« Je me suis souvent demandée pourquoi ça m’est arrivé. Il n’y a pas de réponse à cela. En tant qu’athlète, la validation vient par les résultats. Quand on n’atteint pas nos objectifs, on peut devenir vulnérable et penser qu’on déçoit ceux qui nous entoure. À ce moment, on a besoin de l’opinion des autres. Quand l’opinion est celle de l’entraineur et que cette personne n’est pas bien dans sa tête, les abus commencent graduellement, les microviolences peuvent se changer en quelque chose de plus grave » ajoute la cycliste québécoise.

« Il faut rester alerte à ces signes-là et ne pas attendre que ça explose. Les parents, ou peu importe qui entourent ces jeunes, doivent rester vigilant aux moindres changements dans le comportement des athlètes et arrêter de croire que les choses vont se replacer toutes seules. Quand le plaisir n’est plus là, il y a nécessairement une source. Ce n’est peut être pas de l’abus, mais il faut creuser. C’est ça un sport sain et sécuritaire », renchérit-elle.

Un mouvement qui continue d’évoluer

Le directeur général de Sport’Aide Sylvain Croteau observe justement une mouvance sociale positive en ce qui à trait aux dénonciations dans le monde du sport, mais assure qu’il reste encore beaucoup de travail à faire.

« Il y a des gens qui nous ont contacté pendant les Jeux à Rimouski. C’est quelque chose que nous n’aurions pas vu auparavant. Les gens comprennent de plus en plus ce qui est acceptable ou non et il existe véritablement une volonté politique de faire changer les choses au Québec. Sport’Aide est unique au monde et fait en sorte que notre province est enviée partout sur la planète, mais il y a toujours un travail d’éducation à faire auprès des parents, des athlètes et des entraineurs. Par exemple, il faut arrêter de croire que les abus sont nécessairement d’une violence extrême, parce que 70% des violences commises dans le sport sont de nature psychologique », explique-t-il.

Sylvain Croteau, directeur général de Sport’Aide. (Photo journallesoir.ca – Pierre-Olivier Lefrançois)

Aujourd’hui, Geneviève Jeanson peut finalement affirmer qu’elle se sent en paix avec son passé.

« Je me sens bien. J’ai une vie heureuse et remplie, mais le travail continue. Parfois, il y a des trucs qui remontent et c’est normal, mais j’ai maintenant les outils qui me permettent de les gérer. »

En plus de la discussion publique à la Place des Jeux, Geneviève Jeanson et l’équipe de Sport’Aide ont rencontré des centaines de cyclistes et leurs entraineurs sur les différents sites d’hébergement des Jeux du Québec à Rimouski.

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