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Pointe-au-Père: Guy Caron ramène à l’ordre les opposants

« C'est un mensonge éhonté », a-t-il déclaré au sujet de la lettre contre le développement résidentiel
Un discours senti du maire de Rimouski (Photo journallesoir.ca)

Le maire de Rimouski Guy Caron qualifie de « mensongère » la lettre d’opinion déposée dans Le Devoir s’opposant au projet de développement résidentiel à Pointe-au-Père, une scène d’une rarissime émotivité pour une séance du conseil municipal.

Dans un discours senti et catégorique lundi soir à l’hôtel de ville, le maire a dénoncé les arguments erronés compris dans la lettre.

« On peut être en désaccord avec les positions qui sont prises, mais là où il faut s’arrêter, c’est au niveau de la désinformation volontaire », prononce d’entrée de jeu Guy Caron.

« Un mensonge éhonté »

Le maire a ensuite procédé à la lecture et à la réfutation de certaines citations présentes dans la lettre. En voici quelques exemples, que nous présenterons d’une manière scénaristique pour des raisons de compréhension:

LETTRE– L’administration de la Ville de Rimouski a annoncé qu’elle allait raser ce jardin d’Eden pour construire une banlieue d’une autre époque contenant 800 unités d’habitation et ainsi transformer notre pharmacopée forestière en un immense îlot de chaleur avec du gazon en monoculture, des maisons avec stationnement, de nouvelles rues.

GUY CARON – Il n’a jamais été question de raser ou de détruire la forêt. On l’a dit depuis le début: l’intention de la Ville dans un développement résidentiel est de minimiser l’impact sur les boisés et les milieux humides. (…) Alors de dire constamment qu’on va raser la forêt est un mensonge éhonté parce qu’il n’y a aucune démonstration d’intérêt de la Ville à faire une telle chose.

LETTRE– Ce projet immobilier ne comprendra aucun logement social ou communautaire.

GUY CARON – Personne ne le sait; vous ne le savez pas, je ne le sais pas non plus. Pourquoi? Parce que le plan concept qui sera élaboré selon ce que les gens ont dit vouloir y voir dans les consultations et les ateliers n’est pas déposé. Il pourrait y avoir du logement social et communautaire, mais il n’y a plus de programme Accès Logis. On ne peut pas inventer du logement social et abordable parce qu’il n’y a plus de programme québécois pour ça. Il est faut de dire à l’heure actuelle qu’il n’y aura aucun logement de ce genre.

LETTRE– Tant et aussi longtemps que la majeure partie du parc locatif appartiendra au privé, la capacité des locataires à se loger convenablement sera toujours menacée. La construction de nouveaux logements est insuffisante pour remédier à la crise. Enfin, s’il est souhaitable d’augmenter le stock de logements disponibles dans plusieurs localités du Québec, les gouvernements et les administrations municipales doivent soutenir en priorité la construction de logements hors du marché privé.

GUY CARONCherry picking*. On est d’accord avec ça! Ce qu’on dit, c’est qu’il y aura une place où le développement privé doit se faire, mais ça ne peut pas être la seule solution. Vous savez qui d’autre dit ça? Le FRAPRU*.

*Cherry picking: Choisir seulement les arguments qui avantagent un groupe ou une personne.

*Le FRAPRU est un « regroupement québécois dont la mission est de promouvoir les droits sociaux, tout particulièrement le droit au logement ».

Un discours clair et éloquent du maire de Rimouski (Photo courtoisie Ville de Rimouski – Capture d’écran)

LETTRE– Le maire offre une majestueuse forêt magique à la demande des promoteurs privés qui bâtiront des logements hors de prix pour celles et ceux qui subissent le plus les crises immobilière et écologique.

GUY CARON – On ne sait pas à quoi va ressembler le projet. On ne sait pas quel prix il y aura. Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai eu 0 contact avec aucun développeur à ce sujet-là depuis même avant mon élection. À ma connaissance, le seul contact que la Ville de Rimouski a eu, c’est lorsqu’on a eu une réunion sur les parties prenantes, où on a fait une invitation en général à l’ensemble des développeurs pour venir discuter du projet, comme on l’a fait pour les environnementalistes, les groupes communautaires et la Chambre de commerce.

LETTRE– Une large majorité des personnes consultées ont exprimé leur désaccord lors des rencontres d’information et de consultation en ligne et une pétition de plus de 1100 noms a été déposée à la ville.

GUY CARON – Pour la consultation en ligne, on parle de 78% sur 132 personnes. Pas de 50 000 comme la population de Rimouski: 132. C’est clair que 78% des répondants vont dire non à affecter une forêt, je voterais moi-même probablement pour dire que je ne suis pas intéressé à le faire. S’il n’y avait pas une crise de l’habitation, on ne penserait même pas à ce projet-là. Si on regarde plus loin, dans les autres questions, les gens ont répondu que si le projet était pour voir le jour, ils veulent que ce soit plus dense et qu’il y ait une mixité résidentielle et commerciale. On entend tout ça: c’est ce qui va construire le plan concept qu’on va déposer cet automne!

Le district de Pointe-au-Père. (Photo: Google Maps)

Pour ce qui est de la pétition signée par 1100 personnes, le maire précise que sur l’ensemble des répondants, plus de 54% ne provenaient pas de Rimouski.

Guy Caron a terminé en réitérant que ce qui est avancé dans la lettre est de nature « spéculative » et se base sur des « inventions pures ».

Il ajoute finalement que les opposants n’ont « pas la même définition d’étalement urbain » que lui et ses collègues municipaux, considérant que le développement envisagé est situé à 6km du centre-ville et que seuls 12% des terrains de la Ville de Rimouski peut être exploité pour des projets résidentiels de ce genre.

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