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Recul des populations du caribou: l’activité humaine en cause

Il ne reste qu'entre 6160 et 7445 caribous forestiers au Québec
(Photo courtoisie UQAR)

Une étude publiée dans la revue Global Change Biology et menée par la chercheuse de l’UQAR Chloé Morineau montre que l’activité humaine est la cause principale de la diminution de l’aire de répartition du caribou forestier, une espèce en péril depuis 2002 au Canada et vulnérable depuis 2005 au Québec.

Le caribou se retrouve en situation de précarité dans l’Est-du-Québec et ce principalement en Gaspésie, alors que sa densité dans le Parc de la Gaspésie oscille encore autour de 34 bêtes.

Rappelons que le ministère de la Faune avait décidé en mars dernier de capturer et de placer en enclos de maternité les six femelles caribous montagnards du parc. Elles ont ensuite été relâchées au terme d’une opération dénuée de succès, puisque seule deux d’entre elles étaient en gestation.

Deux des six femelles en enclos de la Gaspésie étaient en gestation. Une d’elles est décédée d’une infection utérine après la mise bas d’un faon, qui n’a pas survécu, comme l’autre nouveau-né qui est aussi décédé après sa naissance. (Photo MFFPQ)

La récente recherche de la candidate au doctorat en biologie à l’UQAR Chloé Morineau laisse entendre que la situation est en voie de se détériorer.

« Nos travaux ont permis d’établir que les activités humaines, comme l’exploitation forestière, le développement des routes, l’agriculture et l’urbanisation, représentent la principale cause de la réduction de l’aire de répartition des caribous au Québec. En fait, les changements climatiques n’expliquent qu’environ 17% du recul vers le nord de l’aire de répartition depuis 1850 », explique la chercheuse.

Prise de conscience

Martin-Hugues St-Laurent, le professeur qui a dirigé l’étude, estime que les aboutissants de la recherche doivent mener à une prise de conscience.

« Elle met en évidence l’importance de prendre en compte à la fois les facteurs humains et climatiques lors de la planification de mesures de conservation pour les espèces en danger. Elle souligne également l’importance de tenir compte des données historiques sur les aires de répartition dans les modèles de projection des futures répartitions, en particulier pour les espèces en danger. »

Photo courtoisie Pierre Pouliot

Réintroduire, est-ce possible?

Questionné sur la faisabilité de réintroduire le caribou dans des habitats où sa population est décimée, Monsieur St-Laurent se montre optimiste.

« À partir où la science est capable de témoigner du réalisme de la chose, ce qu’il reste à faire c’est une question de leadership et de moyens. On a été capable de faire voler des hélicoptères sur Mars, alors on doit être capable de réintroduire des caribous dans des habitats. On pourrait effectivement générer des corridors là où le caribou n’est pas présent. Imaginez des efforts de restauration des habitats pour reconnecter les secteurs interrompus. L’idée n’est pas de réintroduire des pochettes de caribous à des endroits précis au Sud comme au Maine ou à Halifax, parce que c’est un investissement risqué, mais plutôt de dérouler la restauration d’habitats vers le Sud et de reconnecter en tablant sur des pôles forts. »

En plus de Chloé Morineau, l’équipe de recherche était également constituée de Yan Boulanger du Centre de foresterie des Laurentides rattaché au ministère Ressources naturelles Canada, du professeur Philippe Gachon de l’Université du Québec à Montréal, de Sabrina Plante du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs et du professeur St-Laurent de l’UQAR, un spécialiste de la grande faune qui a coordonné l’étude. 

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