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Rémunération des travailleurs sylvicoles : le projet pilote prend fin

Il sera étendu à l’ensemble du Québec
Plutôt que la traditionnelle rémunération à forfait, le projet offre une rémunération à l’heure ainsi que des avantages sociaux aux travailleurs sylvicoles.

Le projet pilote de trois ans sur la rémunération des travailleurs sylvicoles mené au Bas-Saint-Laurent se termine avec la fin de la saison 2023 et déjà les démarches sont en cours pour que le projet devienne permanent et soit étendu à l’ensemble du Québec.

Plutôt que la traditionnelle rémunération à forfait, le projet offre une rémunération à l’heure ainsi que des avantages sociaux aux travailleurs sylvicoles qui n’ont aucun salaire de base dans les autres régions du Québec.

L’objectif est de maintenir l’attractivité et la compétitivité du métier d’ouvrier forestier, dans un contexte où le recrutement et la rétention sont de plus en plus difficiles et la main-d’œuvre, vieillissante.

« C’est très positif. Quand on regarde l’ensemble des commentaires émis par les travailleurs, on constate un très haut niveau de satisfaction par rapport au projet. On peut dire que l’expérience est maintenant rendue à maturité après trois ans», commente le conseiller stratégique à la Fédération des groupements forestiers du Bas-Saint-Laurent, Luc Lavoie.

Selon lui, les travailleurs rencontrés par Myra-Chantal Faber, psychosociologue consultante pour le Conseil régional de développement (CRD) du Bas-Saint-Laurent, sont très positifs et quand on leur demande quelles seraient les améliorations à apporter, ils ne parlent plus de rémunération, mais de problèmes liés au travail sur le terrain 

Sentiment de sécurité

De manière générale, les résultats démontrent un taux de satisfaction très élevé des ouvriers forestiers envers ces nouveaux modes de rémunération et ces avantages sociaux.

Ils apprécient le sentiment de sécurité que procure la rémunération de base dans les terrains difficiles et l’augmentation de leur qualité de vie au travail grâce aux avantages sociaux.

De manière générale, les résultats démontrent un taux de satisfaction très élevé des ouvriers forestiers.

« Assurer une relève en aménagement forestier passe non seulement par la valorisation du métier, mais surtout par l’amélioration des conditions de travail. Je suis fier d’être ouvrier forestier et je souhaite que ce projet se poursuive dans la région et se développe ailleurs au Québec. Nous méritons des conditions qui reconnaissent la valeur de notre engagement envers la santé de nos forêts », commente l’ouvrier forestier, Serge Desrosiers, de Saint-Narcisse-de-Rimouski.

Trois formules de rémunération

Près de 100 travailleurs ont expérimenté trois formules distinctes de rémunération au cours des trois dernières années:

1. Ouvriers débutants : rémunération à taux horaire selon cinq échelons déterminés par le nombre d’années d’expérience et une prime au rendement pour ceux qui produisent plus que leur salaire horaire. Ils ne descendent jamais en bas du salaire qui leur est garanti.

2. Ouvriers expérimentés : rémunération composée d’une base salariale garantie qui était en 2022 de 23 $ de l’heure et d’une prime au rendement s’ils dépassaient ce salaire en production.

3. Ouvriers vétérans : rémunération à taux horaire établie selon l’historique de production des trois dernières années, mais avec un plancher à 20,77 $ de l’heure, assortie d’une prime au rendement.

En faire la norme

Le projet pilote est à ce point probant que les responsables espèrent que les mesures en place au Bas-Saint-Laurent depuis trois ans deviennent la norme et soient étendues à l’ensemble du Québec.

« On veut que nos mesures soient intégrées dans la grille des taux établie par le gouvernement. De cette façon, les mesures profiteraient à tous les travailleurs, partout au Québec. Nous avons déjà des discussions à cet effet avec le gouvernement et avec le Bureau de mise en marché des bois (BMMB) qui détermine les taux. Je sens une ouverture », indique Luc Lavoie.

Le président de la Fédération des groupements forestiers du Bas-Saint-Laurent, Pierre Sirois, estime qu’il est de notre devoir d’agir collectivement pour une meilleure rétention de main-d’œuvre et un recrutement efficace des ouvriers forestiers.

« En tant qu’employeurs, notre souhait est de favoriser le bien-être de ceux et celles qui nous permettent d’atteindre nos objectifs en matière d’aménagement forestier au Bas-Saint-Laurent et ainsi d’assurer le développement économique et la vitalité des différentes collectivités de la région », mentionne-t-il.

Le défi de la main-d’œuvre

La main-d’œuvre demeure le principal défi des prochaines années pour ce qui est des travailleurs sylvicoles. Pour la sylviculture, le bassin de main-d’œuvre local demeure vieillissant.

Près de 100 travailleurs ont expérimenté trois formules distinctes de rémunération au cours des trois dernières années.

Plusieurs approchent de la retraite et la relève n’est pas au rendez-vous. Les travailleurs expérimentés méritent d’avoir un salaire de base plus élevé qu’un débutant.

« En forêt publique, c’est de plus en plus complexe pour y œuvrer. Il va falloir revoir les modes de rémunération. On espère que le projet pilote qui s’est déroulé au Bas-Saint-Laurent sera étendu à l’ensemble du Québec et qu’une rémunération mixte va voir le jour en forêt publique et en forêt privée. Ça prend une stabilité avec un salaire de base assuré pour espérer recruter des jeunes », lance le directeur du Groupement forestier coopératif de la Baie-des-Chaleurs, Pierre-Luc Desjardins.

Aucune assurance

Même s’il se dit optimiste de voir le projet devenir permanent, Luc Lavoie précise que rien n’est assuré pour le moment.

« Ce serait vraiment catastrophique pour nos travailleurs s’ils devaient revenir à une rémunération uniquement au rendement sans salaire de base. Il faudra une alternative et l’alternative qu’on souhaite, c’est que ce soit intégré dans les taux. Ce n’est pas encore réglé. Il y a de l’ouverture. Le projet a fait ses preuves ».

« Fruit de la mobilisation exceptionnelle des partenaires en aménagement forestier, ce projet contribue au maintien et au développement de nos emplois. Il permet de répondre aux besoins de main-d’œuvre pour la réalisation de nos stratégies d’aménagement, favorisant ainsi le développement forestier de toute la région », souligne le président du CRD et préfet de la MRC des Basques, Bertin Denis.

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