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Réforme Dubé: la TROC s’inquiète de la centralisation en santé

Caroline Cimon-Dick, Émilie Saint-Pierre et Sonia Palato (Photo journallesoir.ca)

La Table régionale des organismes communautaires (TROC) du Bas-Saint-Laurent dénonce la « centralisation et le recul démocratique » liés à la réforme Dubé dans le système de santé et réclame une approche plus humaine dans le réseau.

Les changements énoncés dans le projet de loi 15 aboliront les CISSS et les CIUSSS pour les remplacer par une nouvelle instance centrale, soit l’agence Santé Québec.

« La réforme Dubé vise à changer la gouvernance pour opérer une plus grande centralisation et créer une société d’État qui va se voir octroyer le mandat de gérer le réseau. Le changement de structure ouvre toute grande la porte à la privatisation du réseau de la Santé », commente Émilie Saint-Pierre, coordonnatrice à la TROC du Bas-Saint-Laurent.

Émilie Saint-Pierre, coordonnatrice de la TROC (Photo journallesoir.ca)

La présence du privé dans le service de prise de rendez-vous Clic Santé inquiète notamment la TROC, tout comme les « refus du gouvernement de prioriser le système public ».

« Le patient peut payer pour avoir accès à des services plus rapides, ce qui accentue le système à deux vitesses. On a des craintes, parce que les partis d’opposition ont déposé des amendements pour demander au gouvernement de protéger notre système gratuit et universel, mais étant majoritaire, la CAQ a rejeté ces propositions. Des amendements demandant à ce que le gouvernement priorise les établissements publics ont aussi été rejetés », déplore Émilie Saint-Pierre.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé (Photo: courtoisie Cabinet du premier ministre)

L’impact sur les organismes communautaires

La coordonnatrice de la TROC se dit aussi préoccupée par l’avenir des organismes communautaires dans le réseau de la Santé.

« On craint d’être perçus comme des prestataires de service au détriment de notre rôle de transformation sociale. La réforme Dubé mise énormément sur les hôpitaux et très peu sur les services sociaux. Alors que le gouvernement priorise le curatif et non la prévention, on craint d’être utilisés pour palier les carences de l’État. Aussi, avec la réforme, on sait que le programme de financement des organismes communautaires en santé et services sociaux sera maintenu, mais on ne sait pas s’il sera régionalisé. Présentement, on interagit souvent avec le CISSS, on peut régler des enjeux locaux observés sur le terrain. On ne sait pas si on pourra continuer de jouer notre rôle d’interlocuteurs », s’inquiète Émilie Saint-Pierre.

Un « poids sur le dos des femmes »

Par ailleurs, selon Sonia Palato, agente de développement à la Table de concertation des groupes de femmes du Bas-Saint-Laurent, « l’association du gouvernement avec le privé en santé constitue un recul pour la société en matière de justice ».

« L’accessibilité universelle et non discriminatoire est un critère essentiel du droit à la santé, c’est reconnu par l’Organisation mondiale de la Santé. La privatisation et la perte d’accessibilité au système de santé ramènent le poids des soins sur le dos des femmes et nuisent à la santé des personnes déjà fragilisées. »

Consultation à Rimouski

Une consultation lancée par la Commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, se tiendra jeudi à 18h30 à l’Hôtel Rimouski. L’objectif sera d’identifier « les attentes et les préférences » de la population à l’égard du système de santé et de services sociaux.

« C’est tellement gros ce qui se passe présentement dans le système de santé, on s’est dit que c’était l’occasion parfaite d’interpeller la Commissaire publiquement pour lui faire part de nos préoccupations », conclut Émilie Saint-Pierre.

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