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Lettre ouverte

La valeur ajoutée de l’achat local

Lettre d'opinion de Guillaume Sirois
Des marcheurs sur la rue Saint-Germain Ouest (Photo journallesoir.ca)

À l’approche des Fêtes, nous sommes bombardés de plusieurs stimulus nous donnant des idées pour des cadeaux qui seront, nous l’espérons tous, appréciés par nos proches. Comment nous procéderons à ces achats peut avoir des répercussions énormes pour notre collectivité?

Alors que des campagnes d’achat local nous encourageront sans doute à prioriser nos marchands d’ici, il y a selon moi un aspect péjoratif à dire que nous encourageons l’achat local, comme si ça insinuait qu’on n’en avait pas pour notre argent et qu’on fait un certain sacrifice en achetant localement.

La réalité est tout autre et le consommateur qui prend cette décision en récolte une multitude d’avantages et plusieurs d’entre eux sont méconnus.

Des implications directes

Selon une récente étude[1] de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), de chaque dollar dépensé chez un petit détaillant, 0,66 $ reste dans l’économie locale comparativement à 0,08$ pour un achat effectué auprès d’un géant de la vente en ligne.

Au-delà de l’aspect monétaire très révélateur, je veux vous mentionner une particularité qui me tient à cœur : l’implication de nos entreprises d’ici dans des causes qui touchent directement les citoyens de nos communautés.

Toujours selon l’étude de la FCEI, la quasi-totalité des marchands locaux, soit 97% d’entre eux, redonne à leur communauté que ce soit en donnant des biens, du temps à des causes ou des commandites à des organisations caritatives.

Mais plus concrètement, ça veut dire quoi ? Soyons plus directs : je n’ai jamais vu de représentant d’un géant de la vente en ligne dans nos causes locales, mais j’ai vu une pléthore d’entrepreneurs d’ici appuyer des organisations qui les mobilisent.

Mireille Lechasseur du Château Blanc qui a contribué directement dans la campagne de Noël de l’Association du cancer de l’est du Québec, Marie-Lee Michaud de Michaud Automobiles qui s’implique avec la loterie de la Maison Marie-Élisabeth ou Jean-François Lévesque de la Maison d’Autos Fortier qui organise son Lave-O-Don annuellement pour la Fondation du centre hospitalier régional de Rimouski ne sont que la pointe de l’iceberg.

N’oublions pas non plus tout le dynamisme local que nos entrepreneurs d’ici apportent.

Sans un groupe de restaurateurs et de commerçants, notamment Tommy Cloutier de la Maison du Spaghetti et Yan Hallé de Yin Yan Sushi, nous n’aurions pas les incontournables Terrasses urbaines Cogeco tout comme la vision de Sébastien Noël de Yoga SAM nous a donné les Grandes Fêtes TELUS et toute la crédibilité et l’effervescence que ça apporte à notre belle région pour ne nommer que ces deux événements phares.

Contact humain et service personnalisé

Sans vouloir vous faire revivre de cauchemars, une donnée que nous avons réalisée durant la pandémie est que le contact humain est primordial pour notre bien-être.

Or, le contact humain est justement un avantage indéniable de l’achat local.

La relation de consommateur va bien au-delà du bien ou du service acquis : le conseil du disquaire qui connait vos goûts musicaux et qui sait que vous apprécierez le dernier album méconnu qui vient de sortir.

La serveuse de votre petit resto favori qui vous apporte un jus d’orange parce qu’elle sait que vous détestez le café ou le propriétaire de votre quincaillerie de prédilection qui vous demande comment se porte votre mère parce qu’il sait qu’elle a eu un enjeu de santé, c’est aussi ça l’achat local.

L’Anse-aux-Coques, un incontournable à Sainte-Luce depuis 1990. (Photo journallesoir.ca- Louise Ringuet)

On oublie vite, mais c’est justement l’absence de contact humain qui nous rendait dingues il n’y a pourtant pas si longtemps.

Les limites de la fiscalité municipale

Ce sujet complexe ne date pas d’hier et sera simplifié le plus possible. La Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette a reçu il y a quelques années le président de l’époque de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), M. Alexandre Cusson, qui avait bien expliqué au monde des affaires les limites fiscales auxquelles font face nos municipalités.

Prenons un exemple bien simple : en achetant une souffleuse d’un géant de la vente en ligne, vous paierez la TPS qui ira au gouvernement fédéral, la TVQ qui ira au gouvernement provincial, mais qu’en est-il des différentes municipalités ?

Le livreur utilisera pourtant les routes gérées par votre ville, vous mettrez la boite de carton contenant la souffleuse au recyclage qui est aussi administré par votre municipalité et celle-ci ne récoltera pratiquement rien pour cette gestion.

Même si certains transferts des paliers supérieurs sont distribués aux municipalités, le tout ne compense qu’en partie les besoins de ces dernières. C’est que nos municipalités sont essentiellement dépendantes de l’impôt foncier pour avoir leurs revenus d’opération.

Les marchands locaux paient cet impôt foncier puisqu’ils ont pignon sur rue, mais les géants de la vente en ligne paient cet impôt foncier là où se trouvent leurs entrepôts, donc principalement dans les grands centres.

Ce déséquilibre fait en sorte que tout achat fait auprès d’une entreprise locale participe directement aux services municipaux que vous obtenez ce qui n’est pas le cas en achetant à l’extérieur, ou à tout le moins, à une hauteur bien inférieure des besoins réels.

Achat local vs absence de technologie

Depuis tantôt que, pour des questions de simplicité, je mets en opposition l’achat local et les géants de la vente en ligne, mais je ne veux pas tomber dans le piège de supposer que l’achat local est dépourvu de technologie, c’est tout le contraire !

C’est fascinant de voir comment nos entreprises locales ont innové dans les dernières années et sont rendues avec des outils alimentés par la technologie qui font en sorte que l’achat local est bien plus accessible que la simple visite physique en magasin.

Par exemple, vous voulez offrir le dernier jeu de société qui fait fureur chez les jeunes ? Pourquoi ne pas aller sur le site du P’tit Futé, un marchand local propriété d’Amélie Poirier Gauthier et de Dave Bernier, deux entrepreneurs extrêmement impliqués ?

Pourrez-vous procéder à son achat, décider si vous allez passer le prendre après le travail ou si vous préférez qu’on vous le livre à votre porte? Vous avez une autre idée cadeau, mais l’item n’est disponible nulle part ?

Pouvez-vous recevoir un courriel automatisé à même leur site transactionnel lorsque l’item sera de nouveau accessible pour ne pas louper l’occasion de vous le procurer?

Vous êtes plutôt du type sportif et vous pensez comme moi qu’un nouveau bâton de golf va améliorer votre jeu, pourquoi ne pas l’acheter en ligne sur le site de la Boutique Horizon Golf, un autre marchand local ?

Une fois que vous vous apercevrez, comme moi, que ce n’est pas le bâton le problème, vous pourrez aller planifier une séance de perfectionnement avec le professionnel Jonathan Moreau directement en magasin.

Et en prévision de votre prochaine partie, pourquoi ne pas regarder les capsules de Catherine Lavoie sur la page Facebook de la boutique qui vous donnera d’excellents conseils mode question d’avoir au moins l’air beau quand vous raterez votre élan ? (Cette histoire est peut-être, ou pas, basée sur un fait vécu !)

Bref, la morale de cette histoire, c’est que la fausse croyance comme quoi un sacrifice est fait en achetant local est totalement fausse.

La disponibilité en ligne de nos marchands locaux n’a jamais été aussi grande donc ne nous servons pas de cette excuse pour donner notre argent à des multinationales qui ne réinvestissent que des peccadilles dans notre communauté.

Valeur ajoutée

J’espère que ce texte pourra au moins vous faire prendre conscience que le choix d’où acheter un bien peut avoir une incidence qui va au-delà de ce qui peut facilement être perçu initialement.

Nos marchands locaux vous offrent une valeur ajoutée exceptionnelle que ce soit en service-conseil direct, en implication dans des causes qui touchent des personnes d’ici, en services municipaux et en activités organisées par nos entrepreneurs et tout ça avec une multitude de moyens de faire nos achats avec eux que ce soit en magasin ou en ligne.

À propos de l’auteur

Guillaume Sirois a été président de la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette durant les années pandémiques et est actuellement gouverneur de cet OBNL. Il était aussi jusqu’à tout récemment un marchand local dans le domaine alimentaire.


[1] https://www.cfib-fcei.ca/fr/rapports-de-recherche/contribution-des-petits-detaillants-a-l-economie-locale

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