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Opinion citoyenne

L’anxiété et la génération Z

Rosalie Bélanger a posé des questions à des adolescents et enseignants

L’anxiété est une émotion que nous avons tous déjà ressentie, chacun à différents niveaux. Toutefois, la génération Z est statistiquement beaucoup plus atteinte par des troubles anxieux ou encore des dépressions.

Pourquoi est-ce que ma génération se retrouve dans cette situation ? Est-ce vrai que nous sommes réellement plus anxieux ou sommes-nous simplement plus sensibilisés ?

Ce sont des questions que j’ai posées à des adolescents entre douze et dix-sept ans mais aussi à des enseignants du primaire et du secondaire pour analyser plusieurs points de vue sur la situation.

Plus anxieux ou plus sensibilisés ?

J’ai un souvenir clair d’avoir eu plusieurs ateliers sur la gestion des émotions lorsque j’étais au primaire. On nous parlait aussi de techniques de respiration, nous faisions du yoga, il y avait déjà un grand encadrement pour nous.

Donc oui, il y avait de la sensibilisation pour l’anxiété. Toutefois, est-ce bel et bien cet encadrement qui fait en sorte que statistiquement ma génération est plus anxieuse ? Les avis sur la question sont très partagés.

« Nous sommes beaucoup plus encadrés et sensibilisés qu’au temps de nos parents, c’est normal que plus de gens puissent reconnaître leur anxiété. On n’est pas plus anxieux qu’avant ».

« Une grande pression est mise sur nos épaules. On doit trouver un bon travail, faire de grandes études, résoudre la crise climatique, faire face à l’inflation, la crise du logement, la Covid et tellement plus! C’est normal que l’on soit plus anxieux quand on voit toutes les causes ».

Une enseignante me disait qu’elle avait réellement vu une augmentation des cas d’anxiété dans sa classe dans les huit dernières années. Elle note que cela concorde avec une grande vague de popularité pour les réseaux sociaux.

D’autres m’ont beaucoup parlé de la COVID-19 comme un « déclencheur » ou une « exacerbation » de la vague d’anxiété de la génération Z, ces personnes nées entre 1997 et 2010, bien que les délimitations varient selon les définitions. Elle succède à la génération Y et précède la génération Alpha.

Dans tous les cas, tout le monde s’entend pour dire que peu importe si c’est à cause de la sensibilisation, de toutes sortes de facteurs anxiogènes importants ou un mélange des deux, la situation de la génération Z est extrêmement préoccupante.

Encadrement scolaire

La performance, je pense que c’est le facteur d’anxiété que l’on m’a nommé le plus souvent dans ma recherche, autant les enseignants que les élèves.

« On veut être parfaits dans tout ce que l’on entreprend, autant sur les réseaux sociaux qu’à l’école ou encore dans un loisir ! Il faut avoir l’air bien tout le temps, être nous-mêmes sans être agaçants, avoir de bonnes notes, c’est beaucoup trop ! »

Selon une enseignante au premier cycle du primaire, l’anxiété de performance débute dès un très jeune âge, se manifestant par la compétition.

Elle me racontait à quel point ses élèves étaient compétitifs, qu’ils voulaient toujours être les meilleurs dans tout, finir leur travail avant tous les autres, même qu’ils vont se dépêcher s’ils sentent qu’ils sont en retard.

C’est d’autant plus inquiétant quand on pense au fait que cela peut se poursuivre sur toute une vie si des mesures d’aide ne sont pas mises en place pour aider les gens aux prises avec de l’anxiété de performance. Mais est-ce que les jeunes trouvent que l’encadrement fourni au Paul-Hubert est suffisant ?

La plupart m’ont affirmé que plus d’aide serait appréciée pour du suivi. Certains m’ont mentionné être sur des listes d’attente depuis plusieurs mois afin d’avoir une consultation plus régulière avec des intervenants de l’école ou au privé. 

« Par contre, si on vit une urgence comme un crise d’anxiété, par exemple, les ressources sont là et ce sera possible d’obtenir de l’aide rapidement. Ça, c’est un beau point positif de notre école malgré le fait que ce ne sera jamais suffisant vu la quantité de personnes ayant besoin de rencontres avec des intervenants ou des travailleurs sociaux ».

Le fait d’avoir davantage de ressources d’aide aux élèves fait partie des demandes des enseignants dans leurs négociations en cours avec le gouvernement.

Cela pourrait permettre de réduire les listes d’attente et par le fait même aider énormément de jeunes qui ont un accès limité aux divers intervenants tels que des orthopédagogues ou des éducateurs spécialisés.

De plus, selon un enseignant, davantage de sensibilisation serait nécessaire pour mieux outiller ses élèves. 

Lâcher prise

S’il y a quelque chose que j’ai appris dans ma démarche, c’est que ce ne sont pas tous les jeunes qui vivent avec de l’anxiété.

Certains sont très détendus et sont capables de lâcher prise pour éviter de se créer des préoccupations alors que d’autres sont médicamentés pour faire face au quotidien ou encore sont suivis par des psychologues, des éducateurs spécialisés ou des travailleurs sociaux.

L’anxiété est quelque chose de variable d’une personne à une autre. 

N’hésitez pas à demander de l’aide si vous en ressentez le besoin, peu importe votre âge. Même si la génération Z est particulièrement impactée par l’anxiété, ça ne veut pas dire que les générations précédentes n’en vivent pas. 

Encore une fois, je tiens à remercier les enseignants et les élèves qui ont témoigné pour me permettre de rédiger mon article, même si je conserve l’anonymat des témoignages, vous vous reconnaîtrez ! 

Si ça ne va pas, des ressources existent. 

Permis celles-ci :

Tel Jeune (1800-263-2266), Info-Social 811, Aide et prévention du suicide (1866 APPELLE)

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