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Bilan 2023 : Doris Labonté laisse des souvenirs incommensurables

Rétrospective des nouvelles marquantes de la dernière année
Doris Labonté, lors de son hommage rendu le 8 avril 2022 au Colisée Financière Sun Life. (Photo courtoisie Iften Redjan-Folio Photo)

Le Journal Le Soir poursuit sa rétrospective des nouvelles manquantes de 2023. Après un peu plus de cinq ans de lutte contre un cancer des intestins, Doris Labonté est décédé le 1er juin dernier à l’âge de 69 ans.

Encore aujourd’hui, l’entraîneur le plus titré de l’histoire de l’Océanic laisse des souvenirs incommensurables dans les cœurs des partisans de l’équipe de toute une région.

Il avait fait savoir, deux semaines plutôt, qu’il cessait ses traitements au terme de nombreuses interventions par son équipe médicale.

Doris a connu une longue carrière dans la LHJMQ, notamment pendant une douzaine d’années (de 1995 à 2007) avec l’équipe de sa ville, l’Océanic, qu’il a grandement contribué à mettre sur pied, notamment avec Maurice Tanguay. Il a occupé les postes de directeur-gérant et d’entraineur-chef.

Il a été au cœur de la croissance rapide de l’équipe. En 2000, il a mené son club à la conquête de la Coupe Memorial après celles du Trophée Jean-Rougeau et de la Coupe du Président. En 2005, son équipe a aussi gagné les championnats de la saison et des séries. 

Au fil de son association avec l’Océanic, Doris a développé des liens solides avec quelques-uns des plus grands joueurs de l’équipe, notamment Vincent Lecavalier, Brad Richards et Sidney Crosby.

Doris Labonté et sa conjointe, Martine Morrissette, entourent Sidney Crosby. (Photo courtoisie Doris Labonté)

Le 8 avril 2022, l’Océanic lui avait rendu l’ultime hommage de l’introniser dans son club des immortels lors d’une cérémonie émotive qui avait été précédemment reportée à quelques reprises.

L’image saisissait, le 18 juin, comme l’entraîneur-chef coloré qu’il a toujours été avec l’Océanic. L’urne de Doris Labonté a été présentée au public en chapelle ardente, devant le banc où il a vécu certaines de ses plus belles émotions au Colisée Financière Sun Life.

Plus de 700 personnes ont défilé pour lui rendre un dernier hommage et transmettre leurs condoléances aux membres de sa famille présents, dont sa conjointe, Martine Morissette.

En collaboration avec la Coopérative funéraire du Bas-Saint-Laurent, l’Océanic souhaitait un moment de grâce à l’image de ce que le Canadien de Montréal a offert à Maurice Richard, Jean Béliveau et Guy Lafleur.

Puisque Doris Labonté ne désirait pas de service funéraire, ses proches avaient accueilli des centaines d’amis, de collègues, d’anciens joueurs et membres de la communauté rimouskoise, la veille, au Mausolée Élisabeth-Turgeon des Jardins commémoratifs Saint-Germain.

Les gens ont défilé devant l’urne et la photo de Doris Labonté. (Photo journallesoir.ca)

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Doris Labonté nous a quittés après avoir lutté contre un cancer diagnostiqué le 5 février 2018. Huit jours avant son décès, il m’a accordé une dernière entrevue à l’occasion d’un petit déjeuner. L’utilisation de son prénom dans ce texte se veut naturelle et tout à fait normale dans les circonstances.

Par René Alary

On a jasé de sa maladie, celle qu’il a combattue du mieux qu’il a pu jusqu’à sa décision de cesser ses traitements au début du mois de mai.

« Le cancer travaille encore, je n’ai plus de soins, mais de la médication pour calmer la douleur. De toute façon, ça fait trois ans que je sais qu’on ne peut pas arrêter ce cancer, que je ne peux pas le battre, qu’on peut juste lui faire mal », a-t-il raconté.

Comme le font souvent les artistes, Doris a partagé les dernières années de sa vie avec son public, à savoir les partisans de l’équipe qui l’appréciaient et se reconnaissaient dans sa fougue derrière le banc. C’était tout naturel pour lui.

« Je n’étais pas obligé de le faire. Mais, je voulais le dire les gens de la région. Je savais qu’ils s’informaient de moi. Ils savaient que j’étais malade et la situation avait évolué dans le mauvais sens », explique-t-il.

Océanic jusqu’à la fin

Après avoir pris sa retraite à la fin de la saison 2006-2007, Doris est demeuré très intéressé par l’Océanic. On l’a revu assez régulièrement au Colisée, notamment au cours de la dernière saison. 

« Je rêve encore à l’Océanic des fois. Ç’a tellement fait partie de moi que je ne peux pas m’en dissocier », dit-il.

Doris Labonté derrière le banc de l’Océanic. À ses côtés, son adjoint Donald Dufresne. (photo : gracieuseté – L’Océanic)

De sa vie consacrée au hockey, ce qu’il a apporté à l’Océanic représente son plus bel héritage.  

« Je suis très fier de l’héritage qu’on a laissé, en pensant à Monsieur Tanguay. C’était lui le grand patron.  Je pense aux gens qu’on a formés comme joueurs de hockey et comme individus. On a été huit ans à travailler ensemble. Ma bannière au Colisée me fait tellement plaisir, c’est une belle reconnaissance », mentionne-t-il en référence à la grande soirée hommage que l’équipe lui a rendue le 8 avril 2022.

Le temps de la récompense

Après avoir grandement contribué à la fondation de l’équipe à partir de 1995, il est demeuré attacher à elle jusqu’à la fin.

S’il s’est rangé derrière les décisions de la direction hockey dans les dernières années avec des transactions touchant quelques-uns des meilleurs joueurs, il estime que le temps est venu pour les partisans d’être récompensé.

« L’équipe est due pour en donner à son public. La dernière fois qu’elle a gagné, c’est en 2015. Depuis, ils ont dit aux gens qu’ils allaient reporter la prochaine fois à plus loin, soit 2025. Je pense qu’il faut et qu’ils vont maintenir leur promesse. J’ai beaucoup confiance au grand patron, Alexandre Tanguay, pour ramener l’équipe au top niveau. »

Doris Labonté, célébrant la Coupe Memorial gagnée en 2000 avec l’Océanic. (Photo courtoisie Doris Labonté)

Il comprend les amateurs. « Les partisans sont prêts à embarquer. Il faut leur faire plaisir sur la glace. Ce n’était pas facile aux Fêtes de voir partir le meilleur pointeur de l’équipe, le meilleur défenseur et le capitaine pour des choix de repêchage. C’est en demander beaucoup aux gens », dit-il en parlant de Frédéric Brunet.

Temple de la renommée

L’Océanic a eu l’occasion, en avril 2022, de lui rendre un ultime hommage de son vivant en l’intronisant dans son Club des immortels. Sa bannière est maintenant près de celle de son mentor, Maurice Tanguay. 

À quelques reprises dans les dernières années, j’ai évoqué que Doris devrait être considéré pour le Temple de la renommée de la LHJMQ.

Il a été le premier entraîneur adjoint à temps plein dans le circuit quand il a quitté Rimouski pour travailler avec les Cataractes de Shawinigan en 1986. Pour un salaire annuel de quelques milliers de dollars. Neuf ans plus tard, il a été un acteur important dans la mise en place de l’Océanic. Visiblement, ça n’a pas suffi à convaincre les décideurs.

Doris avoue y avoir songé. « J’y ai pensé, c’est au comité de sélection de décider », se limite-t-il à dire avec, visiblement, un peu de déception dans sa voix. 

Doris Labonté, lors du défilé des conquêtes de la coupe du Président et de la coupe Memorial, en 2000. (Photo courtoisie L’Océanic)

Rappelons aussi que le 7 octobre 2021, Doris a été honoré lors de la première cérémonie de reconnaissance citoyenne de la Ville de Rimouski. Il était au nombre des récipiendaires dans la catégorie Ambassadeur. 

Des mercis

En terminant notre entretien, il avait des remerciements à adresser.

« Il y a beaucoup de monde, mais je retiens ceux qui m’ont ouvert la porte du junior majeur en Jacques Grégoire et ça s’est poursuivi avec Gaston Drapeau qui m’a ramené dans la ligue à Chicoutimi. Il y a également Guy Chouinard. Et l’Océanic est arrivé alors que j’avais plus de bagages. Je savais que je pouvais contribuer et j’ai donné tout ce que j’avais avec l’appui de monsieur Tanguay. »

« Sur un plan plus personnel, je remercie Martine (Morissette) qui s’occupe de plein de choses pour me faciliter la vie ainsi que tous les médecins qui se sont occupés de moi. Je suis passé par plusieurs spécialités à l’hôpital. Je peux dire une chose, j’ai été très bien traité tout le long du processus. »

Repose en paix, Doris.

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