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Lettre ouverte

Décès d’une dame : la lenteur du « système » dénoncé

Lettre ouverte de Diane Saint-Pierre de Rimouski

Ma mère est morte le 14 mars dernier, à 11h. Elle était prisonnière de ses jambes, avait une insuffisance cardiaque et bien des malaises. Je vais déplorer, le reste de mes jours, la lenteur du système de santé, qui ne s’est pas aperçu qu’une personne avait besoin de plus de soins.

Depuis le jour où nous sommes allés chercher de l’aide pour notre mère à un CLSC, il y a plusieurs années, le personnel médical n’a pas cessé de trouver des moyens de garder ma mère chez elle.

Je comprends cela. Je suis une préposée aux bénéficiaires à la retraite. C’est ce qu’on nous apprend dans notre formation, de prioriser la personne âgée à rester à la maison. Mais jusqu’à quel point cela devient-il de l’acharnement? Voilà mon questionnement.

Quant à ma mère, qui n’a cessé de faire des allers-retours à l’hôpital à la suite de chutes, le fait de tout faire pour la laisser chez elle l’aura privé de soins plus appropriés et d’une meilleure qualité de vie.

Chaque fois qu’elle tombait et qu’elle se ramassait à l’hôpital, le « système » n’hésitait pas. On lui disait de retourner chez elle.

II en a fallu du temps, « au système », pour comprendre que l’état de ma mère nécessitait des soins spécifiques et mieux adaptés.

À chaque sortie de l’hôpital, on l’a renvoyait dans la solitude, seule à prendre soin d’elle difficilement.

Franchement discutable

L’analyse des professionnels de la santé, ces décideurs pour la vie des gens, est franchement discutable.

Ma mère s’est promenée d’une résidence à l’autre, au cours des dernières années, pour enfin avoir le droit, que dis-je, l’occasion de se mériter une place en CHSLD.

Cependant, ma mère souffrait d’une insuffisance cardiaque. Selon un cardiologue, elle en avait que pour un an à vivre.

Après avoir passé trois semaines à l’hôpital à attendre une place dans cet endroit si inatteignable, les décideurs l’ont quand même transféré en CHSLD. Deux semaines plus tard, elle décédait.

Je me souviendrais toujours ce que maman m’a dit en entrant au CHSLD. « C’est ici que j’aurais dû venir et ça depuis longtemps ».

Est-ce que ces « décideurs » ont une petite idée du bonheur que ma mère aurait vécu à se faire dorloter par des préposés formidables et à participer à des activités tous les jours?

Ma mère aura eu droit à deux semaines seulement. Les « décideurs » l’ont fait sortir de l’hôpital parce qu’ils faillaient libérer son lit pour quelqu’un d’autre. Les hôpitaux, c’est ainsi que ça fonctionne.

Des actions inutiles

On est tous à la merci de ces « décideurs » qui croient tout connaître et avoir tous les droits, mais le « système » a ses limites. L’hôpital n’aurait pas pu la garder, sachant à quel point elle en avait pas pour longtemps? Non, « les décideurs » l’ont renvoyé pour avoir un lit de disponible.

Pourtant, à l’hôpital, ils ont des chambres de soins palliatifs. Je le sais, puisque six ans plus tôt, mon père a eu ce droit. Tout aurait été plus simple pour ma mère ainsi que ma famille.

Et comme si ce n’était pas suffisant, ma mère a eu droit a une infirmière « zélée » lors de ses soins de fin de vie.

Ma mère avait fait la demande, en bonne et due forme, verbale et écrite, ne pas avoir d’acharnement en fin de vie.

Pourquoi l’infirmière en charge n’a pas fait son travail et a refusé d’augmenter sa médication, d’accélérer le protocole quand la famille l’a demandé après un essai de trois perfusions différentes de calmants, qui n’agissaient pas sur elle ?

Pendant que ma mère râlait, trois heures avant de mourir, que la famille demandait de lui donner une médication plus forte, on s’est fait dire par cette infirmière que « d’éprouver de l’anxiété devant notre mère ne l’aiderait pas ».

Pire encore, cette infirmière a osé me dire que le personnel « ne cherchait pas à la tuer ». Ce n’est pas qu’un manque de professionnalisme, mais certainement un gros manque de bon sens.

Durant ces deux semaines en CHSLD, nous n’avons eu que de bons mots pour les employés et les travailleurs jusqu’à cette bévue impardonnable.

J’en veux au « système ». Il est temps pour moi de lâcher prise, puisque ma plainte ne changera rien. Avec le système de santé, plus ça change, plus c’est pareil!

Quant à ma mère, il me reste les souvenirs d’une femme extraordinaire.

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