À titre de délégué syndical, j’ai travaillé pour le retour de Radio-Canada dans l’Est-du-Québec. C’est avec l’appui des délégués syndicaux de Matane et Sept-Îles qu’une résolution a été adoptée par l’ensemble des délégués du Québec pour une demande de retour de Radio-Canada chez nous.
Le président du syndicat de l’époque, Alex Levasseur, de l’équipe du Téléjournal (TJ) en provenance de Québec, s’était abstenu de voter en faveur de cette proposition. Il souhaitait que le bulletin de nouvelles de 60 minutes demeure à Québec.
C’est que, voyez-vous, la direction de Radio-Canada n’avait au départ aucunement l’intention d’ouvrir une station pour couvrir nos trois régions, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et la Côte-Nord. Il aura fallu cette résolution du syndicat pour faire bouger les leaders de la région pour qu’ils revendiquent le retour de la SRC.
J’ai personnellement informé Mme Suzanne Tremblay, de la Coalition urgence rurale, et le maire de Rimouski de l’époque, Éric Forest pour qu’ils fassent pression sur Radio-Canada. On connaît la suite…
Or, il est également faux de prétendre que le climat de travail dans cette nouvelle station à Rimouski, construite dans un ancien St-Hubert et dirigée par un fervent mangeur de poulet Saint-Hubert, était de bonne qualité.
Bien au contraire, les journalistes et d’autres employés d’expérience ont presque tous quitté en même temps, parce que Radio-Canada voulait «se débarrasser des vieux».
Harcèlement
Notamment, le harcèlement de la part des responsables de l’affectation était fréquent et certains collègues ont sombré dans la dépression.Le sous-fifre des Conservateurs, Hubert T. Lacroix, a même affirmé lors de l’ouverture officielle, en pointant du doigt vicieusement un employé, que des vieux, ils n’en voulaient plus… La commande était claire!
Bref, non seulement il n’y a pas eu de transfert d’expertise, mais le bulletin de nouvelles télévisé de la SRC Est-du-Québec, de moins de 30 minutes maintenant, doit desservir trois grandes régions.
Un survol superficiel… Une aberration… Parlez-en aux citoyennes et citoyens habitués depuis des années aux plus hauts standards en matière de couverture de l’information régionale.
C’est grâce aux bons conseils de Ubald Bernard, du bureau du syndicat à Montréal, que j’ai pu sauver ma peau en acceptant un congé de préretraite.
Ah oui ! J’oubliais… Comme par hasard, un reportage élaboré que j’avais préparé sur les Opérations Dignité, pour l’émission « Tout le monde en parlait », avait été saboté lors de sa diffusion en provenance de… la station de Québec.
Voilà pour le rocambolesque de la chose.
Harold Michaud, journaliste indépendant, auteur et président de la Fondation Sandy-Burgess