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Lettre ouverte

Autoroute 20 : les résolutions alimentent la détermination

Lettre ouverte d'Éric Dubois de Trois-Pistoles
Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé. (Photo Facebook)

Cette semaine, le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, a fait entériner, en collaboration avec les députées de la CAQ, une résolution adoptée à l’unanimité des partis politiques, présents à l’Assemblée nationale, visait à faire du controversé projet de prolongement d’une « autoroute » à voies indivises entre Trois-Pistoles et le Bic, un projet « essentiel « pour le Québec. Rien de moins.

C’est ce même député qui affirmait en février dernier que cette route, pour la partie entre Rimouski et Mont-Joli, était dangereuse.

Il rappelait qu’entre 2004 et 2021, on a recensé plus de 1144 accidents, dont 24 mortels, dans un secteur d’à peine une cinquantaine de kilomètres entre le BIC à Rimouski et Mont-Joli.

Ces statistiques parlent d’elles-mêmes.

Allez savoir comment monsieur Bérubé peut réclamer comme essentiel le prolongement d’une route qu’il considère comme étant dangereuse. Probablement qu’il a senti l’occasion de faire un peu de capital politique sur un enjeu qui fait couler beaucoup d’encre dans le Bas-du-Fleuve depuis des lustres.

Ce ne serait pas la première contradiction dans le discours partisan et il ne serait pas le premier à faire ce genre de politique d’un autre temps.

Car ça fait longtemps qu’on fait miroiter de l’asphalte pour gagner des élections ici-bas. Ce projet de prolongement de la 20 est dans les promesses des politiciens de tous les partis confondus depuis 30 ans.

Après le parachèvement du tronçon entre Riviere-du-Loup-Trois-Pistoles, la population se languit de voir leurs infrastructures de transport s’améliorer.

Pas d’unanimité

Ils ont raison de le revendiquer. Il faut assurer que le territoire du Québec soit accessible via des infrastructures sécuritaires et efficaces.

Ce projet de prolongement de la 20 est devenu une espèce de panacée dans la bouche des politiciens. Pourtant le projet ne fait pas l’unanimité loin de là.

Il faut lire l’avis publié par le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent qui a pris position contre le prolongement de la 20, il y a quelques jours.

Apparemment, le député de Matane-Matapédia ne l’a pas pris en considération dans sa réflexion.

Rivière Trois-Pistoles (Source Bureau d’écologie appliquée / Émilie Beaulieu)

Le député Bérubé a raison de s’inquiéter de la dangerosité des tronçons actuels de l’autoroute 20 après Rivière-du-Loup. Les accidents se multiplient, principalement en raison des excès de vitesse qui sont fréquents sur cette route qui multiplie les risques d’accidents.

Prolonger cette route ne rendra pas cela plus sécuritaire.

Et la population régionale ne peut attendre encore 20 ans avant d’avoir des infrastructures routières sécuritaires et accessibles. De plus en plus des voies s’élèvent pour qu’on améliore l’actuelle route 132 sans plus attendre.

Cela permettrait assurément d’améliorer le bilan des accidents routiers qui font malheureusement chaque année des centaines de drames humains. C’est cette voie que les politiciens devraient prioriser.

Encore le bon choix

Et il faut aussi réfléchir si en 2024, une autoroute est le bon choix pour donner l’accès à un territoire. Si on a la prétention de combattre l’auto solo qui est identifiée comme l’une des causes principales des émissions de CO2, il faut sortir de cette logique autoroutière.

Comment croire les politiciens de la CAQ, du PQ, du PLQ ou de QS lorsqu’ils parlent d’environnement et de développement durable quand tout ce qu’ils ont à offrir aux citoyens de la région, c’est un semblant d’autoroute, qu’on construira une fois que les politiciens auront vidé la question de son capital politique ?

Les citoyens du Bas-Saint Laurent méritent le respect.

Qui portera la voix des citoyens des Trois-Pistoles qui s’inquiètent de voir ce projet se réaliser et briser encore un peu plus le fragile équilibre de cette communauté dévitalisée ?

La rivière des Trois-Pistoles (Photo Organisme des Bassins Versants du Nord-Est du Bas-Saint-Laurent)

Malheureusement, aucun parti politique à l’Assemblée nationale. Nous sommes à nouveau isolés. Isolés mais pas résignés.

Nous allons faire comme d’habitude. Nous mobiliser et résister. On l’a fait pour notre traversier et on a gagné. Et s’il faut aller se suspendre, comme l’a fait notre héros local Mikael Rioux pour sauver la rivière, et bien nous le ferons.

Envers et contre tous, pour l’avenir de notre communauté.

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