Aide sociale au Québec : une modernisation est nécessaire
51e Semaine de la dignité des personnes assistées socialesPour la 51e Semaine de la dignité des personnes assistées sociales du Québec, qui se déroule jusqu’à ce dimanche 12 mai 2024, Action Populaire Rimouski-Neigette et d’autres membres du Front commun des personnes assistées sociales dénoncent l’approche punitive du gouvernement Legault envers les personnes les plus vulnérables de notre société.
La ministre Chantal Rouleau s’est engagée à alléger certaines restrictions dans le système d’assistance sociale, qu’elle reconnaît comme étant « punitives », promettant de bientôt déposer une « réforme majeure » de la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles.
Mais au contraire, le dernier budget déposé par la CAQ laisse craindre qu’aucune mesure structurante ne soit mise en place pour régler les problèmes majeurs de l’aide sociale qui ont des effets dévastateurs.
« Le récent budget du Québec n’offre pratiquement rien aux personnes assistées sociales. On n’y perçoit rien en lien avec la promesse ambitieuse de la ministre Rouleau de moderniser la loi. », explique le coordonnateur d’Action Populaire Rimouski-Neigette, Michel Dubé.
En effet, l’aspect punitif de la loi le plus souvent évoqué par la ministre Rouleau concerne la limite mensuelle de 200$ de revenus de travail pour une personne seule.
La majorité des personnes assistées sociales se font couper 100% des gains de travail supplémentaires de la prestation du mois suivant. Le budget 2024-2025 prévoit qu’une personne assistée sociale puisse bientôt récupérer un maigre 10% de ses revenus de travail supplémentaires au 200$.
Améliorer les gains de travail permis
« En visite dans notre organisme en mai 2023, la ministre m’avait clairement réitéré sa volonté d’améliorer les gains de travail permis. Est-ce que l’ambition de la ministre Rouleau est freiné par les autres membre du Conseil des ministres? La mesure annoncée dans le dernier budget est loin d’améliorer la situation, c’est plutôt insultant », s’insurge Michel Dubé.
Rappelons que seules les personnes au Programme de revenu de base peuvent travailler davantage d’heures sans coupure ou avec une moindre coupure.
Lorsque le récent Programme de revenu de base a été mis en place, des améliorations importantes ont été apportées à certains des aspects les plus punitifs de la loi, notamment au niveau des revenus de travail et de la vie maritale.
En plus, ce nouveau programme offre des montants plus adéquats pour couvrir les besoins de base des prestataires.
Les organismes qui représentent les personnes assistées sociales veulent une réforme de l’aide sociale qui élargirait l’accès au Programme de revenu de base et qu’on l’utilise comme modèle pour transformer les autres programmes.
Une réforme qui date de 2005
« C’est dans un contexte de pénurie de logement, de pénurie de main d’œuvre, de forte inflation, d’arriver massive de personnes immigrantes et un taux d’assistance à son plus bas que l’examen de cette loi doit être faite. Le dernière réforme en profondeur de la loi date de 2005, il y a près de 20 ans », souligne Michel Dubé, qui participe à un comité d’échange et de réflexion créé par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité Sociale.
La 51e Semaine et la dignité des personnes assistées sociales du Québec se déroule avec le slogan « Pour un abat des restrictions punitives de l’aide sociale. »
Des actions sont prévues aux quatre coins du Québec, pour rappeler qu’avec de plus en plus de personnes qui ne mangent pas à leur faim ou qui dorment dans la rue, il faut des changements majeurs pour notre filet social, brisé depuis bien trop longtemps et encore plus par la CAQ.