Opinion > Lettre ouverte > Non à la vente du presbytère de la Paroisse Saint-Germain
Lettre ouverte

Non à la vente du presbytère de la Paroisse Saint-Germain

Lettre ouverte de Yvan Chouinard
Le presbytère est un immeuble ancestral de 3 étages en plein coeur de Rimouski. (Photo courtoisie Simon Bélanger, courtier VIA Capitale)

Le 25 juin 2024 été un jour triste pour moi, pour nous tous, je dirais, qui sommes des amis(es) de notre patrimoine et de l’œuvre de nos aïeux. La Ville de Rimouski a fait voter par le conseil municipal sa volonté d’acquérir le terrain de la place des Vétérans, la rue des Marguilliers et le presbytère appartenant à la Paroisse Saint-Germain de Rimouski.

Je tiens à féliciter les deux conseillers en opposition avec cette décision. Il s’agit de monsieur Sébastien Bolduc et de monsieur Grégory Thorez.

L’argumentaire avancé par Bolduc était basé sur la gestion par la ville de ses biens immobiliers non utilisés par rapport à l’acquisition d’autres édifices municipaux.

Si ce n’était que cela. Rassembler dans un même endroit les groupes du domaine de la culture et du social est une bonne idée en soi, mais le problème est à mon avis double.

D’abord, cette acquisition du terrain de la Place des Vétérans, de la rue des Marguilliers et du presbytère sonne le glas de la Paroisse Saint-Germain de Rimouski dont les premiers registres datent des années 1700.

C’est d’une gravité sans nom si on se réfère à la volonté exprimée par beaucoup de gens touchant la conservation de notre patrimoine. Qu’y a-t-il de plus patrimonial que cette paroisse mère de notre ville, de notre région et même de tout l’est du Québec ?

On argumentera qu’un bureau sera réservé dans le presbytère pour la Fabrique de la paroisse Saint-Germain. On nous prend pour qui ?

Plus de paroisse Saint-Germain

Le terrain occupé par la cathédrale elle-même, et délimité par les pierres et le mortier de sa fondation, constituera alors la superficie de la paroisse Saint-Germain de Rimouski. La réalité sera qu’il n’y aura plus de paroisse Saint-Germain, point à la ligne.

Qui peut encore en être dupe? Et qui peut y voir un avenir pour notre Cathédrale ?

Ensuite, cela soulève toute la problématique du « gonflement » de l’état tentaculaire que devient notre ville. En effet, une question fondamentale se pose. Est-ce qu’on veut augmenter les taxes indéfiniment pour que des fonctionnaires gèrent tous les aspects de notre vie ?

Par exemple, dans le cas qui nous intéresse ici : « On passerait de la dîme aux taxes municipales ». N’y aurait-il pas lieu de laisser de l’espace pour d’autres regroupements et ainsi leur permettre l’initiative, dans notre patelin.

Toutes ces expansions de la Ville commandent des règlements qui exigent l’emploi de plus en plus de personnes qui se doivent de les appliquer à la lettre et, de ce fait, obliger à l’emploi d’autres fonctionnaires requis pour démêler le tout, ceci créant d’autres règlements.

Et la machine est partie pour gonfler indéfiniment, je dirais même à la limite, à enCUBAniser l’ensemble. Nous ne sommes pas précurseurs en la matière. On le voit et on le vit tellement dans notre société actuelle. Espérons-le.

Également, et cela est quand même difficile à soulever, il ne faudrait pas non plus que de NOVARIUM on passe à PRESBYTARIUM.

Le presbytère Saint-Germain (Photo courtoisie Simon Bélanger, courtier VIA Capitale)

Cette fois-ci, n’y aurait-il pas eu lieu de laisser cheminer, et de l’encourager, la formation d’un organisme (OBNL) prenant la relève du religieux pour conserver ce patrimoine si précieux ?

J’irais jusqu’à suggérer, et cela s’est déjà discuté, à cet OBNL de gérer la cathédrale, le presbytère ainsi que l’archevêché dans une optique de bien communautaire, culturel, éducationnel, touristique, avec une place certaine pour le religieux ?

Ainsi, les forces vives du milieu, les financiers, les spécialistes de la culture, du patrimoine, du tourisme, la ville, l’archevêché … pourraient amalgamer leurs forces et développer chacun leur spécialité dans ces lieux privilégiés.

Je suis convaincu que ce regroupement bouillonnant d’énergie pourrait amadouer ces espaces dans un esprit de prestige, de rassemblement et de fête. Le tout dédié à notre communauté.

Cheminement nébuleux

Il y a des ombres très visibles dans ce projet de changement de propriétés qu’il faut absolument mettre sur la table.

« Le boulanger ne vend pas son four pour payer les réparations de sa boutique »

Personnellement, j’ai toujours pensé que le presbytère constitue le « FOUR » de l’ensemble qu’est la cathédrale, le terrain et lui-même.

C’est le presbytère qui serait le moteur d’accueil de la BUSINESS que constituerait l’ensemble géré par l’OBNL représentatif d’une vision pour ces lieux emblématiques. Je ne pense pas que la cathédrale seule puisse s’autosuffire.

Le presbytère Saint-Germain (Photo courtoisie Simon Bélanger, courtier VIA Capitale)

Même avec la Salle Saint-Germain en devenir, cela ne sera pas suffisant. Par contre, la location d’espaces dans le presbytère pourrait insuffler l’oxygène financier requis pour conserver un dynamisme certain pour l’ensemble.

Cela ajouterait également, à l’équipe de gestion, le développement de l’offre pour rentabiliser l’utilisation de la Cathédrale et du terrain de la paroisse.

La Ville, en voulant acquérir le presbytère et le terrain, exprime son besoin de lieux pour relocaliser des organismes. Je ne pense pas que si la Ville voulait louer 100 mètres carrés au centre d’achat le Carrefour de Rimouski, elle achèterait la bâtisse au complet !

Dans les faits, on y voit exprimé un besoin qui pourrait se traduire en termes de location plutôt que d’achat.

Dynamisme nouveau

Cet oxygène de créativité que serait l’OBNL résulterait, j’en suis convaincu, en un dynamisme nouveau à Rimouski et en un modèle certain pour les autres villes du Québec.

Il y a des gens qui sauraient prendre en main cette initiative prestigieuse et la composition du Conseil d’administration comme déjà prévue permettrait de tempérer les excès. Est-il encore temps de sauver notre patrimoine ?

Il faut ici rappeler que la Fabrique Saint-Germain, la vendeuse, navigue depuis plusieurs années dans l’illégalité par rapport à l’article 35 de la Loi des Fabriques qui exige une assemblée des paroissiens et des paroissiennes durant les deux derniers mois précédant la fin de son année financière de chaque an pour nommer les marguilliers et les marguillières.

Le presbytère Saint-Germain (Photo courtoisie Simon Bélanger, courtier VIA Capitale)

J’ai personnellement rappelé oralement et par écrit ce fait au président de la Fabrique, et je ne suis pas le seul, sans qu’il en résulte une conformité légale.

Ainsi, le presbytère sera vendu sans que les propriétaires des lieux, les paroissiens et les paroissiennes de la paroisse Saint-Germain, soient consultés !

Il y a de quoi s’interroger sérieusement sur la légalité de la transaction. Il y a de quoi s’interroger sur les responsabilités qui en découlent. Il y a de quoi s’interroger sur la conséquence pour la survie de la paroisse Saint-Germain de Rimouski. Il y a de quoi s’interroger sur la survie de la cathédrale quant à son rôle à venir.

La situation actuelle s’avère tellement dramatique, à mon point de vue, que je me suis senti obligé de la rappeler en écrivant ce texte.

Facebook Twitter Reddit