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Les petits bonheurs de LouLou

« Fanny » : être féministe, d’une génération à l’autre

Critique de la pièce présentée jusqu'au 17 août au Théâtre du Bic
« Fanny » met en vedette Marie-Thérèse Fortin et Dorianne Lens-Pitt (Photo courtoisie Benoît Ouellet)

Théâtre du Bic, avant-première de la pièce « Fanny ». Il était viscéral que j’y assiste. Comme un appel inné, l’impression de passer à côté de quelque chose si je n’y allais pas à ce moment précis. Le résumé de la pièce m’indique que ce sera une rencontre riche et bouleversante entre deux femmes. Mais ce ne fut pas que ça.

Mise en scène et produit pour la première fois au Québec par Marie-Hélène Gendreau et Hubert Lemire, Fanny, interprétée par Marie-Thérèse Fortin, mène une vie heureuse avec son amoureux de longue date, Dorian, joué par Jacques Laroche.

Le couple sans enfant décide d’accueillir une jeune étudiante universitaire.

Les prises de position d’Alice, incarnée par Doriane Lens-Pitt, remettent Fanny et Dorian en question. Tout est remis en question. La pièce met aussi en vedette Alexandra Gagné-Lavoie et François Louis Laurin.

J’ai des amies de toutes les générations avec qui j’ai les discussions profondes. Qui osent aborder des sujets vrais, sensibles, féministes, bouleversants, intuitifs, actuels. Celles entre les personnages de « Fanny » frappent l’imaginaire.

La femme est au coeur de la plume de l’autrice, Rébecca Déraspe. Au contact d’Alice, femme engagée qui bouscule les idées préconçues, les spectateurs assisteront à une transformation identitaire chez Fanny.

Les prises de position d’Alice (Dorianne Lens-Pitt) remettent Fanny (Marie-Thérèse Fortin) en question. (Photo courtoisie Benoît Ouellet)

En 1 h 40, des thèmes s’installent pour redéfinir sa vision du monde, ses pensées et ses prises de position souvent incompris, jugés, stigmatisés ou ignorés.

La pièce laisse croire que nous aurons un échange sur des convictions opposées.

Les 10 premières minutes… et la suite

Les 10 premières minutes me font rire, m’intriguent, me déstabilisent. Alice, une jeune étudiante adulte, arrive dans ce qui sera son nouveau milieu de vie pour ses études.

Pendant ces dix premières minutes, elle ne m’est pas sympathique du tout. Elle est brutale, franche, à tel point que c’est désagréable, malaisant, contraignant.

Toutefois, une énergie complice de l’admiration, de la sagesse, de la naïveté jusqu’à une clairvoyance déboussolante s’installent entre Alice et Fanny.

Je suis féministe. Oseriez-vous le dire, haut et fort, sans avoir peur d’être jugé? Sans paraître misandre ?

« Fanny » met en vedette Dorianne Lens-Pitt, Jacques Laroche et Marie-Thérèse Fortin. (Photo courtoisie)

Cette pièce m’a fait passer par toute une gamme d’émotions.

Je suis une femme. Je suis forte et sensible, réaliste et crédule, dotée d’une intelligence émotionnelle et de conviction. Ce qui me met en colère, c’est l’injustice.

La fierté d’être une femme, la peur d’être une femme, me réapproprier mon pouvoir, admettre que je peux facilement avoir des œillères pour me protéger de certaines réalités de notre société.

Générations d’hommes

Un parallèle incroyable entre deux générations d’hommes. Les acteurs de la pièce se déposent en second plan pour exposer la différence entre deux générations complètement distinctes. Mais sans avoir un impact fort sur le parcours de Fanny et Alice.

J’avais besoin de voir cette pièce pour me recentrer sur la femme que je suis, sur la vision du monde d’aujourd’hui et des jeunes qui arrivent dans nos vies, peu importe de quelle façon.

Marie-Thérèse Fortin passe son été au Bic dans la pièce « Fanny ». (Photo courtoisie)

Si j’observe la femme que j’étais à 22 ans et celle que je suis aujourd’hui, surtout celle que je serai dans 20 ans, est-ce que je vais me juger? Certainement pas, je vais être fière, humblement.

« Fanny », à voir jusqu’au 17 aout au Théatre du Bic.

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